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Paris gagnant

Par midi olympique
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Auteur de trois essais en deux matchs de phase finale, Taylor Paris a été le héros de l’accession agenaise en Top 14. Le canadien (22 ans, 12 sélections), qui affrontera la france lors de la prochaine coupe du monde, a un parcours pour le moins atypique. Rencontre.

C’est du recrutement « You tube », comme dirait Fabien Galthié. Taylor Paris avait joué à peine trois matchs de rugby à XV quand Agen a décidé de l’engager… après une journée de tests physiques et quelques éclats sur le circuit à VII avec le Canada. « C’est un joueur que nous avions remarqué, avec Philippe Sella, sur des vidéos de rugby à VII, explique le président agenais, Alain Tingaud. Philippe avait détecté l’énorme potentiel de ce petit Canadien. Aujourd’hui, il n’a que 22 ans et un bel avenir devant lui. » C’est ainsi qu’en mars 2013, Taylor Paris a pris l’avion de Glasgow, où il s’ennuyait ferme, pour être testé à Agen. Et signer un contrat espoirs quelques heures à peine après avoir posé le pied sur le sol agenais. « Je n’ai pas hésité une seconde, se remémore le joueur dans un français impeccable. J’avais seulement un an de contrat avec Glasgow et je jouais très peu. Ce n’était pas simple à gérer pour moi, sur le plan mental notamment. J’avais 19 ans, c’était la première fois que je quittais le Canada… Alors j’ai pensé que signer dans un club de deuxième division française me permettrait de gagner du temps de jeu. Et au final, ma saison à Glasgow était une bonne expérience : cela m’a montré que les choses ne sont pas toujours faciles.»

Je pars du principe que c’est une chance de faire ce métier et que c’est important de s’investir à 100 %. Mais c’est vrai que c’est peut-être trop parfois. J’ai du mal à me reposer, je l’avoue. Quand je ne fais rien, je cogite.»

Parce que jusque-là, Taylor Paris n’avait pas rencontré le moindre obstacle sur son (court) parcours rugbystique. Ancien joueur de hockey sur glace, « comme tout le monde au Canada », il avait débuté le rugby à 14 ans seulement, lors de son entrée au lycée. « Je me suis rendu compte qu’il y avait un chemin vers l’équipe nationale en jouant au rugby. Et j’ai vite été sélectionné à VII. » À 17 ans à peine. « C’était génial, on faisait des voyages à travers le monde entier. ça me manque encore aujourd’hui. » À 19 ans, le natif de Toronto devenait le plus jeune joueur sélectionné dans le XV canadien. Puis le plus jeune sélectionné pour une Coupe du monde alors qu’il s’envolait pour la Nouvelle-Zélande. Remarquable, même s’il n’a pas disputé un seul match durant ce Mondial. « Pour être honnête, je ne m’attendais pas à jouer quand je suis parti. Je crois que l’entraîneur m’avait amené pour que j’acquière de l’expérience. Au final, cette Coupe du monde m’a ouvert l’esprit. J’étais le petit jeune qu’il fallait couver et mes coéquipiers m’avaient beaucoup aidé, à l’image de Jamie Cudmore. » Le deuxième ligne clermontois se souvient très bien des débuts du jeune ailier : « Il était jeune et il avait envie de tout jouer tout le temps. C’est peut-être dû à sa formation à VII ! Mais il a beaucoup évolué, en termes de connaissance de jeu notamment. Son parcours aujourd’hui ne m’étonne pas. C’est un joueur très doué. »

Un pitbull extraterrestre

Pour Mathieu Blin, son manager, c’est même « un extraterrestre. Notre extraterrestre ». Anticipation, vitesse, timing… Taylor Paris est un joueur intelligent qui, malgré un physique ordinaire (1,80 m, 90 kg), sait jouer sur ses qualités pour se montrer décisif quand il le faut. À l’image des phases finales de Pro D2. Avec deux essais en demi-finale (dont un, d’anthologie, de 110 mètres) et un essai en finale, c’est lui qui a renvoyé le SUALG en Top 14. « J’ai juste couru. C’est le travail d’un ailier que de se proposer en attaque », commente-t-il modestement. Le Canadien, qui a entamé une formation de pompier au Passage d’Agen, n’est pas du genre à se taper sur le ventre. Meilleur marqueur agenais, il est aussi le troisième meilleur marqueur du Pro D2 avec douze essais inscrits. Un minimum pour lui, perfectionniste au-delà du raisonnable : « Quand nous réalisons des entretiens individuels, c’est le seul qui vient avec un cahier, raconte Blin. Il débat et note. Son approche du rugby est très professionnelle. Gigantesque, mais excessive. » Alain Tingaud ne dit pas le contraire : « Ne vous fiez pas à son allure angélique : Taylor est un pitbull ! Comme tous les joueurs, il aime gagner. Mais surtout, il déteste perdre. De la première minute à la dernière, il ne lâche rien. Jamais. » Jusqu’à l’entêtement. « Personne n’aime perdre, si ?, commente-t-il dans un sourire. Je suis le cadet d’une famille de quatre frères, et c’est toujours moi le mauvais perdant. » Une question de caractère. « Je suis un peu maniaque. J’ai besoin que les choses soient rangées et ordonnées, dans tous les aspects de ma vie. Sur le terrain aussi… Je pars du principe que c’est une chance de faire ce métier et que c’est important de s’investir à 100 %. D’ailleurs, le fait de m’être entraîné aux côtés de Louis Ludik, qui jouait avec nous l’an dernier, m’a conforté dans cette idée. C’est le joueur le plus pro que j’ai jamais rencontré… Mais c’est vrai que c’est peut-être trop parfois. J’ai du mal à me reposer, je l’avoue. Quand je ne fais rien, je cogite. »

Alors il court, tout le temps. Mais derrière quoi ? « Le plus haut niveau ! » C’est la raison pour laquelle il a choisi de prolonger deux saisons avec le SUALG en mai dernier, alors que des clubs anglais de haut rang l’avaient contacté. « Je voulais jouer en première division mais Agen a une place dans mon cœur. C’est le club qui m’a donné ma chance. Alors j’ai fait le pari qu’on allait monter en Top 14. J’ai eu de la chance… Vous imaginez qu’on a obtenu cette montée avec seulement un point de différence en deux matchs ? » Pari gagnant, pour le joueur et pour le club. « Nous voulions absolument le conserver, confirme son président. Il fait partie, avec Balès, Lamoulie ou Erbani, des jeunes qui tirent Agen vers le haut. D’ailleurs, je crois que nous avons été inspirés de le faire signer avant les phases finales parce que quelque chose me dit que nous aurions peut-être eu plus de mal après… » D’autant qu’à la fin de la saison prochaine, Taylor Paris bénéficiera du statut de Jiff.

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