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Fusion basque: ce qu’en disent les voisins...

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    Fusion basque: ce qu’en disent les voisins...
Publié le Mis à jour
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La fusion Basque entre Biarritz et Bayonne connaît des rebondissements quotidiens. La démission des présidents, la grogne des supporters ou des irrégularités dans les votes... Tout semble compliqué, pourtant l’objectif de cette fusion entre deux clubs légendaires du rugby français est simple : sauver le rugby professionnel dans le Pays basque. Dans tout cet imbroglio, on oublie trop facilement les clubs amateurs qui pullulent dans le comité de rugby Côte basque-Landes (soixante clubs). Nous avons donc donné la parole aux présidents des clubs de Bardos, d’Hendaye, d’Anglet, de Bidart et de Boucau-Tarnos, cinq clubs amateurs influents pour savoir ce qu’ils pensaient de la démission des deux présidents et de la fusion basque. Et le moins qu’on puisse dire c’est que les avis divergent.

Jean-Pierre Beaucoueste, président du Stade hendayais

« Nous, les clubs amateurs, sommes assez loin de tout ça. Après, si on regarde les problèmes économiques rencontrés par les deux clubs, on se dit qu’il ne peut plus y avoir deux clubs professionnels sur la Côte basque. Si on veut continuer à voir du rugby pro dans le coin, la fusion des deux clubs semble inévitable. Après, nous, au niveau amateur, nous avons été choqués d’entendre que le Biarritz olympique pouvait être relégué en Fédérale 3. En deux ans, ils nous pilleraient tous nos meilleurs joueurs pour retrouver la Fédérale 1. On a très peur que cela tue le rugby amateur dans le Pays basque. Le BO veut une équipe professionnelle, une équipe espoirs et une équipe réserve qui seraient composées des meilleurs joueurs du cru, au détriment des clubs amateurs. C’est donc paradoxal, si on veut continuer à voir du rugby pro dans le Pays basque, il faut absolument que cette fusion se fasse mais, malheureusement, elle risque de créer deux clubs amateurs (le Biarritz olympique et l’Aviron bayonnais en plus du club basque, N. D.L.R.) qui tueraient le rugby amateur dans le coin. De plus, certains imaginent que l’on pourrait en profiter pour récupérer des joueurs, mais les plus anciens préféreront mettre un terme à leur carrière et les espoirs signeront dans des clubs plus cotés, plus médiatisés. Cette fusion est indispensable pour le rugby professionnel, pas sûr que ce soit le cas pour les amateurs. »

Jeff Bradburn, président du Bidart Union Club

« Je pense que cette fusion, que je soutiens, se fera un jour ou l’autre pour des raisons économiques, même si ça traîne depuis pas mal d’années. La création d’une nouvelle équipe était un beau projet surtout pour les partenaires, mais il a échoué pour le moment car les deux clubs ont été victimes d’une très mauvaise communication. Ce qui est sûr c’est, que le Pays basque ne peut pas continuer ainsi avec deux équipes pros. Les supporters ne veulent pas entendre que la fusion est nécessaire, pourtant elle est logique pour la survie du rugby ici. Il faut que les écoles du rugby continuent à former des joueurs. Après, c’est sûr, il y aura la concurrence du jeu amateur. Mais si toutefois ce nouveau club existe, est-ce qu’il recrutera des jeunes ? Bayonne et Biarritz ont des équipes jeunes en Fédérale 3, mais recruter des Crabos ne sera pas possible il me semble. Ce projet est très mal préparé c’est pour cela qu’il reste difficile à mettre en place. Ce ne sont pas les supporters qui pourront décider mais ils restent quand même très importants au niveau du financement (achats de places, cartes de membre…). Cette décision revient aux partenaires. Par rapport aux démissions de Blanco et Mérin, ça se comprend : quand tu n’es pas soutenu dans ton projet, tu finis par claquer la porte. C’est une situation dramatique pour Serge… Je pense que le vote était préparé, et il ne l’a pas vu venir. Il n’y avait pas de communication entre lui et la Commission. Les médias se sont emparés de cette affaire, peut-être auraient-ils dû calmer le jeu par respect pour Blanco, resté sans aide pour son projet. Si demain j’ai des ennuis avec mon club, je vais essayer de discuter avec les gens autour de moi pour trouver une solution. »

Bernard Lataste, président de l’Anglet olympique

« Je connais très bien Blanco, j’étais dans la même école étant plus jeune et Mérin aussi, je travaille avec lui. Leur démission me paraît logique, je m’y attendais. Ils ne sont pas lâches mais désavoués. Il ne faut pas oublier que les deux clubs sont deux entreprises à la base. Quand on dirige deux SAS comme celles-ci, il faut tout faire pour les pérenniser, surtout si les dirigeants veulent les voir jouer au haut niveau. Les deux chefs d’entreprise étaient mal partis. Je n’aime pas parler de fusion car cela signifierait une perte d’identité des deux clubs, je préfère parler d’union, pour nommer ce consensus, ce regroupement intelligent et symbolique. Je pense qu’au lieu de se mélanger avec son voisin bayonnais, le Biarritz olympique aurait dû se sacrifier et sauver l’Aviron, tout d’abord parce que le club bayonnais est beaucoup plus supporté et puis parce que le stade Jean-Dauger est bien meilleur et mieux placé. Le BO aurait dû se mettre au service de Bayonne, au niveau de la gestion et de la logistique. Quand deux clubs sont en danger, il faut sauver le plus costaud. Ce sacrifice aurait dû se faire puisque de toute façon les deux clubs ne rejoueront jamais en Top 14. Ils auraient dû faire preuve de vigilance commerciale, c’est un impératif pour anticiper et prévoir ce genre de désagrément. Si cette union avait été faite plus tôt, cela aurait permis à d’autres clubs de gagner des places dans le classement. Mais il est trop tard désormais. Les supporters ne voient pas plus loin que le bout de leur nez aussi. Quand ils vont voir les joueurs au Stade de France, les Biarrots et les Bayonnais viennent représenter le Pays basque, quand ils sont ici ce sont les pires ennemis. C’est ridicule. Dans mon club, j’ai 180 employés, si je fais une connerie, c’est tout le monde que j’envoie au tapis. C’est donc une responsabilité de la part des dirigeants. Il fallait mieux communiquer au départ. »

José Foncias, président du Boucau-Tarnos Stade

« Les deux clubs ont un déficit important depuis 2013 et ça traîne. Je comprends Blanco et Mérin dans leur choix de quitter la présidence. C’est très difficile d’avancer quand tout le monde est contre vous. Je pense que c’est Nicolas Brice qui va reprendre les commandes du Biarritz olympique très prochainement. Cette histoire a fait partir beaucoup de joueurs qui sont pour la fusion comme très récemment Ugalde, qui s’en va à Brive ou encore Lesgourges à Bordeaux-Bègles. Bayonne et Biarritz vivent au-dessus de leurs moyens depuis pas mal de temps, ils mentent aux sociétaires et vont finir par ne pas garder les meilleurs joueurs. Il faut attendre vendredi le vote de la partie amateurs de l’Aviron bayonnais. L’avenir des jeunes est incertain dans les deux clubs. C’est vrai que nous pouvons récupérer dans notre club des Reichel ou des Crabos. Il serait utile d’enterrer la hache de guerre et de fusionner pour des raisons économiques. »

Jean-Baptiste Lamote, président et créateur de l’Union Sportive Bardos Rugby

« On accuse Manu Mérin et Serge Blanco d’avoir mal préparé la fusion. Mais ce sont des foutaises de supporters tout ça. Cela fait sept ans que les deux clubs en parlent et que les structures la préparent. Ce n’est pas une invention née il y a quelques mois, c’est un vrai projet important. Après, on est en démocratie, et les urnes ont révélé que les gens ne voulaient pas de la fusion, il faut donc respecter leur choix. Mais même s’ils sont une minorité, ceux qui veulent du rugby pro doivent s’unir. Personnellement, je ne vois pas un réel intérêt à une fusion qui intégrerait seulement Biarritz et Bayonne. Je pense qu’on a un énorme cru et qu’il faudrait en profiter pour faire un très gros club. Pourquoi ne pas imaginer un « comité Côte basque-Landes » ? Qui irait de Biarritz à Dax, en passant par Came et pourquoi pas Pau ? Cela serait une très grosse structure, une sorte d’entité du Sud-Ouest. Les présidents ont démissionné car ils n’étaient pas écoutés, mais ceux qui réclamaient leur départ ne savent pas dans quel pétrin ils se sont mis. Aujourd’hui, chacun est face à ses responsabilités mais, ce qui est sûr, c’est qu’il faut à tout prix une fusion, sinon le rugby va disparaître petit à petit dans le Pays basque et d’autres sport profiteront de nos belles structures. » Propos recueillis par An. B. et P. I.-R.

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