Abonnés

Les tuiles des préparations au Mondial

Par Jérôme Prévot
  • Les tuiles des préparations au Mondial
    Les tuiles des préparations au Mondial
Publié le Mis à jour
Partager :

Les stages de préparation aux Coupes du monde ont été souvent perturbés ou frappés par des forfaits marquants. Retour sur quelques épisodes qui ont fait couler de l’encre.

1991 : quelle chienlit

C’est l’année de la pire préparation du XV de France. La crise fédérale est à son comble, Albert Ferrasse s’apprête à quitter le pouvoir. Les Bleus entraînés par Albert Ferrasse et Daniel Dubroca ont l’impression d’être livrés à eux-mêmes sans interlocuteur digne de ce nom à la FFR. On leur a promis 150 000 francs (soit 32 800 €) pour toute la durée du Mondial mais on tarde à confirmer cette promesse. Les négociations menées par le capitaine Serge Blanco traînent en longueur, on parle même d’une menace de grève (elles dureront jusqu’au quart de finale perdu face aux Anglais. Au final, les Bleus obtiendront 50 000 francs, soit 10 900 €). Pour les stages, rien n’est vraiment prévu non plus. C’est Serge Kampf qui fera un chèque pour que la préparation soit décente et que les difficultés soient aplanies. Les Bleus partent effectuer une mini-tournée aux Etats-Unis. Mais sur l’humain, l’équipe est très divisée. L’irruption des Béglais champions en 1991 crée une sorte de scission avec les anciens. Vincent Moscato et Serge Simon se permettent même de sécher volontairement un rassemblement. Ils ne seront pas du Mondial mais l’esprit d’équipe ne sera jamais une réalité. Beaucoup de joueurs voient encore cette période comme le pire souvenir de leur carrière.

2003 : de Villiers et Garbajosa forfaits

Pieter de Villiers avait traversé une tempête durant l’hiver pour un contrôle positif à la cocaïne et à l’ecstasy, qui aboutira à un vice de forme. Une vraie chance pour le joueur. Mais, durant la préparation, nouveau coup dur, il chute à vélo. Sa luxation acromio-claviculaire l’oblige à déclarer forfait pour le voyage en Australie. De son côté, Xavier Garbajosa fait parler de lui pour de mauvaises raisons. Il se fait opérer d’un genou en juillet puis joue dix minutes un match amical à Narbonne avec les Barbarians. Une contracture à une cuisse se transforme en déchirure. Malgré les rumeurs négatives, il prend l’avion pour les antipodes. Il est forfait pour les deux premiers matches à cause d’un genou douloureux avant de déclarer forfait : il souffre d’arthrose précoce. Il renonce à la compétition sans avoir joué une seule minute et ne revêtira plus le maillot bleu. On accusera le XV de France d’avoir pris un joueur blessé.

2007 : la tuile pour Vermeulen, l’éclaircie pour Dusautoir

Deux jours après la finale de championnat perdue par Clermont face au Stade français (23-18), le troisième ligne Elvis Vermeulen passe une IRM de routine. Elle révèle une hernie discale. Il est contraint de quitter le groupe des 30 joueurs déjà annoncé par Bernard Laporte : «C’est difficile à encaisser, mais je me raccroche à l’idée d’être bientôt papa. » Le pauvre retrouvera quand même deux fois l’équipe de France lors du Tournoi suivant. Pour le remplacer, Bernard Laporte réfléchit vite. Il a le choix entre un ancien, Olivier Magne, 34 ans, qui a fait la tournée estivale des Bleus à cause des absences mais qui n’est plus vraiment invité depuis 2006 ; il a aussi la possibilité de repêcher un gars qui n’a jamais eu de chance avec les Bleus : Thierry Dusautoir, 25 ans. Il ne compte que trois sélections et n’a jamais pu saisir vraiment sa chance à cause de petites blessures survenues au dernier moment. Beaucoup ont l’impression qu’il est frappé d’une vraie malédiction. Laporte tranche, il choisit la jeunesse et propulse « Titi » vers une carrière d’anthologie. Il deviendra titulaire en cours de Coupe du monde. Huit ans après, il est toujours là. Aurait-il eu la même carrière si Vermeulen ne s’était pas blessé ?

2011 : Huget fait son « no show »

Une bombe éclate en équipe de France. Le Bayonnais Yoann Huget est obligé de quitter le groupe début août. Il n’est pourtant pas blessé, mais il est sanctionné pour des manquements au suivi longitudinal antidopage. A trois reprises, durant les six derniers mois, il n’a pas répondu à des contrôles de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD). Cela équivaut à un contrôle positif. Il ne peut donc faire le voyage en Nouvelle-Zélande. Il sera, en outre, suspendu pour trois mois dans la foulée. Il reconnaîtra avoir été léger, sous estimant les formalités du questionnaire de l’agence anti-dopage dans son désir de localiser les sportifs de haut niveau.

2007-2011 : Marconnet la poisse

Sylvain Marconnet n’a vraiment joué qu’une Coupe du monde, en 2003, alors qu’il avait le potentiel d’en faire quatre. Il était un peu jeune en 1999 (appelé en cours de compétition, il n’entre pas en jeu). En 2007, il fait une chute à ski en mars et se blesse à la cheville ainsi qu’au tibia. Bernard Laporte le couche pourtant sur sa liste sous réserve de guérison, tandis que le joueur se lance dans un contre-la-montre de trois mois pour être opérationnel in extremis. Le 27 juillet, il se voit contraint de stopper les courses et le 20 août, une dernière imagerie révèle un trait de fracture d’une malléole. Le chirurgien lui annonce qu’il doit le réopérer.

En 2011, Sylvain Marconnet est devenu le pilier français le plus capé. Il a trente-cinq ans. Il fait toute la préparation avec les Bleus et se retrouve dans un groupe de 33 joueurs, puis 32 après l’affaire Huget. Lors du dernier match de préparation à Dublin, il reste en tribune. La veille, Marc Lièvremont, avec qui il a joué chez les Bleus, lui a annoncé qu’il ne le prendrait pas en Nouvelle-Zélande. Le pilier de Givors désormais à Biarritz, a été victime du retour totalement inattendu de Fabien Barcella. Ce dernier n’ayant pourtant presque pas joué de la saison, du fait de la polyvalence de Poux et de la marge de progression de Ducalcon. Même le forfait de Domingo ne l’a pas sauvé. Sylvain Marconnet, pourtant lui aussi polyvalent ; se fend alors d’une diatribe très émouvante devant la presse à Dublin avec les larmes aux yeux. « Initialement, je n’avais pas prévu de venir vous parler. Mais je crois que c’est aussi mon devoir de vous affronter. Tout au long de ces années, vous m’avez accompagné. Vous avez été objectifs avec moi sans jamais trop raconter de bêtises sur mon cas. Je vous en remercie. Marc (Lièvremont) a indiqué les raisons pour lesquelles je quitte le groupe. Je reviendrai dessus dans la semaine. J’aurais aimé finir avec mes coéquipiers le 23 octobre en finale de la Coupe du monde. Malheureusement, je la regarderai devant ma télé en espérant qu’ils y seront. J’ai passé treize fabuleuses années sous ce maillot. Ce fut une histoire parfois compliquée mais il y a eu de grandes joies et de grands moments. Cela me manquera. Mais j’ai envie de partir avec le sourire. Oui... oui j’en veux à Marc Lièvrmont. Un de mes grands entraîneurs, John Connolly (ancien entraîneur du Stade Français, N.D.L.R) disait : «la vie n’est pas toujours juste». J’ai le droit de penser que cette décision n’est pas juste. Des raisons m’ont été données. Je reviendrais là-dessus. Aujourd’hui, ce n’est pas l’heure. J’ai envie de regarder devant.»

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?