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« La commotion cérébrale représente un très grand danger »

Par midi olympique
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Publié le Mis à jour
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Albert Sadacca, médecin de l’équipe 1 du Stade toulousain nous parle de la commotion cérébrale comme un fléau à prendre très au sérieux. Éclairage médical.

Qu’est-ce qu’une commotion cérébrale ?

C’est un trouble de l’accommodation post-traumatique du cerveau. C’est une onde de choc qui crée des signes. Ces signes peuvent être très variés : K.-O., trouble de l’équilibre, ataxie (perte de repères et de réflexes). La commotion est là réponse du cerveau qui a été ébranlé par un choc. Ainsi, à travers les signes post-choc les réponses neurologiques sont très diverses.

À quoi sert le protocole de commotion ? Que se passe-t-il pendant les quinze minutes d’examen ?

Étant donné que nous savons qu’un joueur ayant subi une commotion cérébrale est en danger, voire en grand danger, ce protocole prend tout son sens. Après un choc violent, le comportement de la personne n’est plus le même, à l’identique d’un boxeur qui ne peut plus se défendre de la même façon après un K.-O. C’est inquiétant car si un joueur qui a subi une commotion durant un match, en a une autre pendant la même rencontre, c’est d’une gravité extrême. Cela peut entraîner des désordres neurologiques permanents et à long terme. Mohamed Ali souffre aujourd’hui de la maladie de Parkinson, cela est dû à de micros commotions cérébrales successives. C’est exactement le même enjeu pour les joueurs de rugby. Durant le protocole qui dure effectivement quinze minutes, nous posons un grand nombre de questions au joueur qui donnera suite à un score à atteindre. Puis, nous le faisons marcher sur une ligne de trois mètres pour juger l’équilibre. Ces « règles » ont été établies par des urgentistes et des neurologues et sont appliquées dans le monde entier. Par conséquent ce protocole sert à préserver la santé du joueur de façon anticipée et non immédiate.

Les médecins de clubs sont-ils les seuls acteurs dans ce cas-là ?

Non. Une fois la commotion déclarée, le protocole effectué, un nouveau bilan est effectué à la fin du match. Puis, le lendemain de la rencontre ou 48 heures après, il faut renouveler ce bilan. La déclaration de cette commotion entraîne l’examen d’un neurologue référent sur le joueur. À Toulouse, nous bénéficions de trois neurologues référents. Une fois que le neurologue a examiné le joueur, il doit à son tour dresser un compte rendu qui détermine l’aptitude du joueur à jouer ou non. La décision finale n’appartient donc pas aux médecins des clubs.

Comment détecter une commotion cérébrale ?

Il y a des signaux évidents. Si un joueur titube c’est qu’il ne va pas bien par exemple, tout comme s’il a une réaction anormale et qu’il est incapable de dire où il se trouve et qui il est, cela prouve que le cerveau a été touché. En cas de K-.O., le joueur est sorti du terrain immédiatement. Il existe aussi des crises de clonie, c’est-à-dire un membre qui se met à trembler. Tous ces signes et bien d’autres encore se rapportent à la commotion.

Comment décider de renvoyer un joueur sur le terrain ou non ?

Comme je l’ai dit, tout dépend du test effectué durant le protocole. Si ses réponses aux questions posées ne sont pas cohérentes ou insuffisantes au score demandé, il ne peut pas regagner le terrain. Ce qu’il faut comprendre, c’est que le rugby est un sport traumatisant, ce qui implique des chocs violents. Ces chocs peuvent générer des commotions fugaces, c’est-à-dire qui durent deux ou quatre secondes et c’est à ce niveau-là que les instances du rugby se posent des questions, car la succession de ces commotions, aussi courtes soient-elles, peut provoquer de graves problèmes ultérieurement. Une étude a été faite aux États-Unis sur les footballeurs américains ou des joueurs de hockey, et ils se sont rendu compte que ces hommes qui avaient tout pour être heureux se suicidaient ou rencontraient des problèmes vers 40/50 ans. Cela illustre les conséquences des commotions cérébrales.

Pourquoi au bout de trois commotions (pas moins, pas plus) le joueur doit-il être suspendu ?

Effectivement, au bout de trois commotions le joueur est suspendu trois mois minimum. C’est pour permettre au cerveau de se régénérer et de le préserver de tout choc supplémentaire qui pourrait être fatal. Le joueur en question est inapte au travail, il n’a pas d’autre choix que l’arrêt. À l’image du cas de Jamie Cudmore, seuls les neurologues peuvent juger l’aptitude du joueur à continuer le rugby sans danger. Propos recueillis par F. C.

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