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« La vie est belle, mes problèmes sont derrière moi »

Par midi olympique
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Publié le Mis à jour
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À 34 ans, le « droitier » de l’Usap a retrouvé son meilleur niveau. Considéré comme l’un des meilleurs piliers de mêlée du Pro D2, il est pourtant passé par de bien sombres moments. Confidences.

Vous faites actuellement partie du squad de Perpignan. Quel fut votre parcours ?

Il fut un peu atypique, pour ne pas dire accidenté, je ne vous le cache pas. À mes débuts, j’ai connu beaucoup de joies : un titre de champion du monde avec les moins de 19 ans français, quelques belles années au Rct en Pro D2, puis en Top 14 à Colomiers, Perpignan et Brive. À la suite de problèmes personnels, j’ai néanmoins quitté le Corrèze et le monde du rugby pro en 2007. J’ai alors joué à Aix-en-Provence, puis la Seyne-sur-Mer en Fédérale 1.

Et ensuite ?

Après ces deux saisons, j’ai voulu goûter à nouveau au rugby professionnel. Mais je ne savais plus comment y entrer. C’est alors qu’Alain Hyardet m’a appelé (saison 2009-2010). Il montait un grand projet professionnel à Marseille, aux côtés de Claude Atcher. Le but était de monter en Pro D2. Jonah Lomu venait d’ailleurs de signer là-bas. J’ai longtemps hésité ; j’ai été honnête avec Alain, que j’estime beaucoup, lui assurant que j’étais hors de forme. Puis j’ai changé d’avis. La saison à Marseille, au moins sportivement, s’est bien passée pour moi.

Vint alors Grenoble, n’est-ce pas ?

Oui. Fabrice Landreau m’a appelé pour rejoindre le FCG. Il cherchait un troisième pilier droit. Ce fut d’ailleurs une saison incroyable, que nous avons terminée comme demi-finalistes. Puis les problèmes m’ont rattrapés.

Que voulez-vous dire ?

Ma petite fille Chiara est née à ce moment-là. N’y voyez pas de malaise : ce fut le plus beau jour de ma vie. Mais très vite, je me suis séparé de la mère de mon enfant, laquelle est alors retournée vivre à Toulon, d’où nous sommes originaires.

Qu’avez-vous fait ?

J’avais trente ans, j’étais un jeune papa dingue de son enfant. Je ne me voyais pas grandir loin d’elle. J’ai donc quitté le monde du rugby professionnel et j’ai pris un petit appartement à Toulon, à quelques centaines de mètres de Chiara. Il fallait régler ma séparation, faire les choses proprement, se battre pour la garde de la petite. Je ne voulais pas la perdre et au final, j’y suis parvenu. Rugbystiquement, j’ai pourtant vécu trois années quasi blanches.

Pourquoi ?

Mon hygiène de vie était catastrophique, je me suis laissé aller, je suis tombé très bas. J’ai vécu du chômage, puis d’un petit contrat avec Aix en Pro D2, puis à nouveau du chômage. En juin 2013, je me suis dit que pour moi, le rugby était terminé.

Et alors ?

Une fois que mes problèmes personnels ont été réglés, j’ai eu un déclic. C’était le 11 novembre 2013, je m’en souviendrai toute ma vie. Je me suis alors persuadé que je pouvais accrocher un autre contrat pro. C’est à ce moment-là que j’ai rencontré Raymond Sèbe, un préparateur physique ayant bossé avec Béziers, sous l’ère Nicollin.

Qu’avez-vous fait ?

Je l’ai rejoint à Sérignan, dans l’Hérault. Il avait une petite salle de sport, là-bas. Je lui ai expliqué quel était mon but. J’ai pris un petit appartement sur place et il ne m’a plus lâché. Très vite, je suis passé de rien à huit entraînements par semaine : cinq fois à la muscu, trois fois à la course. Il était toujours derrière moi. Il ne me lâchait pas d’une semelle. En février 2014, j’ai pourtant retrouvé de très bonnes sensations physiques. J’ai appelé Fabrice Landreau pour lui demander si je pouvais m’entraîner avec le FCG afin de me réadapter au rugby de haut niveau. Le règlement, en mêlée fermée, avait beaucoup évolué. Fabrice m’a dit oui. Mon nom a commencé à circuler à nouveau dans le milieu. Le Rct, qui cherchait un pilier JIFF, m’a alors appelé pour faire le quatrième, derrière Hayman, Castrogiovanni et Chilachava. J’ai longtemps hésité…

Et puis ?

J’ai finalement laissé ma place dans l’effectif toulonnais à Karim Bougherara. Mon but était de jouer, pas de faire le nombre. Vint alors l’un des coups de fil les plus importants de ma vie. C’était Alain Hyardet. Il venait d’être nommé entraîneur en chef de l’Usap et voulait que je le rejoigne (juin 2014, N.D.L.R.). J’ai rapidement signé deux ans là-bas. Aujourd’hui, j’ai une hygiène de vie irréprochable et j’ai beaucoup de temps de jeu. Dans ma tête, j’ai à nouveau vingt ans. Mes problèmes sont derrière moi. La vie est belle et le passé archivé. Désormais, je vais de l’avant et veux réaliser une grosse saison avec l’Usap. Je pense avoir encore quelques belles années de rugby devant moi.

 
Crédit photo : Brigitte Respaut-Boher

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