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Les souvenirs de Laporte, Ibanez et Mola

Par Jérôme Prévot
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    Les souvenirs de Laporte, Ibanez et Mola
Publié le Mis à jour
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Comment ont-ils vécu ce coup de tonnerre ? Trois entraîneurs actuels reviennent sur 1995 tel qu’ils l’ont ressenti.

Bernard Laporte

En 1995, je quittais le Stade Bordelais pour rejoindre le Stade Français de Max Guazzini. Je n’avais pas été vraiment surpris de cette nouvelle car j’avais eu vent du fameux projet packer. Mais le souvenir qu’il me reste, c’est que j’ai découvert le professionnalisme alors que je me retrouvais dans un club qui était en… deuxième division, soit le troisième niveau de l’époque. Je vivais ce moment-là en descendant dans la hiérarchie. C’était un peu bizarre.

Raphaël Ibanez

J’étais jeune joueur et ça a posé une vraie réflexion sur mon avenir sportif. Sur la recommandation de mes parents, j’avais passé un diplôme universitaire reconnu pour exercer un métier, à savoir professeur de sport. Je me suis retrouvé très vite à la croisée des chemins. Alors, je me suis donné deux ans pour réussir. Était-ce un coup de tonnerre que cette nouvelle ? Honnêtement, l’aspect médiatique n’était pas ce qu’il est devenu aujourd’hui. Il n’y avait pas la dimension mondiale donnée par internet. Ça venait du sud, mais on y croyait sans trop y croire. j’ai fait partie de cette génération de joueurs qui est passée de deux entraînements par semaine à deux entraînements par jour et sur le coup, j’ai trouvé ça fantastique. À l’époque, je jouais à Dax et ça n’avait pas vraiment secoué le club car je faisais partie d’une génération insouciante avec les Magne, Dourthe, Mola, Loustau, Giordani. Nous sortions de l’équipe Reichel avec qui nous avions été champions de France et la question du professionnalisme n’était pas notre priorité, nous étions juste contents de vivre l’expérience du rugby à fond. Le premier changement perceptible fut pour moi l’allongement des temps de jeu, puis l’enchaînement des chocs, c’était vraiment un autre monde.

Ugo Mola

« Quand on pense au rugby professionnel, on pense tout de suite à 1995, date officielle d’arrivée du professionnalisme dans le rugby et à 1996 avec la finale de la Coupe d’Europe ou le premier Tournoi de l’ère professionnelle mais il ne faut pas oublier que dès 1994, le magnat australien Rupert Murdoch voulait créer une ligue professionnelle. C’est donc dans l’hémisphère Sud que le rugby pro est né. Ensuite, cela a déclenché des choses en Europe, les Anglais et les Français s’y sont mis avec la professionnalisation de leur championnat. Nous, les joueurs, nous ne sommes pas tombés des nues quand nous avons appris le passage au professionnalisme, on avait entendu ce qui se préparait dans le Sud avec le Super 12. Je pense qu’en fait, le professionnalisme a franchement commencé à la fin des années 1980 mais il s’agissait plus un statut juridique du joueur qu’un secteur professionnel pour l’ensemble du rugby. Ensuite, on a plongé dans le vrai monde professionnel sans trop y faire attention, un peu tête baissée, on était les acteurs mais au final, on jouait toujours au rugby comme avant, on n’était pas centrés sur les conséquences et rien ne changeait trop pour nous. Notre génération a un avantage. On a été longtemps professionnels et plus réactifs pour la suite car on avait fait des études à côté, on n’était pas inquiets professionnellement. Concernant le monde du rugby et le jeu proprement dit on ne s’est pas rendus compte qu’on était entrés dans le professionnalisme avant l’année 1999. À partir de cette année, de la Coupe du monde, le rugby a été plus structuré, le rugby s’est professionnalisé de l’intérieur : il y avait juste les entraîneurs et les joueurs avant puis sont venus les analystes vidéos. Plein d’étapes ont ensuite suivi notamment la création de regroupements, de la Ligue Nationale de Rugby qui rendent peut-être notre sport moins visible mais le principal c’est qu’aujourd’hui on peut vivre de notre passion, ce qui n’est pas donné à tout le monde. De toutes les façons, moi je ne suis pas nostalgique du rugby amateur, je peux être nostalgique de certaines situations mais là il n’y a rien de grave, que des bonnes choses, j’aimais jouer au rugby en tant qu’amateur mais aussi en tant que joueur pro, le professionnalisme m’a permis de vivre de bons moments et je ne veux pas m’enfermer dans cette vision du professionnalisme qui ferait de nous des cousins malheureux de notre sport. »

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