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Romain Poite : « Nous aimons la critique »

Par Léo Faure
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    Romain Poite : « Nous aimons la critique »
Publié le Mis à jour
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Présent au stage des arbitres, cette semaine à Gourette (Pyrénées-Atlantiques), Romain Poite en a profité pour revenir sur sa fonction et la Coupe du monde à venir.

Au moment des nominations pour le Coupe du monde, était-ce une joie personnelle ou le plaisir collectif de voir la France nation la mieux représentée qui l’emporte ?

Par rapport à une nomination pour la Coupe du monde, les deux sotnt associés dans la réussite. Il ne faut pas renier le côté collectif. Déjà par rapport à tous les outils qui sont aujourd’hui mis à notre disposition et qui nous ont permis d’accéder à la Coupe du monde dans une forme de confort. Mais il ne faut pas occulter que c’est aussi la réussite d’un homme. Il y a eu beaucoup d’implication et de travail pour atteindre cet objectif.

De l’extérieur, on ne touche pas forcément du doigt l’aspect très individuel de vos carrières, dans un monde qui vante systématiquement les valeurs collectives…

C’est notre particularité. C’est souvent le pallier le plus dur à franchir quand on se dirige vers l’arbitrage. On sort d’une structure collective, celle d’un club où les relations sont très nombreuses, pour basculer vers un monde individuel et individualiste. On se prépare tout seul, on travaille tout seul… Sur l’usure du temps on finit par l’accepter. Aujourd’hui, je ne m’imagine pas me préparer autrement que tout seul. Je connais mon corps, mon niveau. Je sais où j’en suis et où je veux aller. Cette préparation se fait avec le soutien d’un coach et d’un préparateur physique mais elle est scrutée de manière individuelle. En tant qu’arbitre, on ne peut pas être profondément individualiste parce que l’humilité doit être l’essence même de notre fonction. Mais la satisfaction est effectivement personnelle et individuelle.

Cette solitude focalise et renforce aussi les critiques contre vous…

Cela fait partie du boulot… Notre but, c’est d’être en dehors de toute polémique. De ne pas être cité parce que tout s’est bien passé. Mais il ne faut pas se tromper, nous aimons la critique. En tout cas, personnellement, je n’y suis pas hermétique. Mais il faut qu’elle soit constructive. Elle nous fait aussi progressé. Il y a simplement des manières correctes de la formuler parce qu’il ne faut pas oublier que derrière les arbitres, il y a des hommes. Dans nos échanges avec les entraîneurs, nous ne sommes pas toujours d’accord. Mais cela nous pousse aussi à la remise en question, ce qui est essentiel.

Parle-t-on assez des arbitres ?

D’un point de vue humain, ce n’est pas simple. Bien sûr que nous avons envie que les gens s’intéressent à nous. C’est valorisant pour l’homme, il ne faut pas cracher dessus. C’est d’autant plus vrai au début, quand on débute en professionnel. C’est plutôt la médiatisation que nous ne cherchons pas nécestsairement car bien souvent, elle arrive dans des moments négatifs ou polémiques. Et puis, nous ne devons pas être le centre d’intérêt. Quand quelqu’un me dit : « j’ai bien regardé ton match, je t’ai suivi », je lui réponds qu’il aurait mieux fait de suivre les joueurs car ce sont eux qui sont générateurs d’émotions et de plaisir.

Vous avez hérité d’une des rencontres phares de la première phase à la Coupe du monde, Angleterre-Australie. Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle pour les attributions qui suivront, en phase finale ?

En Coupe du monde, on sait qu’il n’y a pas que des gros matchs. Certains seront très déséquilibrés, dans toutes les poules. Je sais donc que ce match-là risque de conditionner beaucoup de choses pour la suite de ma compétition. Mais je trouve plutôt bien d’avoir déjà un gros objectif dès les phases de poule, pour être vite dans le dur et élever le niveau de motivation.

Est-ce une bonne occasion de se montrer pour la suite ?

Je n’ai justement pas envie de me montrer. C’est le paradoxe. J’aimerais être transparent malgré la fierté de cette nomination. Si j’y arrive, j’aurais bien négocié cette rencontre. Mais il faudra simplement y aller avec beaucoup d’envie, de décontraction et de recul sur l’événement. C’est en se focalisant trop que l’on se met en danger.

En 2011, vous n’aviez pas obtenu de match de phase finale en tant qu’arbitre central…

Oui, j’avais simplement fait une touche. L’objectif est donc clair pour moi : accéder au moins à un quart de finale. Pour l’instant, je ne suis pas plus gourmand. Je suis aussi réaliste par rapport à mon « ranking » (classement interne aux arbitres du panel World Rugby, N.D.L.R.). Le quart de finale est envisageable. À moi de m’en donner les moyens.

Vous avez beaucoup arbitré en hémisphère sud : est-ce si différent ?

Au niveau international, on cherche la cohérence. Les arbitres de World rugby reçoivent les mêmes directives et les manières d’arbitrer sont normalement assez proches dans les deux hémisphères. Mais quand on regarde les compétitions de club, que ce soit le Super XV ou les championnats domestiques, là, oui, nous sommes très éloignés. Parce que leur rugby est différent. En hémisphère nord, le défi et le contest de la supériorité sont très ancrés dans notre rugby. Dans le sud, la volonté de jeu est plus développée. Je constate par exemple que dans les championnats domestiques du sud, souvent, l’arbitre n’intervient pas pour régler des situations. Elles se résolvent d’elles-même, par le jeu. Chez nous, nous sommes en permanence en train d’arbitrer.

Il y a aussi cette idée, largement développée par les joueurs et entraîneurs, que l’arbitrage est très différent entre Coupe d’Europe et Top 14. Vrai ?

J’ai envie de leur retourner le constat. Quelle est leur approche des matchs en Coupe d’Europe ? Elle est complètement différente du championnat. En Top 14, on joue pour ne pas perdre, avec une pression énorme sur les clubs. En Coupe d’Europe, il y a une approche globalement plus positive. Ce n’est pas une vérité absolue. On peut tomber sur match Tentre Britanniques très complexe à arbitrer. Mais la tendance est celle-là.

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