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« À Brive, il y a deux ou trois joueurs clés qui sont toujours là pour foutre la merde ! »

Par Arnaud Beurdeley
  • « À Brive, il y a deux ou trois joueurs clés qui sont toujours là pour foutre la merde ! »
    « À Brive, il y a deux ou trois joueurs clés qui sont toujours là pour foutre la merde ! »
Publié le Mis à jour
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Le troisième ligne du Stade français Sylvain Nicolas a fait son retour dimanche dernier face à Pau. Samedi à Brive, il fêtera donc sa première titularisation depuis le 11 octobre dernier. Un long tunnel difficilement vécu. Il évoque ici ses doutes et son plaisir de retrouver la compétition. Mais pas seulement. Sans filtre, il n’hésite pas à pointer du doigt le comportement de certains joueurs brivistes sans les stigmatiser. Formé à l’école de la « Berjallie », il confesse même une certaine excitation avant ce déplacement périlleux en Corrèze où les Parisiens n’ont plus gagné depuis dix ans.

Vous n’avez plus été titulaire en Top 14 avec le Stade français depuis le 11 octobre 2014. Comment appréhendez-vous votre retour ?

Ça fait du bien (Il sourit et souffle longuement). J’étais remplaçant dimanche dernier contre Pau et j’ai pris beaucoup de plaisir à rejouer. J’avais la banane durant tout le week-end, durant toute la semaine. C’était bon. Et j’espère que ça va continuer.

Comment avez-vous vécu la saison dernière ?

J’ai joué huit matchs consécutifs en début de saison (N.D.L.R. : huit titularisations) et je me suis blessé (N.D.L.R. : lors du derby contre le Racing 92). Ensuite, j’ai vraiment galéré pendant six ou sept mois. Je suis revenu au mois d’avril, mais c’était trop tard pour participer à la fin de saison. L’équipe était bien en place. Je savais très bien que je n’allais pas jouer les phases finales. Je suis donc resté sans jouer pendant huit mois. C’est comme si je m’étais rompu un ligament croisé. C’était franchement galère.

Avez-vous quand même savouré le titre de champion de France ?

Ça ne m’a pas empêché de faire un peu la bringue. Mais, quand on ne joue pas, on a beau dire qu’on forme un groupe de 35 ou 40 joueurs, on ne joue pas. On regarde juste les matchs en costard depuis les tribunes. Évidemment, j’étais heureux pour mes copains. Mais, je ne me considère pas champion de France. D’ailleurs, je n’ai pas trop touché le bouclier. Après la finale, tout le monde était sur le terrain. Moi, je ne savais pas trop quoi faire, où me placer.

Avez-vous connu des moments de doute ?

Il y a toujours des doutes. D’abord, il est important de revenir physiquement et mentalement. Et puis, il faut avoir la possibilité de rejouer. Quand pendant huit mois, on vit en marge du groupe, qu’on fait de la musculation pendant que les autres sont sur le terrain, ce n’est pas simple. Il me reste un an de contrat, je pensais et je pense toujours avoir ma chance. À moi d’être à la hauteur sur le terrain. De toute façon, on ne peut pas dire que je suis fatigué par mes deux dernières saisons (sourires).

Qu’est-ce qui a été le plus difficile à vivre ?

Le plus dur, ça a été de se blesser, de revenir, de se blesser de nouveau, puis de revenir encore. Trois fois de suite, je me suis déchiré le mollet. C’est un peu les montagnes russes sur le plan émotionnel. Si j’avais eu une rupture des ligaments croisés, je n’aurais pas eu l’espoir de revenir tous les deux mois. En fait, j’ai passé mon année avec Hugo (Bonneval). Sauf que lui, il connaissait à peu près sa date de retour. Moi, à chaque blessure, j’espérais revenir au bout de deux mois. Seulement à chaque fois, ça coinçait.

«Lakafia et Burban ont fait des matchs énormes. Il faut que je me hisse à leur niveau.»

Ressentez-vous une pression supplémentaire dans la mesure où vous serez en fin de contrat à l’issue de la présente saison ?

La pression, elle vient du fait que le club a été champion de France sans moi. En gros, l’équipe n’a pas besoin de moi pour gagner. Lakafia et Burban (N.D.L.R. : ses concurrents) ont fait des matchs énormes. Il faut que je me hisse à leur niveau. Après, évidemment je suis en fin de contrat et je ne sais pas ce que je vais faire l’an prochain.

Lorsque vous aviez signé à Toulouse, vous étiez dans l’antichambre de l’équipe de France…

(N.D.L.R. : il coupe) Ce n’est plus vraiment le cas (rires).

Mais vivez-vous votre situation comme un gâchis ?

Un gâchis, je ne sais pas. J’ai passé de belles années à Toulouse. Ça aurait pu être beaucoup mieux, mais aussi beaucoup moins bien. J’ai appris à côté de grands joueurs. Mais j’espérais plus. On peut donc dire que ce fut un échec car je ne suis pas allé là où j’espérais. C’est la vie.

« on fera tout pour ne pas prendre la même branlée que l’an passé.»

Comment appréhendez cette titularisation face à Brive ?

On va se régaler (rires), mais ça va piquer. L’an dernier, j’étais dans le groupe pour ce match de fin de saison à Brive, mais j’avais fait le voyage à vide car le coach ne m’avait pas mis sur la feuille de match.

Justement, cela fait plusieurs années que le Stade français fait le voyage à vide à Brive… (La dernière victoire parisienne en Corrèze date du 26 septembre 2006).

C’est vrai, mais nous ne sommes pas les seuls. Je connais pas mal de clubs qui font le voyage pour rien à Brive.

Comment l’expliquez-vous ?

Parce que Brive, c’est compliqué dans les rucks. C’est compliqué en mêlée. C’est compliqué dans les ballons portés. Il y a deux ou trois joueurs clés qui sont toujours là pour foutre la merde, pour faire dégénérer le match. Au Stade français, c’est une certitude, on préfère les terrains secs et envoyer du jeu. Mais, c’est dans ces moments-là qu’on voit le caractère d’une équipe. On en a parlé durant toute la semaine. D’ailleurs, l’an passé, nous en avions parlé aussi et nous avions pris quarante points quand même.

Avez-vous le sentiment que ces deux équipes se trouvent aux antipodes en matière de jeu et que cela ne vous convient pas ?

Nous n’avons pas les mêmes qualités aux mêmes endroits et chacun joue avec ses forces. Tout simplement.

Pensez-vous avoir les armes actuellement pour répondre au combat qui sera proposé ?

Il n’y a pas toujours besoin d’envoyer des mecs de deux mètres et 120 kg pour avancer. Si tout le monde s’y file, il n’y a pas de raison qu’on ne parvienne pas à mettre notre jeu en place.

En tant qu’ancien membre de la « Berjallie », n’est-ce pas le genre de match qui vous plaît ?

Vous rigolez, mais je suis très heureux d’aller jouer ce match. Quand vous jouez trente matchs dans la saison, c’est peut-être le genre de rendez-vous où on aimerait être au repos. Mais, dans ma situation, alors que j’ai passé un an dans les tribunes, je suis heureux de jouer tous les matchs.

En l’absence des piliers droits d’expérience, redoutez-vous le secteur de la mêlée fermée ?

C’est sûr que ça nous fait peur. Surtout à Brive. On sait très bien qu’on ne pourrait pas tenir une saison entière de cette façon, mais nous avons quatre matchs à tenir. Et si chacun donne le maximum de lui-même, si les jeunes de la première ligne jouent leur vie sur un ou deux matchs, on a la possibilité de rivaliser avec Brive. De toute façon, on fera tout pour ne pas prendre la même branlée que l’an passé.

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