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Fouroux et la conjuration du Puebla

Par Jérôme Prévot
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    Fouroux et la conjuration du Puebla
Publié le Mis à jour
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Novembre 1990, une réunion du Comité Directeur de la FFR est à deux doigts de renverser Ferrasse. Fouroux lance conjuration puissante. Les barons trinquent mais le vieux patron s’en sortira extremis par son talent manœuvrier, même si son pouvoir est sur le déclin.

Avril 1990, Albert Ferrasse annonce qu’il ne briguera pas un nouveau mandat. 29 octobre 1990, il annonce lors d’une réception à la Maire de Narbonne qu’il se porte candidat pour 1992 (décision prise sous la pression de son comité directeur dont Guy Basquet). Cette bombe, elle secoue Fouroux mais il va répondre du tac au tac par un énorme coup de force. Le 8 novembre, à deux jours du second test qui va opposer l’équipe de France à la Nouvelle-Zélande au Parc des Princes, Jacques Fouroux alors membre du comité directeur de la FFR organise un dîner dans un restaurant proche des Buttes-Chaumont, le « Puebla », parmi les convives, il y a vingt et un membre du CD dont dix-neuf présidents des comités territoriaux parmi lesquels l’Alpin Max Micoud, Jacques Larose de Charente Poitou, Richard Gradel des Flandres, Jean-Louis Boujon de l’Alsace Lorraine plus le publicitaire Jacques Séguéla qui rédige une charte. Fouroux a donc la majorité au Comité Directeur de la FFR. Les gens se veulent plus jeunes d’esprit que le clan des ultra-ferrassiens. Le projet de Fouroux est simple, il fait le serment de renverser le bureau fédéral lors dès le lendemain lors d’une séance du CD. Le jour de la réunion à la Cité d’Antin, siège de la FFR, quelques instants avant que celle-ci débute, « le petit caporal » entre dans le bureau présidentiel et annonce à son président qu’il est appuyé par vingt fidèles et qu’il obtiendra la démission du bureau fédéral, le gouvernement resserré de la FFR composé d’une quinzaine de personnes (contrôlé par le CD, sorte de parlement fédéral). L’histoire dit qu’Albert Ferrasse brisa un vase de rage. La réunion est houleuse marquée par des prises de bec de Guy Basquet ulcéré avec Fouroux et avec Jean-Paul Tixador, président du Comité de Normandie qui ose un tonitruant « Ça suffit Basquet ». Chose, impensable quelques années plus tôt.

Le Languedocien Francis Sénégas annonce sa démission. Quant aux gardes prétoriens d’Albert Ferrasse : Guy Basquet, André Moga refusent d’abord avant de s’incliner car entre-temps, Max Micoud, avait annoncé que dans ce cas, il demanderait la dissolution du CD, le pouvoir chancelle, pire, il vacille. Albert Ferrasse menace de quitter la salle mais se ravise. Fouroux n’ose pas vraiment « tuer » le père, il laisse Ferrasse président mais l’oblige à passer sous la coupe d’une charte rédigée par Séguéla. Fouroux fait mine de mener une révolte anti « barons » (Moga, Basquet, Sénégas…) en restant ami de Ferrasse à qui on demande juste de former un nouveau bureau fédéral. Mais Ferrasse est coincé, soit il flingue ses amis de toujours, soit il dit amen aux conjurés. Le dilemme est total, il finira fâché avec Basquet son ami de cinquante ans. La réunion a ressemblé à une nuit des longs couteaux.

Finalement, ce putsch fut un échec pour les conjurés de Puebla car Albert Ferrasse réussit à anticiper d’anticiper les prochaines élections fédérales. Belle contre-attaque. On se déchire, on s’insulte, la fédération est en crise voire ingouvernable. Pour la succession d’Albert Ferrasse, le charismatique, président du Stade toulousain, Jean Fabre annonce sa candidature le 2 décembre dans son fief de Toulouse. Une candidature validée par Albert Ferrasse et pourtant les deux hommes n’ont pas entretenu les meilleures relations dans le passé. Cette alliance inattendue aura raison de l’ambition de Fouroux.

La FFR de Ferrasse, toute une ambiance

À l’époque d’Albert Ferrasse, la FFR exerçait un pouvoir hégémonique pour le meilleur et le pire. Les patrons du rugby français n’avaient pas peur de transformer l’institution en machine au service de leurs intérêts ou de leurs préférences. Rappelons le récit que nous avait fait Jean Fabre en 2010.

« Il faut se rappeler que la première division comptait parfois 80 clubs et que la FFR était dirigée par deux ou trois personnes qui se mêlaient de tout. À Toulouse, nous étions particulièrement visés, surtout à travers la commission de discipline. Le moindre geste de travers d’un joueur, et ça tombait dru. Un jour après un match très chaud à Montchanin, Philippe Rougé-Thomas et Jean Marie Cadieu avaient été cités. La Commission de discipline s’était montrée clémente, mais le pouvoir était passé derrière pour leur infliger un an de suspension. Nous étions dans un rapport de force permanent. À la puissance des institutions, nous opposions une arme essentielle : la presse était avec nous. Heureusement.»

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