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Bordeaux, le premier grand bastion de Province treiziste

Par Didier Navarre
  • Bordeaux, le premier grand bastion de Province treiziste
    Bordeaux, le premier grand bastion de Province treiziste
Publié le Mis à jour
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Lors de la création de la Ligue treiziste en 1934, Bordeaux a été un foyer très actif jusqu’au début des années 60. Replongeons-nous dans les heures fastes et dans les moins glorieuses.

La passion treiziste qu’a transmise, en 1934, Jean Galia, a tout d’abord séduit la région Aquitaine et plus particulièrement Bordeaux, la capitale. Au cœur des années 30, alors que la fièvre treiziste s’empare de nombreux clubs, Bordeaux devient un des clubs phares du mouvement. Bordeaux XIII, né en 1934, de la scission du SA Bordeaux. Lors de la mise en place du premier championnat en 1935, les Bordelais prennent la deuxième place derrière Villeneuve-sur-Lot. Une performance qui a un impact sur le public, ce dernier vient de plus en plus nombreux au stade municipal de Suzon. Une enceinte qui sera le cadre des finales du championnat 1936, 1937, 1938 et 1939.

1936 : la première finale

Cette année-là, la Ligue met en place le premier championnat de France par phase éliminatoire. Après une excellente saison, les Bordelais se retrouvent en finale après avoir souffert lors du tour précédent face à Roanne (6-5). En finale, sur leur enceinte même de Suzon, les Girondins sont opposés au XIII catalan, le dimanche 3 mai, le titre revient aux Catalans brillants vainqueurs sur le score de 25-14.

1937 : la revanche

Un an après, Bordelais et Catalans se retrouvent au même stade de l’épreuve sur la pelouse de Suzon. Les Bordelais ont retenu les leçons de la saison passée. À l’intersaison, les dirigeants se sont octroyé les services d’un Néo-Zélandais Lou Brown, un ailier de grande classe venu rejoindre son compatriote le centre Falswasser. Les deux Néo-Zélandais animent à la perfection le jeu de ligne de leur formation. La défense catalane cède à cinq reprises. Saubion, Brown à deux reprises, Labrousse et Villafranca et le buteur Andureau sont les bourreaux des Catalans. Au final, Bordeaux l’emporte 23 -10 et décroche son premier titre majeur devant 20 000 spectateurs enthousiastes.

1938 : l’inauguration du Stade municipal

1938, c’est l’année de la troisième Coupe du monde de football. Cette dernière a lieu en France. Toutes les grandes villes ont aménagé des stades de façon à accueillir cet événement. À Bordeaux, le Maire Adrien Marquet a fait construire le stade municipal de Lescure qui a été inauguré lors de la rencontre entre le Brésil et la Tchécoslovaquie. Le premier match de rugby sur la pelouse de Lescure sera treiziste. Le 16 avril 1939, l’équipe de France accueille le pays de Galles et s’impose 16 à 10 devant 30 000 spectateurs. Jusqu’aux années 50 et au début des années 60, le stade municipal sera l’aire de jeu des treizistes bordelais. En moyenne, cinq mille spectateurs remplissaient régulièrement les travées du stade. Cette embellie a été stoppée par le « diktat » de Vichy du 19 décembre 1941. Malgré ce coup de canif, la pratique treiziste était toujours présente dans le cœur des dirigeants bordelais.

1945 : le passage de témoins

En 1945, les brillants dirigeants qu’étaient Messieurs Queiheillard, Loze, Pellot et Darmaillacq ont passé le témoin à des grands propriétaires du monde viticole dont Borie Manoux et le célèbre Henri Dubosc propriétaire du château Haut-Marbuzey. Henri Dubosc, sera le véritable mécène de l’après-guerre. Il recrute parmi le gratin de l’époque. Des joueurs chevronnés tels que Paul Bartoletti, Raymond Contrastin, Christian Duplé, Angelo Boldini, Raymond Save viennent porter la tunique bordelaise.

1954 : le second sacre

Le 16 mai de cette année-là, Bordeaux renoue avec son passé prestigieux. Dix-sept ans après leur premier sacre, les Bordelais sont une nouvelle fois sacrés champions de France. Au stadium de Toulouse, Bordeaux s’impose face à Marseille (7-4) grâce à un exploit personnel de « Dédé » Carrère placé exceptionnellement au centre ce jour-là. Malheureusement, cette performance fut le chant du cygne malgré une finale de Coupe de France perdue en 1956 face à Avignon (15-25).

Les heures sombres

Les mécènes de l’époque commencent à devenir un peu moins généreux. Les vedettes de l’époque n’ont pas de successeurs et les dirigeants s’essoufflent. En 1960, le club dépose même le bilan et n’achève même pas le championnat. L’année suivante, Bordeaux XIII fusionne avec le voisin de Facture. Un projet de rapprochement mis en place par Raymond Labache, pharmacien à Facture qui pendant plus d’une décennie s’est échinée à maintenir la flamme treiziste en Gironde. Jusqu’en 1976, le club tient honorablement son rang au plus haut niveau national. Cette année-là, il dispute les demi-finales de la Coupe de France face à Toulouse sur la pelouse de Villeneuve-sur-Lot. Après une rencontre très indécise, les Girondins s’inclinent en toute fin de match (20-5). C’est la dernière performance bordelaise au plus haut niveau de l’épreuve. En 1978, le club tire sa dernière cartouche et quitte l’élite du championnat pour ne plus jamais remonter. Paradoxalement, la pratique treiziste était toujours en activité du côté de Mérignac, Bègles, Pessac et Talence. Cependant, il n’y a pas eu de projets fédérateurs pour remonter un club en élite.

1996 : l’espoir avorté

En 1995, Jacques Paradelle fit intégrer le XIII au sein de l’omnisports des Girondins de Bordeaux. En 1996, le club, qui était alors en élite 2, s’est qualifié pour la finale du championnat de France après avoir obtenu la première place de sa poule. Toutes les conditions étaient réunies pour que Bordeaux retrouve sa place en élite. Or, le président de la Fédération de l’époque, Jean-Paul Ferret invalida la montée des Girondins lors du congrès fédéral. Une décision qui décida de la mise en sommeil du club. Désormais, en Aquitaine, Villeneuve reste le club phare du mouvement treiziste. Dans la région bordelaise, ce sont les filles de Biganos-Facture qui entretiennent la flamme.

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