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Sexton fait polémique

Par Arnaud Beurdeley
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Publié le Mis à jour
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Comparé par un de ses anciens partenaires du Racing 92 à Zlatan Ibrahimovic dans un article paru lundi dernier dans les colonnes de Midi Olympique Magazine, le demi d’ouverture irlandais Jonathan Sexton se retrouve, bien malgré lui, au cœur d’une tempête médiatique orchestrée par la presse de son pays.

En Irlande, Jonathan Sexton est une idole. Une véritable icône. Il est le maître à jouer absolu d’une équipe construite autour de lui, façonnée pour lui permettre d’exprimer au mieux son immense talent. Alors forcément, lorsque l’enfant chéri de tout un peuple est attaqué ou simplement égratignée, c’est toute l’Irlande qui crie au scandale. On invoque même le complot. Surtout quand l’attaque vient de France quelques jours avant le match capital qui opposera dimanche les Bleus de Saint-André aux Verts de Joe Schmidt. Depuis lundi dernier et la parution d’un article dans les colonnes de Midi Olympique Magazine consacré à l’ancien joueur du Racing 92, la presse irlandaise ne cesse de remplir des pages et des pages sur les propos notamment de Laurent Labit l’entraîneur du club francilien qui a eu à composer avec la personnalité complexe du demi d’ouverture irlandais durant deux saisons. Qu’a-t-il dit exactement pour justifier un tel déferlement médiatique ? Le compère de Laurent Travers n’a simplement fait qu’exprimer son sentiment sur un joueur dont il juge les qualités « hors-norme », dont il dit qu’il est « probablement l’un des meilleurs joueurs au monde à son poste ». Mais il a aussi évoqué le comportement du joueur, pas toujours exemplaire. « Il n’a pas toujours été performant avec le Racing et il le savait très bien, raconte Laurent Labit dans Midi Olympique Magazine. Ça l’irritait très fort. Dès que ça ne fonctionnait pas comme il l’espérait, il était à fleur de peau. Plusieurs fois, je lui ai rappelé qu’il y avait certaines façons pour dire les choses. Lui avait tendance à plutôt employer la manière forte et un langage très fleuri dans le feu de l’action. C’était parfois à la limite de l’insulte. Il en avait conscience. D’ailleurs, à chaque fois, il s’est excusé auprès des joueurs qu’il avait courroucés. Mais par moments, il était vraiment incontrôlable. Sur un lancement de jeu, si un mec s’oubliait, il était capable de le pourrir. Peu importe ce qui avait pu se passer avant, il l’engueulait. Parfois, je me suis arraché les cheveux. » Des propos plutôt mal perçus par le peuple irlandais. La comparaison faîte par un de ses anciens partenaires racingmen avec la star du Paris-Saint-Germain Zlatan Ibrahimovic, connu pour son côté virtuose du ballon rond mais aussi pour ses sautes d’humeur, a fortement déplu. « Johnny, ce n’est pas Zlatan, a réagi le deuxième ligne du XV d’Irlande Devin Toner. Je ne comprends même pas cette comparaison. Il (Jonathan Sexton) n’a pas du tout la grosse tête. Si les mecs ne sont pas bien placés, il va leur dire. Moi, si on me crie dessus parce que je ne suis pas là où je devrais être, ça ne me pose aucun problème. Ils ne doivent pas être habitués à ça au Racing… » Et Toner d’ajouter que cette attaque ressemble fortement à une tentative de déstabilisation avant le match de dimanche entre le XV de France et l’Irlande.

Un dieu vivant

Évidemment, dans les propos de Laurent Labit, il n’y avait aucune volonté de nuire, ni envers Sexton, ni envers le XV du Trèfle. Simplement le désir de peigner le caractère bien trempé d’un joueur à l’hyper-exigence exacerbée, un joueur pour qui la performance se situe au-dessus de tout. « Jamais, il n’a pris le temps de sortir boire un verre avec nous ou de venir dîner au restaurant, racontait il y a peu, un autre de ses anciens partenaires. Il ne pensait qu’au rugby, qu’au match suivant. Et il était toujours un peu à part du groupe. » Une façon d’expliquer une des raisons pour lesquelles Sexton n’a pas réussi son intégration sous le maillot ciel et blanc.

Dans la verte Erin, celui qui a choisi de retrouver les siens sous les couleurs du Leinster sitôt la Coupe du monde achevée, est ainsi, habitué à être le nombril du monde, au cœur du jeu irlandais. Sexton est un surdoué, un enfant gâté - au sens propre comme au figuré - par la nature qui a su devenir un immense champion. Son palmarès témoigne, sa popularité aussi. De Cork à Dublin, en passant par Limerick ou Galway, Sexton est adulé. En Irlande, il est au rugby ce que Bono est à la musique : un dieu vivant. Et les Dieux, apparemment, on n’y touche pas.

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