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Nallet « En 2011, le rugby français était déjà en crise ! »

Par midi olympique
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    Nallet « En 2011, le rugby français était déjà en crise ! »
Publié le Mis à jour
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Ancien international et finaliste de la Coupe du monde 2011, Lionel Nallet considère que le rugby français n’a pas attendu la débâcle face aux Blacks pour entrer en crise. Et selon lui, la Ligue et la Fédération vont rapidement devoir trouver un accord si elles ne veulent pas voir mourir le Top 14 et le XV de France.

Après la déroute du XV de France le rugby français semble en crise, que faut-il faire pour qu’il redevienne compétitif ?

C’est un ensemble qui doit se remettre en question. Aujourd’hui renaissent des débats, qui existaient déjà au début des années 2000, quand je débutais en équipe de France avec Bernard Laporte. On parlait déjà «d’éventuellement prendre des joueurs sous contrat avec la Fédération» pour laisser plus de place à l’équipe de France. Mais ça n’avait pas bougé et la situation était restée au point mort. Donc c’est un débat vieux de quinze ans qui n’a pas attendu les mauvais résultats de l’équipe de France pour exister, même s’il a pris une toute autre ampleur aujourd’hui.

Pour vous c’est tout un système qui doit se remettre en question ?

Oui je pense. Mais la vraie question qu’on doit se poser c’est « qui est-ce qu’on privilégie ? », les clubs ou le XV de France ? Si on ne veut pas avoir à choisir il faut une vraie entente, ce qui semble inconcevable aujourd’hui. C’est la seule solution si l’on veut que l’équipe de France soit compétitive. Quoique ça n’offrira aucune garantie. Si on a envie que l’équipe de France soit à armes égales avec ses adversaires, c’est indéniable, il faut que la Fédération et la Ligue se mettent d’accord dans les plus brefs délais. Les joueurs de l’équipe de France ne passent pas suffisamment de temps ensembles, et forcément la mayonnaise n’a pas le temps de prendre, c’est l’une des raisons qui justifie le mauvais fonctionnement du XV de France.

Et alors qui doit revoir sa formule ? La Ligue ou la Fédération ?

Les deux ! S’ils ne se mettent pas d’accord ça restera comme aujourd’hui. Nous, les joueurs, sommes salariés de la Ligue et non pas de la FFR. Quand j’étais encore en activité je devais des comptes à mon employeur qui était le club et non pas à l’équipe de France. Donc il faut qu’il y ait la volonté des clubs sinon on n’avancera pas ! Ou alors il faut que la fédération fasse le choix de se mettre sur le modèle des clubs, en entrant dans des négociations avec les agents des joueurs. Ensuite le joueur fera le choix de jouer pour un club ou pour l’équipe de France, avec un contrat en bonne et due forme. Donc le problème, selon moi, vient de l’absence de coordination entre la Ligue et la Fédération ! Et au final les clubs, le XV de France et surtout les joueurs sont prisonniers du système.

À titre personnel, auriez-vous accepté de signer un contrat avec la fédération ?

Oui j’aurais accepté, sur une période de quatre ans, pour préparer une Coupe du monde. Mais toujours est-il qu’il faut avoir la possibilité d’évoluer en club quand l’équipe de France n’est pas réunie. Et si jamais ça va au clash, les clubs peuvent dire « vous gardez Nallet sous contrat et nous, on ne le prend dans aucun club ». Et dans ce cas-là, en tant que joueur je suis bien dans la misère ! (rire) Je ne peux pas me permettre de faire un tournoi et une tournée par an ! Donc s’ils veulent faire bouger les choses, ils ont obligation de trouver une entente rapide.

De nombreux supporters pensent que les joueurs disputent trop de matchs par saison pour être compétitif, qu’en pensez-vous ?

Faut pas rêver, j’ai parfois fait des saisons à 45 matchs avant de partir en équipe de France et c’est un problème, mais ce n’est pas tout. Il y a également les blessés, les méformes … Ça fait pas mal de choses à revoir pour que le XV de France soit de nouveau compétitif. Mais il y a des facteurs X que l’on ne pourra jamais maîtriser.

Il y a quatre ans vous jouiez une finale de Coupe du monde, comment expliquez-vous que le XV de France ait pris autant de retard ?

Il faut se méfier de cette Coupe du monde 2011… Nous avons accédé à la finale et ça a effacé tout ce qu’on avait fait auparavant. Mais je crois qu’il faut se rappeler qu’on était décrié et qu’on nous reprochait d’avoir de mauvais résultats. On pouvait lire ci et là, qu’on était nul, que l’équipe de France allait droit dans le mur. Puis faut pas déconner, on sort des poules avec deux défaites dont une face aux Tonga, on n’avait pas le niveau des meilleures équipes ! Bon après sur trois matchs on s’est transcendés pour obtenir des résultats. Mais enfin de compte en accédant à la finale et en ne perdant que d’un point, on n’a fait que repoussé le problème. En 2011, le rugby français était déjà en crise !

Et sur le terrain, que faut-il faire pour sortir le XV de France de ce bourbier ?

Pour la suite ça sera à Guy Novès de choisir. Il aura besoin de s’appuyer sur deux trois joueurs qui ont connu l’équipe de France. Il va avoir besoin de lancer de nouveaux joueurs également, mais ça, c’est à lui de voir. Mais pour moi, que ce soit Guy Novès ou pas, il va être confronté aux mêmes problèmes que les autres.

Finalement, si on vous écoute, cette génération semble sacrifiée et une éventuelle réforme prendrait effet, non pas pour 2019 mais au mieux pour 2023 ?

Oui ! De toute façon à un moment ils devront trouver un fonctionnement pour que les joueurs soient plus concentrés et appartiennent à cette équipe de France. Quand t’es joueur, c’est ce que je disais, tu restes avec ton club puisque c’est ton patron. C’est lui qui te rémunère donc forcément la position du joueur est toujours un petit peu ambiguë au milieu.

Du coup, selon vous, le championnat doit être délaissé, au profit du XV de France…

Alors non, attention ! J’ai une entreprise, des salariés et si je dois les payer pendant quatre mois alors qu’ils ne sont pas là, ça va me foutre les boules, même si je le sais en leur proposant un contrat. Mais toujours est-il qu’il y a toujours ce problème d’argent qui doit être pris en compte. On ne doit pas sacrifier l’un pour l’autre, on doit réussir à faire rouler les deux ensembles. Mais la Ligue et la Fédération vont devoir faire propositions rapides. Et si, en fin de compte, on décide de rester sur ce système, parce que notre championnat est beau et tout ce qu’on peut entendre, très bien ! Mais alors il faudra arrêter de s’agacer avec cette équipe de France ! Propos recueillis par Pierrick Ilic-Ruffinatti

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