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Meyer, l’avenir en questions

Par Jérôme Fredon
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    Meyer, l’avenir en questions
Publié le Mis à jour
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Sous le feux des critiques depuis la Coupe du monde, Heyneke Meyer saura si la Saru lui confie un nouveau madat à la mi-décembre.

Heyneke Meyer peut-il rester aux commandes des Springboks quatre ans de plus? Après un Mondial anglais mitigé, il devra convaincre ses patrons à la Fédération (Saru) qu’il est encore l’homme de la situation. En fin de contrat le 31 décembre prochain, Heyneke Meyer bénéficiera en tout cas d’un peu plus de temps pour développer son argumentation. Cette semaine, la Saru a décidé de reporter d’une dizaine de jours sa décision relative à l’avenir son sélectionneur, sans donner toutefois plus d’explications. Heyneke Meyer devrait désormais être fixé sur son sort à la mi-décembre. La Fédération sud-africaine avait initialement prévu de rendre son verdict le 5 décembre. La Saru serait-elle gagnée par le doute et l’hésitation ? On n’en saurait pas moins à la place des dirigeants sud-africains.

Certes, Heyneke Meyer a fait mieux que son prédécesseur Peter de Villiers éliminé en quarts de finale. Mais la troisième place décrochée à Twickenham ne saurait effacer son bilan très contrasté à la tête des Boks. Si les chiffres parlent largement pour lui (36 victoires en 52 tests disputés), la manière laisse en revanche beaucoup plus à désirer. Heyneke Meyer fait face à un feu nourri de critiques de la part des médias et des dirigeants de la nation arc-en-ciel. Ses détracteurs lui reprochent son plan de jeu sclérosé et son manque d’allant généralisé quant aux objectifs de transformation raciale de l’équipe. Heyneke Meyer n’aurait pas suffisamment cherché à élargir le spectre du rugby sud-africain toujours autant obnubilé par la conquête et l’occupation. Ce jeu monocorde et dépassé aurait conduit à la perte des Springboks défaits à 5 reprises lors de leurs 11 matchs joués cette année. Cet aveuglement tactique aurait entraîné la défaite honteuse face au Japon (34-32) à Brighton en ouverture du Mondial. La plus grosse claque reçue par les Boks depuis leur retour dans le concert international en 1992.

Pas en phase avec la transformation

Malgré le redressement spectaculaire de son équipe battue d’un rien en demi-finale (20-18) par la Nouvelle-Zélande, Heyneke Meyer aurait aggravé son cas à l’occasion du match pour la troisième place face à l’Argentine. Comment le boss des Boks s’est-il débrouillé pour se tirer une balle dans le pied alors que ce match comptait pour du beurre ?

Son tort aux yeux des défenseurs de la transformation raciale est d’avoir fait jouer Ruan Pienaar quasiment toute la partie et d’avoir seulement accordé 3 minutes de jeu au demi de mêlée métis, Rudy Paige alors que le score était acquis depuis longtemps. Heyneke Meyer avait également omis de prendre le flanker Siya Kolisi symbole de l’Afrique du Sud post-apartheid – il a grandi dans l’un des townships les plus durs du pays - dans son groupe des 23 pour cette rencontre. Le patron des Springboks n’a pas tenu ses engagements en termes de « brunissement » de son équipe. La Saru s’était engagé par écrit auprès du ministère des sports à faire figurer au moins sept joueurs non blancs par feuille de match. Mais le sélectionneur des Boks n’a jamais atteint cet objectif de quotas de couleur. Ce problème de transformation raciale des Boks est un casse-tête auquel ont été confrontés tous les sélectionneurs des Springboks depuis la fin de l’Apartheid. 90 % des 55 millions de Sud-Africains sont actuellement des Noirs. «Dans chaque guerre, il y a des pertes et Meyer n’a pas rendu service à ses jeunes espoirs que sont Paige et Kolisi, assure ainsi son prédécesseur Peter de Villiers dans les colonnes du Times. Il est temps que Meyer soit honnête avec les fans sud-africians car si personne ne s’attache à refermer les cicatrices de ce pays, il y aura un déchaînement de colère dans des proportions jamais vues ».

John Plumtree et Nick Mallett plébiscités

Heyneke Meyer fait néanmoins la sourde oreille affirmant qu’il mérite de se voir confier un nouveau mandat de quatre ans. « Le verbe abandonner n’a fait pas partie de mon vocabulaire, se défend-il. Cette équipe a connu des moments très difficiles. Mais elle possède un énorme potentiel. Si je parviens à rassembler tous les membres de la famille sud-africaine, notamment les entraîneurs de Super Rugby derrière cette équipe, et à faire passer nos meilleurs éléments sous contrats centralisés, je pense qu’aucune formation au monde ne pourra nous arrêter. Les Springboks peuvent être invincibles ».

Cette vibrante ode à la gloire des Boks a-t-elle eu l’effet escompté ? Heneyke Meyer parviendra-t-il à avoir les dirigeants de la Saru aux sentiments? Pas si sûr si l’on se fie aux rumeurs insistantes circulant dans les couloirs de la Fédération sud-africaine. Selon des sources proches du dossier, Heyneke Meyer pourrait s’effacer au profit de l’ancien coach des Sharks, John Plumtree. Reparti en Nouvelle-Zélande l’an dernier, le technicien kiwi jouit d’une cote très élevée auprès des supporters et des observateurs sud-africains. Sous sa houlette, les Sharks ont mis fin à douze années d’échec en Currie Cup et ont disputé la finale du Super Rugby en 2012. John Plumtree possède également l’avantage de bien connaître le rugby international pour avoir été un an et demi durant l’adjoint de John Schmidt en Irlande. L’ancien deuxième ligne a redonné ses lettres de noblesse au pack des irlandais. Les noms de son compatriote John Mitchell, d’Allister Coetzee et de Nick Mallett reviennent également avec insistance. Pour l’ancien guide du Stade français et de la Squadra Azzurra, il s’agirait d’un retour aux sources. Il a dirigé les Boks de 1996 à 1997. Sous ses ordres, les Springboks ont connu l’une des périodes les plus dorées de leur histoire en remportant 17 rencontres d’affilée. Près de 20 ans après, ce record de victoires tient toujours. Les Springboks en quête d’un nouveau souffle, sont à un tournant.

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