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David Gérard : « Je garde l’image d’un grand enfant »

Par Jérémy Fadat
  • David Gérard : « Je garde l’image d’un grand enfant »
    David Gérard : « Je garde l’image d’un grand enfant »
Publié le Mis à jour
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L’ancien joueur de Bordeaux-Bègles, de Toulouse, de Northampton ou du Racing, David Gérard, a terminé sa carrière à Marseille. Où il a côtoyé Jonah Lomu durant la saison 2009-2010 en Fédérale 1, lequel connaissait alors sa dernière expérience de joueur... Il raconte son Lomu.

« J’ai le cœur gros. Je ressens beaucoup de tristesse. Jonah se battait depuis très longtemps et il a eu une seconde chance. Cela n’a pas forcément marché mais il a toujours continué cette lutte incessante. J’ai lu que son objectif était de tenir jusqu’aux vingt ans de ses enfants. Malgré son courage, son cœur et son abnégation, il n’y est pas parvenu. Je suis triste. Jonah est un exemple, d’abord pour nous joueurs. C’est le premier mot qui me vient à l’esprit le concernant. Si le rugby est ce qu’il est aujourd’hui, c’est en grande partie grâce à lui. Il a été le précurseur de tellement de choses… Je crois que son départ va nous faire mesurer tout ce qu’il a apporté et quel point il va nous manquer. Le rugby perd son icône. Et, en plus, il perd un bon mec. Je l’ai côtoyé à Marseille (lors de la saison 2009-2010, N.D.L.R.) et j’en garde l’image d’un grand enfant. Comme toute personne qui bénéficie d’une deuxième chance, il faisait preuve de tant de passion et d’envie. Il est revenu dans le rugby, à Marseille, sur la pointe des pieds. Il voulait prouver qu’il était légitime pour redevenir un joueur de rugby. Nous étions deux ou trois autres anciens joueurs de haut niveau au club mais j’étais le seul à avoir déjà joué deux fois contre lui avec l’équipe de France. C’était incomparable. Ce n’était bien sûr pas le Lomu de 1995. Je le voyais comme un nouveau joueur. Il souhaitait seulement être légitime pour porter de nouveau un maillot de rugby. On a forcément beaucoup d’empathie pour quelqu’un qui mène la lutte qu’il a menée, et j’en avais beaucoup. S’il effectuait une semaine d’entraînement classique, il était crevé la semaine suivante et devait être ménagé. Alain Hyardet (l’entraîneur, N.D.L.R.) le savait et se mettait à sa disposition. On ne le jugeait pas car on n’avait pas à le juger. Le simple fait d’être revenu comme il l’a fait mérite le respect. On n’a jamais jugé le niveau qui était le sien à Marseille. La seule chose qu’on a fait, c’est le soutenir et le respecter. Humainement, j’ai quelques souvenirs avec lui. Le contexte n’était pas facile et tout ne s’est pas très bien passé pour nous à cause d’un entourage désagréable… Comme souvent dans ce genre de cas, le groupe se ressoude et Jonah a tout fait pour essayer d’entrer dans le moule de joueurs marseillais. On se voyait énormément en dehors, on s’invitait les uns chez les autres. Je me souviens de la fois où ce fut autour de Jonah. Il nous a accueillis chez lui et on a pris une « casquette » mémorable. Lui, il a bu une bouteille de whisky cul sec. Et il n’est pas tombé. C’était un phénomène. Moi, je finis aux urgences si je fais ça. Durant cette période, on avait l’impression d’être revenu en arrière, à l’école de rugby. On était une bande de potes qui s’étaient resserrés. Et je suis content qu’il l’ait partagé avec nous. En-dehors du terrain, sur son comportement, il a toujours été exemplaire. »

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