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Les Pyrénées Atlantiques, citadelle historique du rugby français !

Par midi olympique
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    Les Pyrénées Atlantiques, citadelle historique du rugby français !
Publié le Mis à jour
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Culturellement et sportivement, le département des Pyrénées Atlantiques est un des fiefs du rugby français. Depuis la fin du XIXème siècle et l’initiative de certains pionniers, ce sport s’y est enraciné durablement et a fourni au XV de France une partie de ses meilleurs enfants.

Le comité département 64 est scindé en deux comités territoriaux historiques du rugby français. D’un côté le comité Béarn, et de l’autre le Comité Côte basque-Landes. Dans son livre L’esprit du jeu, l’âme des peuples, Daniel Herrero, laisse une place et un attachement particuliers à souligner la singularité du Béarn d’une part : « Le Béarn est une région gâtée en foyers ovales, dans chaque vallée, mais aussi à l’abri de la grande chaîne, dans les collines autour de Pau, et même jusqu’à Orthez, où le basket racola presque tous les échassiers du coin… » Et du Pays Basque d’autre part : « Par chansons interposées, je découvris les noms de Mauléon, de Bayonne, de Saint-Jean-de-Luz, avant ceux des capitales européennes. Pourquoi les petits rugbymen de Toulon apprenaient-ils les chants basques avant la Marseillaise, Le Chant des partisans ou Douce France ? Eh bien couillons, que vous êtes, parce que pour nous, gens d’Ovalie, le Pays basque est une terre de référence. Une cathédrale. […] Au Pays basque, depuis des millénaires, les hommes soulèvent des pierres, tirent sur des cordes, et taillent en pièce des troncs d’arbre. Ils sont aussi les maîtres de ce jeu à nul autre comparable, la pelote. Ces traditions ancestrales auraient pu s’irriter de l’arrivée de la belle Ovalie. Ils l’accueillirent avec amour, et elle entra, fière comme une jeune mariée, dans la famille. » Si en 2015, ils font partie des comités qui ont enregistré les plus faibles hausses de licenciés (Côte basque-Landes + 22 % et Béarn + 13 %), comparativement à leurs faibles superficies respectives, ils font proportionnellement partie des comités où le nombre de licenciés est le plus élevé. Le comité Béarn, compte actuellement environ 8 000 licenciés. Soit autant que le comité Pays de la Loire alors que celui est au moins deux fois plus grand. Enfin, on recense 67 clubs en tout sur le département des Pyrénées-Atlantiques.

Une implantation du rugby à nulle autre pareille en France

De par la combinaison de phénomènes sociohistoriques, le rugby s’est implanté dans la région grâce à la communauté estudiantine comme à Paris, et Bordeaux ainsi qu’à l’influence des Anglais, appréciant ce coin de France pour des raisons touristiques à Biarritz et Pau notamment mais aussi commerciales à Bordeaux. Philippe Tissié a aussi joué un rôle important dans la démocratisation du rugby comme outil pédagogique et éducatif. Par ailleurs l’ancien jeu de la « barrette », sport assez similaire au rugby, a également constitué un terreau propice au développement de la balle ovale. Le rugby s’est donc d’abord implanté grâce aux membres de la classe supérieure, avant de séduire ceux de la classe moyenne mais aussi les agriculteurs et les ouvriers, dans une région à l’époque très rurale. En 1893, après un match contre le Stade français, A. Mangeot, joueur du Stade Bordelais a déclaré concernant le Pays basque : « Je voudrais être riche pour envoyer à Bayonne, en plein Pays basque, deux de nos meilleures équipes parisiennes qui joueraient quelques matchs de football. Il est bien certain que ce jeu tout de force, de ruse, de souplesse et d’énergie ne manquerait pas d’exciter au plus haut point l’enthousiasme local, et je voudrais qu’en moins de deux ans on puisse former dans ce pays une équipe qui rivaliserait avec les premières de France. Avec les précieux éléments dont l’Union dispose déjà à Bordeaux on constituerait une équipe supérieure » Il ne s’est pas trompé et il n’a pas fallu longtemps pour que des forces se mobilisent, des engouements et des envies naissent pour le rugby dans le Pays basque mais aussi dans le Béarn. Beaucoup de clubs se sont créés au début du XXe siècle et existent encore. Jusqu’à nos jours, les Pyrénées Atlantiques ont été l’un des départements qui a compté le plus de clubs qui ont évolué en première division. Avec trois locomotives qui ont remporté plusieurs fois le championnat de France. À commencer par l’Aviron Bayonnais, club créé en 1904, intialement un club de rame uniquement, dont des passionnés ont voulu créer une section de rugby en son sein et à qui il a suffi de seulement neuf ans pour devenir champions de France et conquérir les foules. Beaucoup ont parlé de «révolution bayonnaise» pour qualifier le souffle qu’a amené l’équipe basque à l’époque, avec des statistiques offensives impressionnantes. En finale en 1913 à Colombes, dans un stade plein à craquer les Bayonnais n’ont fait qu’une bouchée du Sporting Club Universitaire de France (31 - 8). Certains ont surnommé ce match « La Rafale ». Avec un jeu très offensif, et en profondeur, un rugby total pour l’époque fait de passes, de courses de soutien justes et une déferlante d’essais. La presse de l’époque n’a pas manqué d’adjectifs laudatifs et de lyrismes pour valoriser la performance des Basques. Avec pas moins de huit réalisations durant cette finale dont un essai du troisième ligne international Fernarnd Forgues ainsi que quatre transformations de l’ouvreur Gallois Harry Owen Roë. Véritable maître à jouer de cette équipe. Equipe qui tentera de rejoindre la finale la saison suivante mais sera éliminée par Perpignan et sera ensuite vice-championne de France à plusieurs reprises. Le deuxième titre bayonnais, arrriva en 1934 contre le rival et voisin basque du Biarritz Olympique, et le troisième et dernier pour l’instant en 1943 face à Agen, premier champion depuis 1939. Le Biarritz Olympique a quant à lui été créé en 1913 de la réunion de deux clubs le Biarritz-Sporting-Club et le Biarritz-Stade qui jouaient tous les deux sur le stade d’Aguilera. C’est en 1934 que le BO accède à sa première finale disputée à Toulouse contre Bayonne. Finale perdue 13 - 8. Mais les Biarrots se rattraperont l’année suivante en étant remportant le bouclier face à Perpignan en 1935 et 1939. Bayonne et Biarritz ont réellement dominé les années 1930. Mais c’est bien à partir des années 1990 et surtout dans les années 2000 avec Patrice Lagisquet aux commandes, que les Biarrots vont retrouver les premières places françaises avec trois titres de champion de France (2002, 2005 et 2006) et même tutoyer le toit de l’Europe avec deux finales perdues (2006 et 2010).

Par ailleurs, si les Basques, ont brillé, la belle cité de Pau et sa Section n’ont pas non plus été en reste. La Section Paloise a été créée en 1902 et pris le nom de Section Paloise en 1905. A la différence de leurs voisins basques, les Palois ont mis un peu plus de temps à décrocher leur premier titre de champion de France de première division. Puisque ce fut en 1928 à Toulouse face au grand Quillan de Jean Galia, sur un score serré de 6 à 4 avec l’exceptionnel demi d’ouverture qu’était Robert Sarrade ! L’exploit n’était pas mince car l’équipe Quillan montait en puissance à l’époque et sera d’ailleurs championne en 1929 et vice-championne en 1930. La Section ne connaîtra plus les joies de la finale jusqu’en 1946 année de son premier sacre contre le FC Lourdes de Jean Prat. Il faut toutefois noter que les Palois ont remporté le Du Manoir en 1939 et en 1952. C’est pour cela qu’à partir de cette période, Pau s’est taillée la réputation d’être une place forte du rugby français, décrochant son troisième et dernier titre national en 1964 avec François Moncla comme capitaine et face à Béziers.

Enfin, dans le Béarn, Oloron-Sainte-Marie a aussi connu les joies de la première division durant longtemps, mais n’a pas su basculer dans le professionnalisme il y a une vingtaine d’années. Le club évolue désormais en Fédérale 1. Orthez y a aussi goûté en 1956 notamment, mais le club n’a jamais joué les premiers rôles et joue désormais en Fédérale 2. Dans le Pays basque, l’histoire aura donné sa chance à Mauléon, Saint-Jean-de-Luz, Hendaye et Boucau-Tarnos, qui a connu ses grandes heures dans les années 1920 et 1930. Mais tous ces clubs n’ont jamais remporté le titre suprême dans le championnat français.

Fournisseur de grands internationaux français

De nombreux Basques et Béarnais ont fièrement porté le maillot français et ferraillé contre les autres nations du rugby mondial. Et ce, depuis très longtemps. En l’occurrence il ne faut pas oublier qu’un grand nombre de ces plus grands piliers de l’histoire de notre pays sont nés et ont grandi dans ce département. Parmi eux on citera Péio Dospital, Pascal Ondarts, et Jean Iraçabal, sans oublier l’immense et le talentueux pilier droit et le regretté Robert Paparemborde, et bien d’autres ! D’autres avants célèbres ont porté le maillot bleu à l’instar de Marcel Jol, François Moncla, ou encore plus récemment Jean-Michel Gonzalez et Imanol Harinordoquy. Mais les contrées béarnaises et basques ont aussi permis à de somptueux esthètes de ce sport de grandir et de faire briller la France, à commencer par le mythique Jean Dauger, le jeune champion de France Félix Lasserre, ou encore les frères Béhotéguy, Christian Belascain, Henri Haget, Jean Piqué et enfin Laurent Pardo. Dans les trente dernières années, Biarritz a également vu grandir l’un des plus grands joueurs de l’histoire du XV de France, Serge Blanco, souvent surnommé « le Pelé du rugby », le Béarnais Philippe Bernat-Salles a aussi joué de grands matchs avec l’équipe de France, tout comme Christophe Lamaison, Damien Traille et enfin Dimitri Yachvili notamment. Actuellement, de nombreux jeunes joueurs originaires et formés dans les Pyrénées Atlantiques continuent à jouer au plus haut niveau.

Toujours au firmament ?

Certains diront que ce département n’est plus au firmament du rugby français toutefois, si Pau, Bayonne et Biarritz végètent actuellement quelque peu entre le Top 14 et le Pro D2, on ne peut pas nier que de nombreux clubs peuplent et réussissent dans les divisions fédérales. Ils ont également remporté des titres nationaux au cours des trois dernières saisons notamment chez les jeunes, avec Bayonne en Reichel et Gaudermen en 2012 – 2013, Mauléon en Bélascain, Bizanos en Balandrade et Aramits-Barcus en Teulière A la même saison. Et peu de joueurs vous diront que le fait de rencontrer Hasparrens, Nafarroa, et tous les autres, n’a plus une saveur particulière. Dès lors on peut dire que les Pyrénées Atlantiques demeurent un département à part dans le paysage rugbystique français. M. L.

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