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« Les Saints seront revanchards »

Par Marc Duzan
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Publié le Mis à jour
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Ce mercredi, Dan Carter était l’invité d’Invivo (premier groupe mondial des coopératives agricoles, dont il est devenu l’ambassadeur) et de son président, Thierry Blandinières. Au Palais des Congrès, le meilleur joueur du monde en a profité pour livrer ses impressions sur le match de coupe d’Europe à venir et tirer un trait définitif sur le rugby mondial.

À quoi vous attendez-vous face à Northampton, vendredi soir ?

Le combat qui nous attend en Angleterre n’aura rien à voir avec celui de Colombes, la semaine dernière (33 à 3). S’ils perdent vendredi soir, les Saints seront éliminés de la Champions Cup. Ils seront revanchards, déterminés et feront aussi probablement entrer leurs blessés (les frères Pisi et l’international anglais Tom Wood sont attendus, N.D.L.R.). Nous sommes prévenus : Northampton ne nous laissera pas le moindre espace.

Le Racing doit-il encore monter en puissance ?

Oui, bien sûr. La prestation du match aller fut très bonne. Mais cette équipe a un potentiel tel qu’elle ne peut se contenter de ça. Le Racing peut et doit aller plus loin. En cela, le déplacement à Northampton aura valeur donc valeur de test, pour nous.

Comment vous êtes-vous senti, au terme de votre premier match sous les couleurs franciliennes ?

Un peu rouillé, à vrai dire. Il y avait six semaines que je n’avais plus joué un match de rugby et les jambes étaient un peu lourdes. Mes coéquipiers ont donc été formidables. Ce sont eux qui m’ont permis de tenir une heure, à Colombes. Ils ont tout fait pour que mon intégration se passe le plus rapidement possible et je leur en suis reconnaissant.

Comment expliquez-vous la suprématie des All Blacks, au fil des Coupes du monde ?

Chez nous, le rugby est le sport numéro 1. La Nouvelle-Zélande est peut-être le seul pays du monde où c’est le cas. Tout enfant néo-zélandais rêve de devenir un jour un All Black. C’est ancré au plus profond de nous. Le rugby n’est pas religieux mais culturel. C’est encore plus fort, à mon sens. J’ai grandi avec le sentiment que je n’étais que de passage, dans cette équipe mythique. Je n’avais qu’une seule obligation : laisser le maillot noir dans un plus bel état que je ne l’avais reçu. On ne plaisante pas avec cet héritage.

À quoi attribuez-vous l’échec du rugby européen, lors de la dernière coupe du Monde ?

L’Angleterre avait beaucoup de pression et n’a pas su s’en départir. J’ai l’impression, de l’extérieur, que le Super Rugby et les Four Nation sont actuellement les compétitions préparant le mieux les équipes au niveau international. L’exemple de l’Argentine est frappant : les Pumas ont réalisé des progrès incroyables en l’espace de deux ans.

Le Top 14 est-il vraiment le meilleur championnat du monde ?

C’est une compétition incroyable, qui a compris comment séduire les sponsors, les télés et le public. Le rugby doit continuer à grandir, à s’internationaliser et le Top 14 y contribue forcément. Après, peut-être affaiblit-il un peu l’équipe de France… Je ne sais pas… Chez nous, les compétitions de jeunes sont à ce point fortes qu’elles fournissent au rugby néo-zélandais des ressources incroyables de talents. Quand un All Black s’en va, un autre se lève…

Comment le rugby français pourrait-il réagir, alors ?

De ce que j’ai pu comprendre, la fédération française réfléchit en ce moment à un plan d’action pour renforcer ses académies et améliorer sa formation. Elle parviendra à ses fins. Le Top 14 et une grande équipe de France sont loin d’être incompatibles.

Refermons la page rugby. Quels sont les engagements d’un ambassadeur d’une marque ?

J’ai été l’un des ambassadeurs du rugby de mon pays pendant plusieurs années. Représenter une entreprise est juste une autre façon de faire. Je ferai de mon mieux.

Carter et le Haka

Dans une interview donnée au magazine américain The Gentleman’s Game, Dan Carter racontait :

« Mes premiers Haka remontent à l’enfance. À 5 ans, je l’exécutais déjà devant le miroir de ma chambre. Je donnais tout. Je gonflais le torse, je tirais la langue et mes parents trouvaient ça très drôle ! » Trente ans plus tard, Dan Carter ne joue plus. Au fil du temps, ce maillot noir est même devenu, pour lui, une seconde peau. « Ce rituel d’avant-match fait totalement partie de moi. Je le considère comme une source de motivation incroyable. Toute l’énergie et la force du groupe te touchent, quand tu réalises le Haka. Le risque, c’est de lâcher tout son influx nerveux dans la danse guerrière. » Inconcevable, pour un demi d’ouverture. « À mon poste, je suis un peu comme le « quaterback » au football américain : je dois garder la tête froide, faire les annonces, coller à la stratégie. Au fur et à mesure des années, j’ai donc préféré prendre place sur le côté du groupe, lorsque nous faisons le Ka Mate ou le Kapa O Pongo… » Et de poursuivre : « Quand tu grandis en Nouvelle-Zélande, tu vis avec l’idée selon laquelle le rugby n’est pas un sport, mais NOTRE sport ! Une religion ? Non, je ne suis pas d’accord. Pour un chrétien, un musulman ou un bouddhiste, il est des jours où la foi baisse, voire disparaît totalement, suivant les événements qu’il traverse. La passion que voue le peuple néo-zélandais au rugby ne connaît en revanche aucune déflation. Comme tous les gamins de mon village (Southbridge), je me souviens m’être souvent réveillé à trois heures du matin pour regarder les matchs avec mon père, les jours où les All Blacks jouaient en Europe ou en Afrique du Sud. Le pays entier s’arrêtait de vivre. Et on s’attendait tous à ce que les All Blacks gagnent… » Cela n’a jamais vraiment changé. M. D.

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