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Le Japon, surprise sur prise

Par Jérémy Fadat
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    Le Japon, surprise sur prise
Publié le Mis à jour
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Stupéfiant et séduisant vainqueur de l’Afrique du Sud durant le dernier Mondial, le Japon est la grande sensation de l’année rugbystique.

S’il est une nation qui a marqué l’univers ovale, au-delà de la domination d’une Nouvelle-Zélande logiquement sacrée championne du monde, c’est bien le Japon. Jamais une formation n’avait connu un tel essor en si peu de temps. Lorsque l’Australien Eddie Jones est arrivé à la tête des Brave Blossoms, au sortir du Mondial 2011, le chantier semblait immense malgré l’indéniable potentiel du pays du soleil levant. « Le Japon ne doit plus être la risée de la compétition », déclarait-il quelques semaines avant le début de la dernière Coupe du monde. Référence à la seule victoire nippone, laquelle remontait à 1991, face au Zimbabwe, ou aux 145 points encaissés contre une équipe bis des All Blacks en 1995. Au prix d’un travail de structuration stupéfiant durant presque quatre ans, de l’évolution des mentalités à celle de l’approche d’un sport mineur dans le pays, l’ancien sélectionneur des Wallabies est parvenu à offrir une progression aussi étonnante que rapide à son équipe nationale. D’abord au niveau de son jeu d’avants, longtemps point faible des Brave Blossoms, grâce à l’apport de techniciens comme Marc Dal Maso pour la mêlée fermée ou de Steve Borthwick pour la touche. Jusqu’à frapper un premier grand coup en juin 2014, avec un succès sur l’Italie à Tokyo qui a permis au Japon d’intégrer le Top 10 mondial pour la première fois de son histoire… Ce n’était que les prémices du miracle.

Goromaru « superstar »

Tombés dans une poule relevée avec la présence de l’Afrique du Sud, de l’Écosse ou des Samoa, les Nippons se sont présentés en Angleterre dans la peau de légitimes outsiders. Et il ne leur a fallu qu’un rendez-vous pour réaliser le plus grand exploit jamais observé en Coupe du monde. Samedi 19 septembre : le Japon s’impose (34-32) face aux terrifiants Springboks, au terme d’une démonstration collective et surtout d’une ultime action d’anthologie sur laquelle les coéquipiers du capitaine Michael Leitch ont fait preuve d’une audace et d’une maîtrise incroyables. « Je n’y crois toujours pas, nous confiait le troisième ligne Hendrik Tui, au lendemain de cette prouesse. On a contribué à modifier le cours de l’histoire. » Celle du rugby mais aussi et surtout celle d’une nation dont l’attribution du Mondial 2019 était remise en cause. En une journée, elle s’est imposée à tous. Fruit de l’acharnement d’Eddie Jones. « On a effectué le boulot le plus rude du monde depuis quatre ans », affirmait alors le buteur Ayumu Goromaru. L’arrière japonais, l’un des métronomes les plus réguliers de l’édition anglaise, soudain propulsé « superstar » chez lui, jusqu’à ériger une statue à son effigie en plein Tokyo. L’icône qu’il manquait au Japon… Pays qui s’est, dès lors, enfin intéressé à ce sport. La meilleure preuve : les 25 millions de téléspectateurs qui ont assisté à la victoire face aux Samoa pour le dernier match de la compétition. Nouveau record mondial.

2019, objectif suprême

Alors certes, les Brave Blossoms ne sont pas parvenus à relever leur pari fou d’atteindre les quarts de finale. La faute à une défaite face au XV du Chardon, seulement quatre jours après son exploit sud-africain. Mais en devenant la première équipe à aligner trois succès en phase de groupe, pour un seul revers, le Japon s’est élevé au rang de sensation. La très belle et rafraîchissante surprise de l’année 2015. « Je crois qu’après de telles prestations, plus personne ne pourra se moquer de ce pays », défendait Marc Dal Maso en pleine Coupe du monde. Un doux euphémisme. Avec un championnat en pleine expansion, lequel attire toujours plus de stars sudistes, des moyens financiers quasi-illimités et enfin une structure efficace, il a même plutôt de quoi effrayer les grandes nations pour l’avenir. Surtout que 2019 est maintenant l’objectif suprême. Bien sûr, les Brave Blossoms devront se remettre du départ du gourou Eddie Jones – qui a pris les rênes de la sélection anglaise – mais leur ascension ne demande qu’à être irrésistible.

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