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C’était 2015 : « PSA », échec en trois actes

Par Emmanuel Massicard
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    C’était 2015 : « PSA », échec en trois actes
Publié le Mis à jour
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L’année 2015 fut marquée par le cuisant revers des Bleus en Coupe du monde. Un échec qui est avant tout celui du sélectionneur, Philippe Saint-André. Décryptage.

2015 aurait pu être son année, celle du rachat avant tout. Un an et une douzaine de rencontres pour oublier trois saisons précédentes qui furent d’une rare indigence au pays des tricolores. Un an et une dizaine de mois qui finirent comme l’aventure avait commencé, dans l’ennui et l’absence de résultats. Philippe Saint-André a ainsi échoué où Marc Lièvremont lui-même avait réussi en 2011, déjouant jusqu’aux plus optimistes des pronostics : mener ses joueurs à la révolte, quitte à devenir la tête de turc de l’ensemble du rugby français. PSA, lui, a perdu sur toute la ligne. Tour d’horizon de ses méfaits.

Un rugby dépassé

L’ancien capitaine du XV de France n’a jamais brillé, sur le terrain, par la flamboyance de son rugby, ou sa grandiloquence. L’honnêteté nous pousserait à considérer le joueur sous le double prisme du pragmatisme et du défi. Le technicien qui a pris sa relève s’est inscrit dans ses pas. Il fallait certainement être fou pour attendre de son passage une révolution culturelle, faisant du XV de France une équipe joueuse, audacieuse et assez spectaculaire pour résister à la concurrence de l’hémisphère sud. Saint-André a construit un rugby de peu, dépassé, comptant sur la dimension physique et la solidité d’une défense qu’il prit même en mains en 2013 (était-ce son rôle ?) pour maintenir l’illusion. Le château de cartes s’est écroulé en mars dernier, quand le XV de France livra son meilleur match du mandat PSA sur la pelouse de Twickenham, face à l’Angleterre, pour finir par encaisser plus de cinquante points. Aveuglé par la peur de perdre, le sélectionneur n’y vit aucun signe encourageant et refusa de relever le pari du jeu. Résultat : il s’en remit à la seulement préparation physique pour tenter de rivaliser pendant le Mondial. Résultat : les Bleus furent encore une fois largués, livrés à eux-mêmes et incapable de se retrouver dans un destin collectif. Pire, quand toutes les autres formations travaillaient offensivement pendant la Coupe du monde pour devenir meilleures et surprendre la concurrence, Saint-André imposait à ses hommes des séances supplémentaires de défense avant d’affronter la Roumanie et le Canada. Il ne faut pas plus d’explications pour comprendre les difficultés des Bleus à s’exprimer collectivement face à ces adversaires, après deux mois de préparation passés à jouer sans ballon, sous les barres de musculation. Il n’en faut pas davantage pour savoir que les Bleus, malgré de belles paroles, n’avaient aucune chance face à l’Irlande et la Nouvelle-Zélande.

Un bilan catastrophique

Avant-dernier du Tournoi, éliminé en quart de finale du Mondial après la plus lourde des humiliations vécues par une équipe à ce stade de la compétition… L’année Saint-André fut tout simplement catastrophique au plan des résultats. Les deux victoires en matchs amicaux (Angleterre et Ecosse), suivies de performances encore plus inabouties face à l’Italie, la Roumanie et le Canada sont des mirages qui n’ont pas dupé grand monde. Saint-André termine ainsi avec le pire des bilans dans l’histoire des sélectionneurs français, lui qui rêvait d’asseoir sa suprématie et de faire mieux que Laporte, son éternel rival. Dans son sillage, l’équipe de France n’a remporté aucune victoire majeure face aux ténors. Elle s’est juste contenté de succès minimalistes.

Qui m’aime me suive…

Dans sa quête de performance, sans doute obnubilé par les difficultés rencontrées par Marc Lièvremont face aux « sales gosses » de 2011, Philippe Saint-André a tout construit autour d’un vestiaire largement acquis à sa cause. Il a chassé les forts en gueule (Trinh-Duc, Mermoz, Médard…) et même, pendant un temps, remis Dusautoir en questions avant de se rendre à l’évidence. En s’appuyant sur des hommes qui lui étaient fidèles (Papé, Chouly, Bastareaud, Tillous-Borde, Michalak), il s’est acheté la paix sociale. Résultat, si personne ne l’a effectivement remis en cause, si personne n’est jamais venu contester ses choix, pas un des joueurs ne s’est levé pour sonner la révolte. Du coup, les Bleus, déjà perdus par l’absence de projet de jeu, de repères, de confiance et de légitimité, ont baissé la tête jusqu’à l’échafaud : les cinq jours de préparation avant d’affronter les All Blacks en quart de finale du Mondial se sont déroulés comme si de rien n’était… ou presque. Pas de révolte et pas d’exploit. Celui qui voulait tout maîtriser, qui avait fini par tout diriger seul en mettant à l’écart l’ensemble de son staff (en dehors des préparateurs physiques) s’est retrouvé trop isolé pour sortir la mélasse, démuni rugbystiquement et aussi pris au piège de son management, avec des joueurs auprès desquels il n’inspira jamais la crainte. Chroniques d’un échec annoncé…

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