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Carré : «Je ne suis pas philantrope …»

Par midi olympique
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    Carré : «Je ne suis pas philantrope …»
Publié le Mis à jour
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Ce week-end Colomiers reçoit l’Usap à domicile, pour un combat qualificatif. Affichant un visage ambitieux depuis les dernières semaines, les Haut-Garonnais sont proches d’un exploit qui n’a pas été réalisé depuis une éternité. Alain Carré, le président du club et vice-président de la Ligue, se confie sur les résultats, examine le rugby français et parle d’avenir. Rencontre.

Vendredi soir vous recevez Perpignan, cinquième au classement et juste devant vous avec un point d’écart. Ce match c’est le tournant de votre saison…

Il faut d’abord que la pression ne soit pas négative. C’est vrai que cette confrontation est importante. Qui aurait dit qu’un jour Colomiers jouerait des épaules aux côtés de l’Usap pour les qualifications ? Moi en tout cas, jamais je ne l’aurais imaginé. Aujourd’hui c’est le cas, donc ce sera victoire impérative. Il ne faut pas galvauder ce match que l’on a joué à Dax et la victoire contre Aurillac. Ce match sera particulier pour Bernard Goutta notamment, qui a sûrement plus la pression que ses joueurs (rires). Même s’il ne le laisse pas paraître. Moi-même je suis catalan, mais vendredi je serai Bleu et Blanc, forcément.

La compétitivité qui est la vôtre actuellement, faisait-elle partie du projet du club ?

Il s’était dit qu’un jour nous voulions accrocher une demi-finale. Nous nous sommes donné trois/quatre ans pour y parvenir. Force est de constater que nous avons progressé ces trois dernières années. Après notre montée de Fédérale 1 nous avons fini 10e, la saison suivante 9e, puis 8e. La progression, aussi mince soit elle, est quand même là. Aujourd’hui nous sommes dans le ton de tête et nous allons tout faire pour cette demie.

Colomiers est souvent considéré comme un club de Pro D2 voué à ne jamais atteindre le niveau supérieur. Votre club a-t-il les épaules pour le Top 14 ?

Non. Il faut être ambitieux, mais cette ambition doit être raisonnable. Aujourd’hui Colomiers n’a pas les moyens de boxer en Top 14. Malgré tout c’est la compétition, s’il arrive une surprise nous ne pourrons pas reculer, mais ce n’est pas ce qui nous empêche de dormir !

Que se passerait-il alors en cas de succès et d’une montée ?

Nous essayerions d’être très raisonnables dans notre recrutement, l’apport financier supplémentaire que nous aurions en cas d’accession, nous le consacrerions essentiellement sur le sportif. Cela serait quelque chose de grandiose mais vraiment à maîtriser. Nous n’en sommes pas encore là.

En parlant d’aspect financier et en tant que vice-président de la Ligue, quel regard portez-vous sur les droits TV qui prennent de plus en plus d’ampleur dans le rugby ?

Je ne vais parler que de Pro D2, ces droits ont mis en avant la compétition. Le championnat est devenu très attractif. Nous avons fait un bond en avant médiatiquement, je pense que c’est une très bonne chose. En ce qui concerne Colomiers, c’est très bien car il n’est pas toujours facile de cohabiter avec le Stade toulousain.

Vous parlez du Stade toulousain, souffrez-vous d’un manque de supporter et de soutien ?

En effet, nous sommes les voisins du Stade toulousain que l’on respecte et que l’on supporte. Je suis très ami avec René Bouscatel et j’ai toujours le souhait, le rêve qu’un jour nous puissions faire un partenariat avec le Stade toulousain, cela se met un petit peu en place. Pour en venir aux supporters, il est vrai que nous avons une affluence de 4000 spectateurs en moyenne, ce qui n’est pas énorme. Mais c’est incomparable avec Toulouse, c’est une autre compétition, tout simplement.

Afa Amosa fait de grosses prestations à La Rochelle, avez-vous des regrets ? Il y a eu un gros sac de nœud autour de son départ… Éclairez-nous.

Afa est un joueur que l’on a recruté lorsqu’il était en Espagne. Personne ne le connaissait et effectivement, il a montré beaucoup de choses. Il était décidé que si un jour un club de Top 14 l’approchait, nous pourrions discuter. C’est ce qu’il s’est passé avec La Rochelle, Vincent Merling m’a appelé. Il voulait au départ le faire venir avant le début de la saison, ce que j’ai refusé car je ne voulais pas qu’il fasse office de joker pendant la Coupe du monde pour ne plus disputer un match après. La Rochelle a alors prouvé son intérêt pour Afa, que j’ai donc libéré. Toulon était également intéressé, mais comme ils le sont, d’après moi, par beaucoup de monde… L’intérêt que Mourad (Boudjellal N.D.L.R) portait sur Afa n’était pas assez fort. Le Stade toulousain était dans le même cas. Nous avons donc décidé de le garder pour cette période. J’ai pensé aux intérêts d’Afa mais aussi à ceux de mon club, je ne suis pas non plus philanthrope. Financièrement nous avons eu un apport très intéressant. Cependant, cela a été réfléchi, il n’était pas question de jouer à choisir le plus offrant.

Y a-t-il trop de joueurs étrangers en France ?

Cette affluence étrangère est en effet sur toutes les langues. On entend beaucoup de choses comme « si l’équipe de France est au trou c’est à cause des étrangers… » etc. Il faut quand même savoir qu’aujourd’hui, les étrangers, nous en avons besoin. Cependant, les étrangers recrutés devraient être d’un niveau inférieur aux Français. Soit on fait venir une vedette, car cela apporte à une équipe sur le plan sportif, médiatique et des partenaires, soit on recrute français. Si on peut faire autrement, il faut pouvoir le faire. À Colomiers, nous avons quelques étrangers, cela apporte de la différence, mais personnellement, si je peux recruter des Français, je recrute français. D’après-moi, qu’il y ait moins d’étrangers en France ne peut-être que bénéfique pour notre rugby.

À l’image de l’international gallois, Christopher Czekaj, que l’on ne voit pas beaucoup sur vos feuilles de match, est-il plus difficile d’intégrer les étrangers ?

Chris est un super mec, y a-t-il eu un problème d’adaptation ? Force est de constater qu’il n’a pas beaucoup joué. Pour savoir pourquoi, il faudrait demander aux coachs. Mais nous mettons les meilleurs au poste. L’adaptation est certainement plus difficile.

Avec des ambitions grandissantes, où en est votre recrutement ?

Je ne suis pas le seul à le dire, un bon recrutement c’est avant tout pouvoir conserver nos bons éléments. Aurélien Béco, le capitaine, vient de re-signer trois ans avec nous. Le jeune Joris Cazenave a également signé trois ans. Pour l’instant, ce sont les deux seuls contrats actés. Il y aura entre six et sept recrues à Colomiers la saison prochaine, pas plus. Même si nos ambitions grandissent, il n’est pas question de dépasser la masse salariale qui m’est imposée. Concernant les départs, David Skrela arrête sa carrière et d’autres joueurs ne seront pas conservés. Le départ de David (Skrela N.D.L.R) engendre une grosse perte sportive et humaine. Nous perdons aussi un leader. C’est comme ça… Nous lui ferons une grande fête. Lui offrir un départ sur une demi-finale, ce serait un rêve ! Propos recueillis par Fanny Canals

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