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Les combats du chef

Par Marc Duzan
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Publié le Mis à jour
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Quelque peu engourdi par le poids des responsabilités, Guilhem Guirado fut moins présent qu’à l’habitude. Autopsie d’une grande première.

« La première fois est toujours la plus difficile, assure Pascal Papé, capitaine des Bleus aux prémices du mandat Saint-André. Mener le XV de France n’a rien à voir avec le fait de mener un club. En sélection, il faut penser à tout un tas de trucs assez parasitaires, en fait… » Pour son baptême du feu, Guilhem Guirado a dû composer avec le discours d’avant match, le mano à mano avec l’Irlandais JP Doyle, le face-à-face avec la cinquantaine de journalistes attendant, la plume au vent, que l’un des deux plus hauts dignitaires du rugby français ne délivre la sainte parole. Verdict ? On jurerait aujourd’hui que le poids des responsabilités a quelque peu gêné Guirado, sur le terrain. Moins perforant qu’à l’habitude ? Moins fort dans les duels qu’il ne le fut sous les ordres du Goret, à l’époque où il n’était qu’un lieutenant de Dusautoir ? Probablement. Papé enchaîne : « Guilhem n’a pas fait un grand match mais il n’a pas été mauvais, non plus. Il a peut-être moins avancé qu’à l’accoutumée mais termine la rencontre comme meilleur défenseur du match (treize plaquages, N.D.L.R.), avec également un très bon pourcentage de réussite au lancer. Sa copie est loin d’être dégueulasse. »

La performance sportive est importante. Celle qui suit l’est tout autant. Et sur l’aspect « VRP » du poste, le capitaine du XV de France possède encore une marge de progression importante. D’un naturel mesuré, taiseux, Guilhem Guirado ne goûte que fort peu à l’exercice de la conférence de presse, laquelle incarne pourtant le premier reflet de l’après-match, le point culminant des interrogations de plusieurs millions de téléspectateurs. Laconique, parfois las, le talonneur du RCT éprouve encore certaines difficultés à prendre du recul sur ce combat de quatre-vingts minutes qu’il vient tout juste de livrer : « Ce n’est pas évident, poursuit Papé. Il m’avait fallu du temps pour appréhender cet exercice-là. Le mieux, c’est de rester naturel, de parler comme on cause dans la vie de tous les jours… »

Casque d’or croit en lui

Le jour où Guy Novès s’est mis en quête d’un bras droit, il aurait logiquement interrogé Yannick Bru et spontanément, l’entraîneur des avants aurait alors désigné Guirado, leader par l’exemple d’une génération blessée. Morgan Parra avait-il été jugé trop individualiste ? Pas assez performant comme joueur ? Yoann Maestri pas toujours irréprochable ? La grande précarité du statut de Damien Chouly en équipe de France aurait-elle pu supporter une si soudaine promotion ? Autant de questions qui restent encore en suspend. Toujours est-il qu’au moment où il fut officialisé par l’ancien manager toulousain, le choix de Guilhem Guirado ne souffrit de la moindre contestation. « La grandeur d’un capitaine ne vaut que par le crédit que lui accordent les quatorze autres, explique Jean-Pierre Rives, skipper des Bleus dans les eighties. Un grand capitaine doit savoir donner de son temps, de son attention et, surtout, de son énergie. Guilhem Guirado est généreux, altruiste et écouté. Cela se voit, cela se sent. Vous savez, on ne peut condamner quelqu’un sur une première. Quand je fus nommé, je n’étais même pas capitaine de moi-même. Il m’a fallu du temps pour appréhender ce rôle. Et ce temps, on me l’a accordé… »

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