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«Nous ne sommes pas arrivés»

Par midi olympique
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Publié le Mis à jour
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L’entraîneur, Pierre Mignoni, revient sur le titre lyonnais, et évoque l’avenir du club lyonnais.

Un joueur a fait remarquer que vous alliez enfin pouvoir souffler ?

(Il sourit). Oui je souffle. C’est un ouf de soulagement et beaucoup de joie. La saison est longue. Nous avions beaucoup de pression pour réussir. Être champion à six journées de la fin, c’est super. Je félicite les joueurs pour leur régularité. Nous n’avons pas toujours été parfaits, ni très bons. Ce sont les aléas de toutes les équipes. Dans toutes les compétitions, jamais une équipe n’est à cent pour cent du début à la fin. Une bonne équipe est une équipe qui a confiance en elle, qui ne lâche rien, qui a du caractère. Nous en avons eu beaucoup cette saison. Je l’ai dit aux joueurs, cela se passe entre eux. Je pense que cela va nous aider pour l’année prochaine. Il ne faut pas s’enflammer, le chemin est encore long. Nous avons beaucoup de retard.

Sur quel plan ?

Je parle du sportif. Le Lou est monté et descendu deux fois ces dernières années. C’est un traumatisme. Il y a eu beaucoup de changements de joueurs. Il faut pérenniser le club, pérenniser le groupe. Nous n’y parviendrons pas encore la saison prochaine. Douze joueurs ont été annoncés, un ou deux autres devraient arriver. Cela fait encore beaucoup d’arrivées. Nous sommes obligés de passer par là. J’espère ensuite stabiliser l’effectif mais nous n’en sommes pas encore là. Il y a beaucoup de travail.

Romain Loursac, qui a gagné trois titres en Pro D2, et le capitaine, Julien Puricelli, ont fait remarquer que le titre était une bonne choses, mais que la vraie victoire serait de se maintenir en Top 14 dans un an. Partagez-vous leur avis?

Ce soir, je suis très heureux au fond de moi. J’ai eu la chance de remporter des titres en Top 14 et en Coupe d’Europe. Celui-ci a autant de valeurs que les autres. Il y a autant de joie. Mais... Il y a un «mais» ! L’objectif suprême du Lou est de s’installer au plus haut niveau, sur plusieurs saisons. Nous en sommes encore très loin ! Les joueurs, comme Romain, qui ont déjà connu deux montées, en ont un peu marre. J’espère pour eux. En avoir marre ne suffit pas. Toutes les équipes sont compétitives et ont envie de rester en Top 14. Ce sera à nous de faire la différence. Ce titre est une étape, importante, mais c’est une étape. Nous avions deux ans pour monter. Les dirigeants ne nous avaient pas mis une grosse pression mais nous l’avons malgré tout sentie tout au long de la saison. Il faut l’assumer. Quand tu as le plus gros budget, tout le monde t’attends. Mais ce n’est pas une assurance de victoires. En Top 14, le plus gros budget n’est pas toujours champion. Le sport reste heureusement une histoire d’hommes. Et aujourd’hui, nous avons été des hommes. Au Lou, il y a un groupe d’hommes. C’est la raison pour laquelle nous sommes champions à six journées de la fin. Avoir un gros budget nous a beaucoup aidé, je ne vais pas dire le contraire. Je préfère avoir celui-ci qu’un budget trois moins important. Mais ce sont les joueurs qui gagnent. Un entraîneur essaie de les faire bien jouer ensemble, bien vivre ensemble mais il ne peut pas faire de miracles. Et il y a du talent dans cette équipe, pour le Pro D2.

Avez-vous un match référence ?

Tout le monde parle souvent de référence par rapport au jeu. Je pourrais parler de notre déplacement à Aix-en-Provence, que nous avons survolé. Mais le gros match référence est le dernier déplacement, à Bayonne. Sur l’état d’esprit, sur les bases essentielles de ce sport, j’ai vu une équipe. Au niveau du jeu, nous n’avons pas été meilleurs que les Bayonnais, leur entraîneur l’a bien dit. Mais les bonnes équipes et les grandes équipes ne sont pas forcément celles qui produisent le plus beau jeu. C’est prouvé. A Toulon, nous avons gagné des finales. Et nous n’avons pas toujours mérité de la gagner, mais nous l’avons gagné. En début de saison, les deux premières victoires à l’extérieur, à Mont-de-Marsan et Béziers nous ont permis de lancer le championnat. Nous avons pris très vite la première place et avons réussi à la conserver jusqu’au bout. Ce n’était pourtant pas simple. Nous avons été attendus partout. Le groupe était jeune, avec beaucoup d’arrivées, et était traumatisé par la saison dernière. Les joueurs étaient marqués. Il a fallu tout remettre à flot, intégrer les nouveaux. Cela a vite pris.

Au-delà de l’aspect comptable, la victoire à Bayonne est donc une bonne base pour la suite ?

Pour moi en gagnant à Bayonne, nous sommes un beau champion. C’était la fête là-bas, il y a eu des moments forts avant le match. C’était le premier contre le deuxième, devant la France entière. J’ai senti que les joueurs avaient envie de le faire, que l’équipe avait du caractère. Cela me rassure un peu. Nous avons fait un petit bout de chemin dans la construction de ce groupe qui sera encore là la saison prochaine, en grande partie. On parle des recrues, qui arrivent pour nous faire franchir un palier indispensable. Mais nous avons une ossature. C’était important de le prouver à Bayonne. Nous ne sommes pas arrivés. Mais nous sommes sur le bon chemin.

Plusieurs observateurs, notamment des entraîneurs de Pro D2, saluent votre travail. Comment l’accueillez-vous ?

C’est gentil. Je respecte tout le monde. Et je suis calme, gentil. Du moment qu’on ne manque pas de respect à mon club, à mes joueurs, ça va. Après, j’avance. J’ai connu des hauts et des bas en tant que joueurs. En tant qu’entraîneur, j’ai connu beaucoup de hauts, avec un groupe de joueurs qui savent gagner, de grands compétiteurs, avec Bernard Laporte, Jacques Delmas, avec un président, Mourad Boudjellal, qui est très ambitieux. Je suis encore un jeune entraîneur, j’ai besoin de bien m’entourer, j’ai besoin d’apprendre. Mais le sport de haut niveau ne laisse pas beaucoup de temps. Aujourd’hui, on demande à un jeune joueur français d’être prêt et bon de suite. Avec un jeune entraîneur, c’est pareil. Il y a beaucoup d’enjeu financier. Aujourd’hui, je suis prêt à l’assumer. Quoiqu’il arrive, j’assumerai ce qu’il se passe dans le futur, dans ce club, surtout si cela se passe mal. Et si ça se passe bien, j’en ferai partie mais cela sera la réussite des joueurs. C’est toujours la réussite des joueurs. Si aujourd’hui, nous sommes champions à six journées de la fin, c’est parce que nous avons de bons joueurs, pour ce niveau-là. J’ai joué. L’entraîneur est important, mais, parfois, il pouvait me dire ce qu’il voulait depuis le bord de la touche... (Il sourit) Avec tout le respect que j’ai pour mes anciens entraîneurs ! Ca ne me dérangerait pas que mes joueurs décident l’inverse de ce que je demande depuis le bord du terrain. Je veux du caractère, je veux des mecs qui assument leur choix.

Pendant la saison, vous regrettiez justement d’être parfois trop derrière le groupe...

J’ai envie de tout contrôler. C’est un défaut, ou une qualité, je ne sais pas. J’ai besoin d’être bien entouré, de faire confiance aux gens, mais j’ai besoin de contrôler. Il y a trop d’enjeux économiques. Des gens mettent beaucoup d’argent et il faut le respecter. Ce n’est pas mon argent mais je fais comme si c’était le mien. Lyon est monté et descendu deux fois, c’est trop pour des gens qui sont toujours là, qui investissent encore de l’argent, pour les supporters qui payent leur abonnement. Il ne faut pas être égoïstes et penser à eux.

Vous dites avoir connu des hauts comme entraîneur. avez-vous conscience que la saison prochaine sera un test pour vous et pour le Lou ?

Oui, j’ai connu des hauts, mais je n’ai jamais été dans le confort toute une année... Toulon est la meilleure école de la pression ! C’est fabuleux. J’ai grandi et vécu avec la pression. J’ai toujours été habitué à l’accompagner, plus qu’à l’affronter. L’année prochaine, je réfléchis à la manière dont je vais manager différemment l’équipe. Cette année est semblable à celle vécue à Toulon l’an dernier, avec une grosse exigence envers les joueurs. L’année prochaine, il faudra que j’adapte mon management. Je le sais. Je vais travailler. La réussite passera par une grosse remise en question de ma part, avec l’ensemble de mon staff : Sébastien Bruno, Gérald Gambetta, les préparateurs physiques, les kinés, Jean-Pierre, l’intendant, et Karim Ghezal et Kendrick Lynn, qui vont nous rejoindre. J’ai voulu étoffer le staff pour cette raison. L’objectif est de passer à côté du moins de choses possibles. C’est beaucoup de travail pour Sébastien et moi. Nous sommes encore de jeunes entraîneurs et nous avons besoin d’avoir d’autres regards qui nous apportent d’autres points de vues.

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