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Les formules « magiques » du championnat de France

Par Jérôme Prévot
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    Les formules « magiques » du championnat de France
Publié le Mis à jour
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Retour sur les courses au Brennus les plus alambiquées de l’Histoire.

À l’échelle historique, la formule du championnat restera comme l’un des plus beaux feuilletons de l’histoire du rugby français. Le rugby français n’a cessé d’imaginer des chemins tortueux pour s’approprier le Brennus. Petit florilège des solutions les plus alambiquées qui font qu’on aime ce sport.

1892 : simplicité biblique

Un championnat qui se réduit à… un match, la finale programmée un 20 mars sur la pelouse de Bagatelle au cœur du Bois de Boulogne. La FFR n’existait pas encore, c’est l’USFSA qui organisait avec un arbitre nommé Pierre de Coubertin. On convoqua les deux seuls clubs vraiment structurés de France : le Racing et le Stade français. Moins d’un an auparavant, ils avaient joué le tout premier match interclubs de l’Hexagone. Le Racing emporta 4 à 0 cette première finale de l’Histoire avec un essai, une transformation et un… tenu en but de Frantz Reichel. Voilà comment Carlos Gonzalez de Candamo, capitaine péruvien du Racing, reçut le Bouclier de fraîchement sorti de l’atelier du graveur Charles Brennus.

1945 : les yeux plus grands que le ventre

La FFR avait imaginé un système ultra-complexe autour de… 126 clubs. Jamais autant d’équipes n’avaient eu une chance théorique de recevoir le Bouclier de Brennus au départ d’une saison. Et l’on passe sur les désagréments provoqués par l’Occupation et la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Le championnat s’avéra tellement alambiqué que la Fédération le modifia après les premières journées. Elle qualifia aux forceps 32 équipes pour les phases finales. À noter que la victoire se joua un 7 avril avec la victoire du SU Agen d’Albert Ferrasse et de Guy Basquet. Comme quoi, ces formules embrouillées avaient un avantage, elles ne mangeaient pas beaucoup de dates. La XV de France de maintenant y aurait trouvé son compte.

1946 : Géo Trouvetou aux commandes

L’après-guerre de 1955 à 1949 fut un champ d’expérimentation extraordinaire. Le patron de la FFR se prenait pour Géo Trouvetou ou pour le Docteur Frankestein. En 1946, il toucha le sommet de la créativité : il y avait un tableau A qui comptait 54 clubs répartis en neuf poules de six pour en qualifier 27. Le tableau B accueillait… cent clubs et offrait… cinq places pour la phase finale (154 possibles champions, encore mieux qu’en 1945). Les 32 élus se répartissaient en huit poules de quatre d’où sortait le dernier carré. Pau, Lourdes, Toulon et Perpignan furent les rescapés. Pau s’imposa en finale 11 à 0 contre Lourdes, tout ça un 24 mars. La France aurait eu le temps d’accueillir deux Coupes du monde cette saison-là.

1992 : le grand rattrapage

Nous n’étions qu’à trois ans du professionnalisme mais la FFR était encore capable de pondre des chefs-d’œuvre de complexité. En théorie, 80 clubs avaient une chance d’être champions. 40 formaient le groupe A en quatre poules de dix. Idem pour le Groupe B. Les six premiers des poules du Groupe A étaient qualifiées pour les seizièmes. Mais il y avait entre-temps deux tours qualificatifs : les deux derniers des poules de Groupe A affrontaient les deux premiers des poules du Groupe B ; puis les vainqueurs affrontaient les sixièmes et septièmes du Groupe A. Les vainqueurs retrouvaient les 24 premiers qualifiés pour les débuts d’une phase finale à 32. On pouvait donc commencer la saison par une série de 18 défaites et brandir le Brennus. Ce sont d’ailleurs deux outsiders qui arrivèrent en finale : Toulon et Biarritz. Toulon fut sacré après avoir terminé septième de sa poule.

2000-2001 : 21 clubs et six relégations

Ce n’est pas si vieux et pourtant cette année-là, le championnat débuta avec un nombre impair d’équipes : 21. Il s’organisait autour d’une poule de dix clubs et une autre de onze. Les quatre qualifiés de la Poule B avaient donc joué deux matches de plus que les autres, mais les finalistes, Toulouse et Montferrand en furent pourtant issus. L’explication de cette formule bancale : la LNR (et non plus le FFR) tentait d’aller le plus vite possible vers un championnat à seize, signe de modernité. Elle avait fait descendre quatre clubs sur vingt-quatre l‘année précédente, mais Toulon relégué financièrement ne fut pas remplacé. Pour parvenir au Top 16 en 2001-2002, la Ligue provoqua de faire descendre six des vingt et un clubs, la purge la plus importante de l’Histoire.

2007-2008 : overdose de doublons

En cette saison de Coupe du monde en France, le début du championnat fut programmé le… 27 octobre. Le calendrier comptait sept doublons : cinq pendant le Tournoi et deux durant les demies et la finale de la Coupe d’Europe. En termes médiatiques, ce fut un embouteillage sans nom. Et une énorme frustration pour les clubs et leurs supporters. Pour finir le travail, en juin 2008, l’équipe de France partit en tournée en Australie sans les internationaux toulousains, clermontois perpignanais et parisiens engagés en demi-finale.

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