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«Mon équipe doit s’adapter»

Par Jérôme Prévot
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Publié le Mis à jour
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Laurent Marti, le président de l’Union Bordeaux Bègles, a été très touché par la double défaite qu’a connu le club. Aujourd’hui il fait le point sur une saison qui fut presque euphorique entre novembre et mars.

Êtes-vous assommé par cette défaite vraiment inattendue de l’UBB à domicile contre le Racing 28-20 ?

Oui, un peu, j’étais touché à la fin du match. C’est un vrai coup d’arrêt. Je crois que les gens ne se rendent pas compte de tous les efforts que doit fournir un président pour maintenir son club à un certain niveau, alors c’est exact, quand on vit une défaite comme celle-là, tout remonte un peu à la surface.

Franchement, ce zéro sur deux à domicile, personne ne l’avait vu venir…

Ces dernières semaines, je répondais à ceux qui nous disaient : « Vous êtes sixièmes, c’est dans la poche, vous êtes au moins barragistes. » une chose claire : non, nous ne sommes pas encore qualifiés car vous oubliez le calendrier. Nous savons qu’il ne nous est pas favorable par rapport à celui de nos concurrents directs. Je vous garantis que j’ai toujours tenu ce discours, même aux joueurs. Je leur ai dit avant le match de Clermont qu’il y aurait des surprises et que tout se déciderait à la dernière journée.

Mais de là à perdre deux fois de suite à domicile…

Je pensais bien en effet que sur nos deux réceptions, nous en gagnerions au moins une. Mais je voudrais préciser que contre Clermont, si les mêlées avaient été arbitrées autrement, nous aurions gagné. J’ai la faiblesse de croire ce qu’a dit Jean-Baptiste Poux, l’un des meilleurs piliers français, connu pour son humilité et pour sa droiture. Ce jour-là, M. Poite s’est trompé même si par ailleurs, c’est un excellent arbitre. Cette défaite fait partie des faits de jeu qui surviennent dans une saison, parfois à notre avantage, parfois à l’avantage des autres. En revanche, contre le Racing ce fut plus inexplicable. Nous n’avions jamais été dominés comme ça sauf à Oyonnax où nous avions fait n’importe quoi. À Toulouse aussi nous avions été dominés, mais nous avions subi moins d’occasions et nous nous en étions créés davantage. Après, je crois que le Racing a sorti un match qu’il ne s’attendait pas à sortir. Tout leur a réussi.

Avez-vous tenu un discours particulier aux joueurs après cette déconvenue ?

Oui, j’ai eu une petite explication avec eux mais on sait aussi d’où nous venons, quel est notre budget, quelle est notre masse salariale. En repartant du fond du Pro D2, nous avons installé l’UBB en milieu de tableau avec le meilleur public d’Europe, c’est déjà très beau d’avoir réussi ça. La dernière marche sera la plus dure à franchir et je ne sais pas si on pourra la franchir quand on sait que nous sommes en concurrence avec des clubs qui ont des présidents très fortunés, qui sont adossés à des multinationales ou à des contextes où les collectivités locales donnent beaucoup de soutien. Je leur ai dit que j’étais bien conscient de ça, mais que si l’un des six cadors flanche comme l’a fait le Stade français, bon sang, c’est à nous de prendre sa place. L’an dernier, cette place, nous nous l’étions fait chiper par Oyonnax, un truc que je n’ai toujours pas digéré d’ailleurs.

Ah bon, vous avez toujours sur le cœur ce point de bonus défensif laissé à la dernière minute à Oyonnax en mai 2015 pour les adieux au stade André-Moga (26-23) ?

Oui, pour moi, cette septième place en 2015 représentait une faute professionnelle car en plus Montpellier et Castres étaient en difficulté. Cette saison, le championnat est encore plus dur car Castres et Montpellier sont revenus à leur niveau naturel et Brive, La Rochelle et Grenoble sont plus costauds. J’estime que nous avons quand même des arguments pour prendre cette sixième place. Si nous ne la prenons pas, c’est qu’il y a des choses à revoir.

Mais, jusqu’ici, nous avions le sentiment que les changements de la dernière intersaison, l’arrivée d’Émile Ntamack par exemple, avaient été marqués du sceau de la réussite. Il y a eu ces petits exploits en Coupe d’Europe, cette série de cinq matchs sans défaite avec un nul ramené de Toulouse…

Oui, mais attention au discours médiatique qui s’emballe vite dans un sens ou dans l’autre. La vérité c’est que dans un championnat si serré, on perd deux matchs de suite et tout est remis en cause. L’autre vérité, c’est que notre Top 14 est une compétition bien spécifique, elle est physico-physique. L’esprit offensif n’est pas suffisamment récompensé, les arbitres sifflent trop, ils ne tiennent pas compte des intentions des équipes, ils sanctionnent un gars qui a rampé de dix centimètres alors qu’on vient de relancer un ballon de quarante mètres. À mon avis, on ne pourra pas changer ça, alors j’attends de mon équipe qu’elle s’adapte à ce jeu bien spécifique.

Vous voilà bien obligé de tenir compte d’une possible non-qualification européenne. Pensez-vous d’ores et déjà en gestionnaire pour cette fin de championnat ?

Pas vraiment, parce qu’une participation ou pas, à la Champions Cup ne change pas grand-chose à notre porte-monnaie car le rugby français a un système de redistribution égalitaire, et c’est très bien. De toute façon, je savais que le budget de la saison prochaine serait très dur à tenir compte tenu de l’augmentation naturelle des salaires. Quand un joueur vient chez nous ou prolonge, il s’attend à gagner au vingt ou trente pour cent de plus. C’est bien pour ça que j’attends d’eux que les résultats suivent…

Au niveau du recrutement, faut-il s’attendre à de nouvelles arrivées ? Vont-elles dépendre de la qualification ?

Cela ne dépendra pas des résultats, mais nous réfléchissions à une arrivée chez les trois quarts. Au vu de ce qui s’est passé samedi, elle me semble souhaitable.

Et le recrutement de Jacques Brunel en tant qu’entraîneur des avants, comment s’est-il imposé ?

Ce fut très simple et très rapide. J’avais pensé à lui quand on parlait de Raphaël Ibanez en équipe de France. Puis, quand Régis Sonnes a annoncé son départ, j’ai contacté Marc Dal Maso, une vraie découverte d’ailleurs. Mais il a préféré Toulon. Je voulais vraiment quelqu’un de confirmé, alors j’ai resongé à Jacques mais je me suis dit : comment Raphaël va le prendre, car Brunel avait été son entraîneur en équipe de France ? Il m’a tout de suite dit qu’il était enthousiaste à cette idée et ça s’est fait très vite : deux heures de réunion et une réponse au bout de trois jours. Je l’ai fait signer pour trois ans, pour que ça coïncide avec le contrat de Raphaël et aussi parce que trois ans, c’est la bonne durée pour un entraîneur. Un an c’est comme une période d’essai. Deux ans, c’est bâtard. On n’a pas fini la première saison, qu’on réfléchit déjà à la prolongation.

Êtes-vous comblé par le recrutement de l’intersaison dernière. Adam Ashley-Cooper n’a pas fait énormément d’exploits par exemple…

C’est exact, mais il y a toujours un temps d’adaptation à respecter, il avait beaucoup joué la saison précédente, il se rend compte qu’il est tombé dans une compétition très fermée. On attend plus de lui c’est vrai. D’une façon générale, nous faisons plus de différence devant que derrière, on ne peut le contester.

Et Sekope Kepu, on l’a vu à son aise dans le jeu ces derniers temps mais toujours un peu juste en mêlée ?

Ce n’est pas moi qu’il faut interroger, mais Joël Jutge ou Yannick Bru. Il faut leur demander leur avis sur la différence entre les mêlées du niveau international et sur les mêlées du Top 14.

Y a-t-il des joueurs à qui vous avez envie de rendre hommage ?

Oui, je citerais Jandre Marais qui est devenu incontournable, je pense aussi à Metuisela Talebula qui était descendu assez bas après la Coupe du monde. Il a fallu le relancer, le tancer, le remotiver. Nous étions presque découragés à son sujet et puis il a décidé de redevenir sérieux.

Quid des délocalisations au stade Matmut Atlantique de Bordeaux-Lac. N’est-ce pas un cadeau empoisonné compte tenu du coût de la location ?

Je crois qu’il faudra être encore plus précis dans le choix des dates et des adversaires. Si les deux paramètres ne sont pas remplis, c’est compliqué de mettre 40 000 personnes dans cette enceinte. Il y a un vrai amour des Girondins pour le stade Chaban-Delmas, c’est clair. Contre Toulon avec 38 000 personnes dont 2 500 places de loges nous avons équilibré avec ce que nous aurions fait à Chaban-Delmas, contre le Racing (28 000 personnes quand même, N.D.L.R.), je ne le cache pas, ce fut une très mauvaise opération financière

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