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L’ombre d’un géant

Par midi olympique
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    L’ombre d’un géant
Publié le Mis à jour
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Portrait jonno Gibbes porte sur ses épaules une mission immense : assumer la succession de Vern COtter en Auvergne. Sous des airs empruntés se cache un homme déterminé et de fort caractère.

C’est presque un « toc ». Un regard qui fuit de manière compulsive vers le sol et balaye, de gauche à droite. Après chacune de ses réponses, Jonno Gibbes s’efface, pour laisser le manager Neil McIlroy assurer la traduction. Le Néo-Zélandais retrouve pour quelques instants son cercle d’intimité. Avant de replonger, dès la question suivante, dans un inconfort qu’il finira par signifier. « J’avais rédigé un petit texte en français. Je l’avais répété, je m’étais préparé ! Mais là, vous êtes tellement proche de moi… » Premiers instants d’apprivoisement pour Jonno Gibbes, lors de sa présentation à la presse il y a dix jours en Auvergne. Perché sur un tabouret, autour d’une table haute dans une des loges de « l’espace Edouard » du stade Marcel-Michelin, le nouvel entraîneur des avants clermontois séduit par son sourire franc et systématique. Espiègle aussi, et qui trahit toute la sapience que son émoi malmène. Sa douceur tire sur la timidité, son respect se mue en effacement. Aurélien Rougerie

Conscient du poids de sa mission, Gibbes insiste sur l’héritage immense que lui lègue Vern Cotter. De peur de froisser l’ancien, il rechigne à livrer le détail des projets de changements qui l’habitent, au moment d’empoigner l’un des plus beaux packs d’Europe. à l’évocation des horaires de galérien que s’impose Franck Azéma - 5 h 30 au stade, tous les matins -, il plie encore : « S’il le faut, pas de problème. Je serai là. »

 

un homme très droit

Les épaules larges, le cou massif et les oreilles en choux qui paraphent ce visage marqué par son sport, Gibbes renvoie une sensation paradoxale : vous semblez l’impressionner. Pas l’inverse. « Il ne faut pas se fier à cela », assure Bernard Jackman, actuel entraîneur à Grenoble et qui termina sa carrière sous les ordres de Gibbes, au Leinster. « Jonno préfère être dans l’ombre. Mais en interne, avec son groupe, il est très différent. C’est un homme de poigne. Au Leinster, tous les joueurs avaient un immense respect pour lui. Parce qu’il est très droit dans ses relations humaines. Jonno ne vous ment jamais. Si vous êtes bon, il vous le dira sans détour. Mais si vous faites un mauvais match, cela ne lui posera aucun problème de vous le dire. Sans toujours y mettre les formes… »

 

Maori de sang

Homme de devoir, Jonno Gibbes forgea son aura rugbystique à l’école des Chiefs, province néo-zélandaise longtemps réputée pour la rudesse de son jeu. Un penchant qui lui offrit 7 sélections sous le maillot des All Blacks. L’aboutissement absolu ? L’intéressé n’est pas aussi catégorique. S’il revendique de lointaines ascendances irlandaises, Gibbes est aussi de sang maori par sa mère. Une filiation dont il admettait, en 2010, ne pas avoir toujours su saisir l’héritage culturel. Jusqu’à ce qu’il soit nommé capitaine de la sélection maorie de Nouvelle-Zélande, en 2005 à Hamilton, pour faire chuter les Lions Britanniques et irlandais de Brian O’Driscoll (19-13). L’expérience dépasse largement le cadre du sport : « Pour les personnes d’origine maorie, il y a deux symboles qui comptent vraiment : le 28e bataillon de l’armée néo-zélandaise, parti combattre en Europe pendant la Deuxième Guerre mondiale. Et la sélection maorie. Avoir été un All Black fut un aboutissement dans ma carrière mais avoir été capitaine des Maoris représente beaucoup plus. Parce que les jeunes maoris de Nouvelle-Zélande appartiennent le plus souvent à la classe socio-économique la plus basse du pays. Pour eux, il est essentiel que cette sélection préserve son identité, que cela leur donne quelque chose dont ils peuvent être fiers et un but auquel ils aspirent. Cette mission envers ces gamins vous habite. »

Ceux de Clermont, nourris à la fierté jaune et bleue ne rêvent que de Brennus et de Coupe d’Europe. Avec trois H Cup à son actif, Jonno Gibbes est l’entraîneur le plus titré d’Europe derrière un certain Guy Novès. Un crédit immense à concrétiser. Lé. F.

« Jonno préfère être dans l’ombre.

Mais en interne, avec son groupe, il est très différent. C’est un homme de poigne »

 

Bernard Jackman

Ancien talonneur du Leinster

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