Abonnés

Les Saracens touchent le graal

Par Jérôme Prévot
  • Les Saracens touchent le graal
    Les Saracens touchent le graal
Publié le Mis à jour
Partager :

Les Londoniens ont enfin réussi le doublé championnat-coupe d’Europe. Mais Exeter a su les titiller après avoir été assommé en première période. 

On sentit le coup venir dès le début de cette séquence bien huilée avec les Itoje, Kruis et B. Vunipola au comble de la débauche physique et le ballon qui vole vers la droite. De Kock alerte trois hommes qui parviennent à jouer debout en bout de ligne : passe de Goode à l’extérieur pour un tchic-tchac et une percée de Marcelo Bosch, passe aveugle de Brian Ashton pour Alex Goode qui s’arrache pour le cinquième essai de l’après-midi. Du travail de dentellière en même temps que le coup de cymbale final d’une partie plus passionnante qu’on ne l’aurait cru. Mais la remontée pleine de bravoure des Chiefs n’était qu’un baroud d’honneur.

Dans la douceur de ce printemps londonien, les Saracens ont atteint leur Graal : ils ont enfin réussi le doublé Coupe d’Europe-championnat, un exploit inédit depuis 2004pour un club anglais. Le fameux cri de guerre des Exeter Chiefs mugi à pleins poumons par les supporters venus du Devon n’a rien pu changer. Les Sarries ont conquis la finale durant les quarante premières minutes jusqu’à mener 23 à 3 (37e). Ils ont diffusé à Twickenham le même pouvoir anesthésiant qu’à Lyon contre le Racing, avec rigoureusement le même XV de départ d’ailleurs. Cette fois, ce n’était pas Carter qu’il fallait déstabiliser mais Gareth Steenson, le demi d’ouverture irlandais des Chiefs. Le mur des Rouge et Noir était aussi compact qu’il le fut face aux Franicliens, grâce à une science du placement diabolique et une façon de ne jamais traîner inutilement dans les regroupements. Les Saracens ont hypnotisé leurs adversaires condamnés à balancer de mauvaises chandelles pendant quarante minutes. « Oui, nous avons plus pensé à ce qui pourrait nous arriver qu’à ce qui se passait vraiment sur le terrain, » a expliqué Rob Baxter, fataliste.

 

Percée énorme de Brits

Les Saracens avaient la main, la partie de gagne-terrain tournait en leur faveur grâce aux relances survitaminées d’Alex Goode mais aussi de Schalk Brits. C’est lui qui fit tout basculer en s’échappant sur trente mètres pour créer une dynamique qui aboutit au premier essai de Taylor servi au pied par Owen Farrell. Puis troisminutes plus tard, une passe au cordeau du même Farell permit à Chris Wyles d’échapper tout en puissance à trois défenseurs qui l’avaient pourtant mis à terre. Comment l’ailier états-unien put-il ainsi se relever pour marquer en solo comme une fleur ? C’est l’un des mystères de ces Saracens devenus une terrible machine de guerre : « Sans doute faut-il se souvenir de 2014. Nous avons perdu une finale à la dernière seconde de la prolongation, la deuxième consécutive de plus. Cela nous a donné une incroyable faim de succès. Cette saison, sur trente-trois matchs, nous n’en avons perdu que quatre. ça doit vouloir dire quelque chose. Peut-être que nous ne sommes pas du genre à « gérer » notre parcours. Nous faisons tout à fond », diagnostiquait un Mark McCall bien plus souriant que d’habitude. « Mais je reconnais qu’Exeter nous a donné du fil à retordre. En deuxième mi-temps, nous n’avions plus le ballon dans les mains à cause de quelques fautes et de quelques pénalités. Ils nous ont fait mal avec leurs mauls… »

 

En effet, Exeter a cru un temps troublé la machine infernale avec un ballon-porté parfait puis une attaque au large conclue par le terrible Nowell. « Pas beaucoup d’équipes pourront se vanter de n’avoir eu que trois points de retard à cinq minutes de la fin d’un match décisif », rappelait Baxter, pas si dépité pour la première finale de l’histoire de son club. Mais ces Saracens-là, ont-ils entamé un règne comparable à celui du Bath des années 1980-1990 ou du Leicester des années 2000. « Pourquoi pas ? Notre moyenne d’âge n’est pas trop élevée, notre colonne vertébrale est bien établie et tous les cadres ont prolongé leur contrat », poursuivit McCall qu’on avait jamais vu aussi impuissant à masquer ses émotions. 

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?