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Di Meco : "Le rugby, un foot qui ne s’assume pas"

Par Jérôme Prévot
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    Di Meco : "Le rugby, un foot qui ne s’assume pas"
Publié le Mis à jour
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L’ancien footballeur international nous donne son avis sur l’évolution du rugby professionnel.

[Suite à la polémique sur la non-sélection de François Trinh-Duc dans le groupe de Montpellier pour affronter Toulon le week-end dernier, Midi Olympique a décidé de réaliser un dossier sur les valeurs du rugby. Sont-elles en pleine mutation ? La réponse est clairement oui. Eric Di Meco a été choisi comme grand témoin de ce dossier dont voici son interview. Le dossier est à retrouver en inégralité dans le journal papier du lundi 30 mai 2016.]

On vous a déjà entendu dire que le Rugby était un football qui ne s’assumait pas. Que voulez vous dire par là ?

C’est une boutade que j’ai utilisé dans l’émission, le « Moscato Show ». J’ai volontairement exagéré mais je voulais expliquer qu’avec le professionnalisme, le rugby va se rapprocher du foot en ce qui concerne la gestion des clubs. Mais je suis conscient, parce que Vincent Moscato me le rappelle tout le temps, que le rugby aura toujours pour lui cette notion de sport de combat collectif et cette idée qu’un joueur ne peut pas faire la différence à lui seul. Mais d’après moi, pour tout ce qui concerne les « à côtés » le rugby est en train d’être deshumanisé par le professionnalisme. On le voit bien avec l’affaire Trinh-Duc. Le résultat prime sur l’aspect humain.

Cette affaire Trinh-Duc, que faut-il en penser ? Ne la trouvez vous pas exagérée  ?

C’est vrai qu’avec ma vision de « Footeux », elle ne me choque pas plus que ça. Je me souviens de Paolo Maldini qui, après avoir joué toute sa carrière au Milan AC, est parti par la petite porte à cause d’une embrouille avec ses dirigeants. Avec l’hyper-professionnalisme, tout devient plus égoïste. De toute façon, je pars du principe qu’un entraîneur qui gagne a toujours raison. Si Montpellier gagne, cette affaire sera vite oubliée. 

Cette évolution est donc inéluctable ? 

Le rugby découvre douloureusement le professionnalisme. Quand on me parle de la mentalité des footballeurs d’aujourd’hui, je les défends car ils sont les produits d’un système. Un jeune qui voudrait faire toute sa carrière dans le même club ne le peut plus car s’il devient « bankable », il sera vendu, sans qu’on lui demande son avis d’ailleurs. Alors, il se rend compte qu’il est dans un business et il va en profiter. 

Mais il n’y a pas beaucoup de transferts en rugby …

Je crois qu’ils vont apparaître même si l’économie du foot n’est pas celle du rugby.

Il n’ y pas de transfert , mais il y a ce curieux phénomène des joueurs qui changent de club avec six mois d’avance...

C’est un vrai effet pervers. Chaque fin de saison, on fait un débat pour savvoir comment tel joueur ou tel entraîneur va se comporter en affrontant son futur club dans un match à enjeu. Pour l’instant, il n’y pas eu de problème, mais est ce que ça va durer ? C’est vrai qu’en foot, ça n’existe pas, parce que les transferts se négocient au dernier moment. En rugby, les joueurs vont encore au bout de leur contrat. 

Êtes vous énervé par cette expression « les valeurs du rugby » ? 

Oui, le rugby a des côtés très agréables, mais je trouve que qu’on utilise trop cette expression. Elle est galvaudée, elle ressemble à un discours de communiquant. Alors, je chambre. 

Avez-vous vécu ce genre de moments charnières dans votre carrière ? 

Je crois que j’ai vécu dans lemonde du football, une période comparable à celle que vit le rugby à l ‘heure actuelle. En 1991, avant la finale OM-étoile Rouge de Belgrade à Bari, j’étais handicapé par une blessure et Carlos Mozer est allé voir l’entraîneur (Raymond Goethals, N.D.L.R.) et le président Bernard Tapie pour me faire jouer car j’avais fait tous les matchs. Il a dit qu’il était prêt à courir pour deux. On ne le verrait plus aujourd’hui. Et puis, après, j’ai vécu la période où le joueur est devenu un objet avec l’avènement de l’arrêt Bosman. Maintenant, les joueurs sont devenus le fonds de commerce d’un club. Il ont trop de valeur. L’affaire Aurier le montre. Le PSG ne s’en est pas débarrassé car il vaut vingt millions. On verra ce que feront les clubs de rugby quand un joueur vaudra 10% ou 20% du budget à lui seul.

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