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Goosen : « Ma femme est d’une patience inouïe »

Par Marc Duzan
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    Goosen : « Ma femme est d’une patience inouïe »
Publié le Mis à jour
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Johan Goosen - Centre du Racing 92 - Irrésistible depuis le début de la saison, l’hyperactif sud-africain (23 ans) vient d’être papa. Du coup, la douce Aletia ne sait plus où donner de la tête…

Prenons les choses au commencement. Qui êtes-vous, Johan Goosen ?

Hmm… Le fils d’un humble fermier de Burgesdorp, un passionné d’équitation, un fou de chasse et un père de famille comblé. […] Je ne suis pas issu d’une famille de rugbyphiles. Mon frère, qui est avocat d’affaires, déteste d’ailleurs ce sport, qu’il juge brutal et compliqué.

Vous habitez la banlieue parisienne depuis trois ans. L’Afrique du Sud vous manque-t-elle ?

Oui, beaucoup. La nature et la vie sauvage, surtout. Autour de notre ferme, il n’y a rien. Le premier voisin est à cinq kilomètres. C’est le paradis sur terre, vous savez. Là-bas, je chasse le buffle, l’autruche, l’impala ; je peux marcher des heures sans voir personne. Ces matins là, il y a juste mon chien, la savane et moi.

Chassez-vous aussi les grands félins ?

Non. Mais je pourrais le faire, si je le souhaitais ! En fait, il suffit d’appeler les bonnes personnes. Si tu payes, tout est possible en Afrique du Sud. Même le pire…

Vous êtes père de famile depuis quelques semaines. Comment cela se passe-t-il ?

Grâce à mon épouse (Aletia, N.D.L.R.), tout va bien. Elle refuse que je me lève la nuit pour nourrir le petit (Stean). Je joue avec lui, je lui fais parfois prendre son bain, mais c’est tout… Dès que le bébé pleure, ma femme prend le relais.

Ne vous levez-vous donc jamais la nuit ?

Non ! J’ai besoin de m’entraîner et elle le comprend. Vous savez, ce genre d’attitude est normal en Afrique du Sud ! Les mecs ne font rien, chez nous !

On dit que vous êtes le plus rapide des Racingmen sur quarante mètres. Est-ce vrai ?

Je ne sais pas… Sur 100 mètres, Juan Imhoff et Teddy Thomas me battent probablement. Pour être sûr, il faudrait organiser un concours !

Avez-vous toujours été rapide ?

Non, j’étais très lent quand j’étais jeune. Si j’interceptais une attaque adverse, il y avait toujours quelqu’un pour me rattraper. À 18 ans, j’ai même refusé de rejoindre les BlitzBokke (l’équipe d’Afrique du Sud à VII) parce que j’étais trop lent et que j’avais peur d’être ridicule ! Cette vitesse, je l’ai gagnée au Racing ces deux dernières saisons. Ici, ils m’ont fait travailler les jambes, l’explosivité… Un matin, je me suis réveillé et je courais enfin plus vite qu’un troisième ligne. Mais je ne serai jamais aussi rapide que Shane Williams (ancien ailier du pays de Galles).

Qui était votre idole, quand vous étiez jeune ?

Wilko (Jonny Wilkinson), bien sûr ! Dernièrement, Berthus Pretorius (son préparateur mental depuis 2007) m’a d’ailleurs demandé de lire la bio de Jonny ; le buteur anglais y expliquait qu’il visait, dans les tribunes, la tasse de thé que tenait le stadier dans ses mains. En clair, il faut cibler un tout petit point derrière les poteaux. Pas les poteaux eux-mêmes. Ça marche !

Avez-vous déjà rencontré Wikinson ?

Non, jamais. Après la finale de Champions Cup, à Lyon, je l’ai vu sur le bord de la pelouse. Il commentait le match pour Sky Sports. Mais je n’ai pas osé m’approcher…

Et en dehors du rugby, avez-vous des modèles ?

Je suis assez exclusif, comme garçon… Je pourrais manger du rugby pendant quarante-huit heures, non-stop, sans me lasser. Je regarde tout, en fait : la Currie Cup, la Ligue celte, le Super Rugby, le championnat néo-zélandais, la ligue américaine, le VII… Et quand je ne suis pas à la maison, j’enregistre les matchs. Ma femme est d’une patience inouïe avec moi.

Quelle est votre compétition préférée ?

Le Super 18 est télégénique. Mais les défenses n’y sont pas toujours irréprochables. À mon sens, la compétition de clubs la plus exigeante est la Champions Cup : il n’y a aucun espace, pas le moindre trou. Celui qui détruit est celui qui l’emporte. Les Saracens sont d’ailleurs très forts à ce jeu-là.

Avez-vous des regrets, sur cette finale de Champions Cup (21-9) ?

(il soupire) Ça sert à quoi, de toute façon ? Bon, on aurait peut-être dû jouer d’avantage au pied, dans les angles, comme l’ont fait Richard Wigglesworth et Andy Farrell. Mais bon… C’est trop tard… À Lyon, j’ai touché trois ballons et en ai fait tomber deux. Je ne vais donc pas donner des leçons.

Brice Dulin, qui vous surnomme « Bip Bip », assure que vous êtes un hyperactif. Est-ce vrai ?

Oui, je suis hyperactif. Mais je sais pourquoi.

Pourquoi ?

J’ai souvent été blessé, parfois gravement. Depuis, j’essaie juste de croquer le moment présent. Je ne veux plus rien rater. Au Plessis, les coachs me disent : « Doucement « Goose » ! T’as le temps ! Ralentis ! Respire ! »

C’est plus fort que vous…

Oui. Mais c’est normal ! Il y a trois saisons, j’ai failli arrêter le rugby. À 21 ans, j’avais déjà été opéré à sept reprises (trois fois le genou, la cheville, l’appendicite, l’épaule et le bras). J’ai donc pensé tirer un trait sur ma carrière. C’est le Seigneur qui m’a demandé de me battre.

Êtes-vous resté religieux, en France ?

Oui. Ma foi m’accompagne où que j’aille. En Afrique du Sud, je suis à la messe tous les dimanches matins, dès 9 heures. Ici, moins. Les Français ne vont jamais à la messe !

Priez-vous avant un match de rugby ?

Oui, bien sûr ! Je demande au Seigneur de me protéger des blessures, de m’aider à me concentrer sur les tirs aux buts, de me donner le courage d’être un bon plaqueur…

Votre gabarit est plutôt commun, pour un rugbyman professionnel. N’avez-vous jamais eu peur sur un terrain ?

Non ! Ces dernières semaines, j’ai croisé la route de Nonu, Tuilagi et Vunipola : je suis toujours vivant ! De toute façon, tout va beaucoup trop vite. Tu n’as plus le temps de réfléchir. Tu n’as plus le temps de laisser place à la peur. Sauf quand Tuisova a décidé de cibler ta zone…

Quelle est votre vie, à Paris ?

Je suis un père de famille plutôt tranquille. Je ne vais jamais en boîte de nuit. Je ne sais pas danser et, si je veux boire, je le fais avec mes amis, à la maison. Ce côté casanier, je le tiens de ma mère. Elle détestait le monde de la nuit. Elle disait que tout n’y était que superficialité.

Vous réalisez la meilleure saison de votre carrière. Allister Coetzee, le sélectionneur sud-africain, vous a-t-il contacté ?

Oui, il m’a envoyé un courriel il y a quelques semaines. Il voulait de mes nouvelles, savoir si je pensais toujours aux Springboks. Nous avons toujours eu une bonne relation, lui et moi. Quand je jouais aux Cheetahs, il avait même essayé de me faire venir au Cap. Il entraînait les Stormers à l’époque.

Que vous a-t-il dit, dans ce courriel ?

Il m’a dit que je faisais partie de ses plans pour les quatre prochaines années. Peut-être m’appellera-t-il pour les Four-Nations, cet été… Ce serait fantastique. Mais je veux d’abord gagner quelque chose avec le Racing.

Vous venez d’affronter Montpellier, en championnat. Qu’avez-vous pensé de cette équipe ?

J’ai eu l’impression d’affronter les Blue Bulls en Currie Cup. Mais le rugby pro est ainsi… Jacques du Plessis, Paul Willemse et Wiian Liebenberg sont d’ailleurs de très bons amis. Nous sommes de la même génération. Chez les Baby Boks, j’étais leur numéro 10, ils étaient mes avants. Tout était donc très simple, à l’époque… n

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