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« Avant, je prenais le rugby trop au sérieux»

Par Vincent Bissonnet
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    « Avant, je prenais le rugby trop au sérieux»
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Son état de forme, sa saison, sa nouvelle approche du rugby, le défi des phases finales, l’importance de son rôle : la star du RCT, Matt Giteau, se confie avant le choc de samedi face à Montpellier.

Tout d’abord, comment vous sentez-vous ? Cette question hante l’esprit des supporters du RCT depuis plusieurs mois...

 

A partir du match de Montpellier (le 29 mai dernier, N.D.L.R.), j’ai commencé à avoir de bonnes sensations. Je me suis senti vraiment très bien lors des entraînements des semaines suivantes et face à Bordeaux-Bègles. Dès lors, je n’avais plus de douleurs dans l’après-match. Je suis sur la pente ascendante, physiquement. Les phases finales arrivent au bon moment pour moi.

 

Quel regard portez-vous sur votre saison ?

 

Il y a deux manières de la voir. D’un côté, cela m’a fait du bien d’avoir une véritable pause après la Coupe du monde. La compétition a été très éprouvante, à tous les niveaux, pour mon esprit comme pour mon corps. D’un autre côté, ne pas pouvoir être pleinement compétitif avec mon club pendant une longue partie du championnat a été très frustrant et dur à vivre. C’est le paradoxe. Je préfère le voir positivement.

 

N’avez-vous aucun regret par rapport à la tournure de cette saison ?

 

Si l’on me demandait de revenir en arrière, je ferais exactement la même chose : j’ai eu l’honneur de disputer un nouveau Mondial, d’atteindre le cap des cent sélections et j’ai encore le plaisir de jouer pour Toulon. Je n’avais pas porté le maillot de mon pays depuis très longtemps. Avoir cette opportunité était inespéré et génial. Cette saison est très longue, c’est vrai, mais ça valait le coup. Et puis c’était mon choix de la rendre aussi longue. Aujourd’hui, je me sens heureux et en forme, j’espère que ça va rester le cas. Je prends conscience que je deviens vieux en me levant le matin (rires)... Mais mes meilleurs matchs restent à venir.

 

Avant les deux dernières années, vous n’aviez pas connu de grave blessure en plus de dix ans de carrière. Comment vivez-vous cette nouvelle donne ?

 

Oui, ces blessures sont nouvelles pour moi. Elles rendent obligatoires des changements dans ma manière de me préparer. Mon programme est différent désormais: j’effectue des séances de physio, j’ai besoin de davantage de plage de repos, je fais du renforcement en supplément... Heureusement, j’ai encore de l’appétit et la volonté de travailler dur pour rendre mon corps opérationnel. J’ai toujours aussi faim de jouer et de progresser.

 

Votre approche de la compétition a-t-elle changé ?

 

Je suis plus intelligent au quotidien. Je ne peux pas me permettre de négliger le moindre détail en-dehors des terrains. Avec l’expérience, je crois avoir trouvé le juste milieu entre le travail et la raison. Avant, je voulais trop en faire lors de la préparation et je fatiguais mes muscles à force...

 

La nouvelle dimension physique prise par le jeu peut-elle expliquer cette succession de pépinsqui vous touche ?

 

Peut-être... Les joueurs commencent à se professionnaliser de plus en plus tôt et ont pris une nouvelle dimension athlétique. Les collisions sont de plus en plus impressionnantes. Mais tu n’as pas le choix, il faut s’y faire. Si tu as peur de te blesser ou que tu ne te sens pas en pleines possessions de tes moyens, tu n’as pas ta place sur le terrain. C’est le cas pour moi en particulier. Je suis plus petit que la moyenne. J’ai besoin d’être à 100% pour pouvoir exister dans les contacts et être compétitif. Tu dois avoir l’esprit libre et les idées claires quand tu joues.

 

Vous n’avez en tout cas pas repris le but. Cela s’explique-t-il par votre fragilité musculaire ?

 

J’ai commencé à reprendre le tir à l’entraînement récemment. Si j’ai l’opportunité de buter, je la saisirai. Ce n’est pas arrivé parce que d’autres se chargent de cette responsabilité et le font avec succès.

 

Prenez-vous toujours autant de plaisir sur le terrain ?

 

Je dirais même que j’en prends plus que jamais. Quand j’étais plus jeune, je prenais le rugby trop au sérieux, à mon avis. Maintenant, j’ai mûri, j’ai une famille, je vois le jeu différemment. Je le perçois avant tout comme une opportunité unique : c’est le top d’évoluer au haut niveau, devant tant de monde... Il faut croquer à pleines dents dans ces moments. Je l’ai bien compris.

 

Comment juger la saison de votre équipe, paradoxale jusqu’à présent, aussi bien en termes de résultat que de contenu ?

 

Si l’on regarde les résultats secs, c’est une bonne saison avec cette deuxième place et la demi-finale directe. Dans le détail, il y a eu des hauts et des bas. Nous n’avons pas été consistants. Il faut dire que les blesssures n’ont pas aidé. Mais j’ai l’impression que tout le monde commence à être à un bon niveau. Contre Montpellier, nous avons offert trop de pénalités mais nous avons été performants dans notre jeu. Face à Agen et Bordeaux, la production offensive a aussi été convaincante. L’équipe commence à être plus régulière. Il faut poursuivre sur cette voie. J’ai une telle foi dans ce groupe: s’il joue à son niveau, qu’il se prépare bien, qu’il adopte la bonne stratégie, il peut battre n’importe qui.

 

Quelle est la clé du succès, en phases finales ?

 

La discipline est déterminante. Toutes les équipes que nous allons affronter désormais possèdent de grands buteurs. Chaque faute coûtera trois points. Il nous faudra être très rigoureux sur ce secteur.Nous avons tout pour bien jouer mais si nous commettons trop de fautes, ce sera fatal. J’espère que tout le monde aura à l’esprit la nécessité d’être intelligent et lucide lors de ces phases finales.

 

L’importance de l’ouvreur est-elle croissante ?

 

Le 9 et le 10 ont par principe un rôle déterminant : ce sont eux qui décident s’il faut plus tenir le ballon ou utiliser le pied. La pression est encore plus sur nos épaules à présent. Lors des phases finales, notre devoir est d’être le plus clair possible dans la manière dont nous conduisons le jeu. J’ai une mission et elle est importante: mettre l’équipe sur la bonne voie. Si c’est le cas, alors j’aurai réussi mon job.

 

On dit que les grands matchs sont pour les grands joueurs, non ?

 

L’histoire des finales le montre en tout cas. Les meilleurs se révèlent dans les moments importants. C’est à ça qu’on les différencie du reste des autres joueurs. Tout le monde peut être bon sur un match anodin. Mais sur une rencontre couperet, là, c’est une toute autre histoire.

 

Un dernier mot sur Bernard Laporte, avec qui vous vivez vos derniers moments...

 

 

C’est l’entraîneur qui nous aura fait vivre une épopée superbe avec beaucoup de titres. Mais il n’en reste pas moins vraiment fou. Une seconde, il te crie dessus et, l’instant d’après, il te sort une blague. Sa décontraction me marque, même à l’approche des matchs. Après, de tout ce que j’ai entendu, je suis content de que nous l’ayons comme manager et non comme demi de mêlée (rire)... Il est bien meilleur dans ce rôle à mon avis.

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