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Habana, l’insatiable

Par Vincent Bissonnet
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    Habana, l’insatiable
Publié le Mis à jour
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La star springbok possède le palmarès le plus complet au monde. Mais garde un appétit intact. Ses nouveaux objectifs : un deuxième brennus et les JO dans la foulée.

En un éclair, l’étincelle a illuminé le regard et éclairé le visage de Bryan Habana. « Jouer au Camp Nou est une chance incroyable et va être une magnifique expérience », nous confiait, depuis Rennes, la vedette springbok, en pensant à Barcelone. L’ailier sud-africain possède peut-être le palmarès le plus complet au monde (Currie Cup, Super Rugby, Tri-Nations, Coupe du monde, Top 14, Coupe d’Europe, titre de meilleur joueur IRB, plus bel essai de l’année…), foule les pelouses des plus grands stades depuis une décennie, jouit d’une renommée internationale mais il n’en a pas moins conservé une part d’insouciance - petite - et une âme de compétiteur - entière.

Un jour de printemps à Berg, sur un des petits bancs situés en bord de pelouse, le natif de Benoni s’était livré sur ses nouvelles ambitions et sur cette facette de sa personnalité. « Depuis mon arrivée dans ce club, je vis une très belle aventure aux côtés de grands joueurs. La majorité d’entre nous a beaucoup gagné, avec Toulon ou en sélection, mais nous en voulons encore. Depuis trois ans, c’est le top mais je n’ai pas envie que ça s’arrête. J’ai encore très faim, je peux vous le garantir. » Des paroles et des actes. Dans son incessante ruée vers l’or, Bryan Habana s’astreint encore et toujours à un quotidien ascétique : un minimum d’excès, un maximum de rigueur. La fin justifie ces moyens. Au fil des rendez-vous majuscules, Bernard Laporte n’a de cesse d’ériger l’ailier en modèle d’investissement et de fiabilité. Son sélectionneur d’avant, Pieter de Villiers, utilisait les mêmes mots pour décrire l’ailier : « C’est un vrai champion dans sa tête. Plus c’est dur, plus ça le motive. Il est toujours celui qui se révèle lors des grands matchs. »

« Quelque chose a commencé à bouillir en moi ce jour-là »

Pour trouver la source de sa force intérieure, il convient de remonter le temps jusqu’à la naissance de la nation arc-en-ciel. « 1995 a été le grand tournant de ma vie. J’avais une douzaine d’années à l’époque. Mon père m’avait fait sécher les cours pour aller voir les Boks jouer contre l’Australie à la Coupe du monde. Jusque-là, je ne jurais que par le foot. J’avais tout à découvrir du rugby. » L’épopée, patinée par le temps, est émaillée d’anecdotes croustillantes, de rencontres improbables avec des auto-stoppeurs, d’une séance de maquillages dans une église, de balades aventureuses le long de l’autoroute. Par-delà les petites histoires, la grande a façonné le Bryan Habana d’aujourd’hui : « Quand j’ai vu la passion autour de la sélection, quand j’ai vu ces joueurs exprimer leur joie sur le terrain, quelque chose a commencé à bouillir en moi. Je voulais être à leur place. Cet épisode m’a inspiré. J’ai fini par dire à mon père : « C’est ce sport que je veux pratiquer. » Dès lors, Bryan Habana a tout sacrifié à sa nouvelle religion. Pour se frayer un chemin, des écoles de rugby de la province du Gauteng jusqu’à l’objectif suprême. « Je me souviens que, rapidement, je voulais devenir Springbok. Mais pas un international de passage, un grand. » Vingt ans après, le Toulonnais a nourri sa gloire, au-delà de toutes les espérances. Cette énième finale sur son parcours pourrait encore renforcer sa postérité. L’événement lui sied si bien, sur le papier : un stade mythique, un parterre de vedettes et une affluence record pour un match de clubs. Bryan Habana l’abordera avec sa philosophie des rendez-vous majeurs : « Tout est question de mental, nous expliquait-il en avril. Avec le temps, j’ai pu constater que la clé est de ne pas privilégier sa performance individuelle en tant que telle mais de se demander comment être utile à ton équipe. La moindre de tes actions se doit d’être positive. » Et de conclure, avec un sourire carnassier : « J’adore ces défis. Ils sont tellement grisants. »

« Rendre de nouveau fier notre peuple »

Barcelone marquera le sommet d’une saison jusque-là contrastée et contrariée sur le plan personnel. Mais pas son point final. L’ailier rejoindra, dans la foulée, sa sélection à VII pour préparer les jeux Olympiques. Le meilleur marqueur de l’histoire des Springboks a été retenu parmi un groupe de dix-neuf joueurs amené à être réduits à douze éléments dans un second temps. À l’évocation de ce nouvel objectif, impensable à ses débuts, une nouvelle étincelle jaillit dans ses yeux : « Le fait de participer à une compétition Olympique et d’être en mesure de décrocher une médaille d’or est probablement le plus grand exploit qu’un athlète puisse espérer réaliser. » Blessé au printemps et privé des tournois de Londres et Paris, il part de loin. En sprinter émérite, il va tout donner dans la dernière ligne droite pour décrocher ce privilège. Cette responsabilité : « Cet événement sera d’une importance démesurée. Pas seulement pour les joueurs, pour tout le pays. »

Le souvenir de 1995, figé dans sa mémoire, resurgit alors : « Dans l’histoire de l’Afrique du Sud, le sport a grandement contribué à réunir les gens et à faire tomber les barrières. » D’où ce préavis de rêve : « J’aimerais tellement pouvoir procurer du bonheur à mon pays. Je me remémore encore les scènes de liesse après notre titre de champion du monde en 2007. Ce serait génial de rendre fier notre peuple de nouveau. » Du Camp Nou à Rio de Janeiro, la légende de Bryan Habana n’a sûrement pas encore fini de s’écrire.

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