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Dans le sillage de Serin

Par Léo Faure
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Publié le Mis à jour
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Guy Novès souhaitait profiter de cette virée argentine pour « jauger l’étendue du réservoir français ». Le bilan, après les deux rencontres, est assez clairement positif pour une équipe qui a remporté la Tournée, malgré la présence de douze novices. Etat des lieux.

Début juillet, Guy Novès officialisera sa liste de joueurs estampillés « Élite », qui seront soumis au régime de protection des internationaux. Cette tournée argentine aura-t-ellle une influence sur les choix du sélectionneur ? Forcément. De son propre aveu, Novès avait déjà couché une première liste sur papier, dès samedi soir après la victoire dans le deuxième test-match face à l’Argentine. Si le trajet en avion, entre Buenos Aires et Paris, lui a permis de l’affiner en compagnie de ses adjoints, Yannick Bru et Jean-Frédéric Dubois, le sélectionneur n’en dira toutefois rien, publiquement, avant l’officialisation de la nouvelle convention LNR-FFR. Un épisode qui devrait intervenir début juillet (le 8 ou 9 juillet), après que le document aura été ratifié par les deux parties en assemblée générale.

Plus symbolique que réellement efficiente jusqu’ici, cette liste portera désormais un message très important envers les joueurs. Parce qu’elle induira un régime spécial sous de nombreux aspects (vacances, limitation du temps de jeu, mise à disposition du XV de France) mais aussi parce qu’elle assurera quasiment une présence pour la suite de l’aventure. S’il avait affirmé vouloir profiter de cette tournée pour tester de nouveaux joueurs, Novès ne cache pas qu’à compter de novembre, il va très sérieusement fermer son groupe et le stabiliser. Selon un modèle très anglo-saxon et afin d’avancer, enfin, sur un projet de jeu connu de tous.

Ils confirment

En arrivant en Argentine, ils jouissaient déjà d’un certain statut. Celui de joueurs confirmés à l’international ou, tout du moins, ayant réalisé un bon Tournoi 2016. Logiquement, cette tournée réussie de l’autre côté de l’Atlantique devrait conforter leur position et les installer dans le XV de France pour les prochaines années, que Novès veut désormais stables. Les « anciens » de l’ère PSA sont forcément de ceux-là. Tous ces joueurs dont on attendait qu’ils soient des éléments de base de ce mandat, qui ont répondu aux attentes et seront donc des composantes de l’ossature du groupe de Guy Novès. Ainsi, la puissance de Louis Picamoles, le leadership de Yoann Maestri et les appuis de Maxime Médard seront des incontournables pour les saisons à venir.

En première ligne, Jefferson Poirot a su saisir sa chance après la blessure de Ben Arous, dans le dernier Tournoi des 6 Nations. Excellent en mêlée fermée mais aussi dans le jeu courant, lors de cette tournée argentine, le Girondin s’impose comme un incontournable. À droite de la mêlée, la paire Rabah Slimani-Uini Atonio est bien partie pour tenir la barre quelques années. Elle est complémentaire, avec un pur pilier de mêlée et un joueur plus à l’aise dans le grand champ, où son utilisation en leurre vaut au moins autant que ses percussions. Deux profils qui permettront de s’adapter aux adversaires et aux envies du sélectionneur. Elle est également jeune et sera reconduite.

Toujours concernant les avants, Loann Goujon s’installe tout doucement, sans faire de bruit mais à force d’activité dans le travail défensif, en troisième ligne aile, où il semble plus à même de rivaliser à l’international. Malgré une relative inexpérience, Paul Jedrasiak est bien la pépite annoncée et n’a jamais déçu en Bleu. Il en sera.

Derrière, François Trinh-Duc n’apporte pas encore tout l’allant qu’on attend de lui mais il a clairement gagné son duel à distance avec Jules Plisson. Premier choix de Guy Novès, qui lui a envoyé de nombreux messages de confiance depuis sa prise de fonctions, il devrait être l’ouvreur que les Bleus ont envie d’installer. Gaël Fickou, enfin, a désormais le talent mais aussi la maturité et la régularité pour s’imposer comme un élément durable.

On devraient les revoir

En amont de cette tournée, Guy Novès avait annoncé qu’il voulait profiter du contexte pour « jauger l’étendue du réservoir français ». Il avait ajouté : « Il y a une dizaine de joueurs qui auront l’occasion de démontrer leur potentiel pendant cette tournée. C’est là où l’intérêt est énorme. S’il y a le résultat au bout, ce sera merveilleux. S’il n’y a pas de résultat mais qu’on parvient à se dire que nous disposons de quatre, cinq ou six joueurs supplémentaires pour la suite, cela aura pour nous une forme d’intérêt. » Ces joueurs-là, désormais, il les a.

Le premier d’entre eux, c’est Baptiste Serin. Machenaud et Bezy, les deux locataires du poste durant le Tournoi des 6 Nations, retenus par la phase finale du Top 14, il n’en a pas fallu beaucoup plus au Bordelo-Béglais pour s’approprier le projet de jeu des Bleus. Deux matchs, deux performances majeures. Des qualités techniques idoines pour le jeu de mouvement prôné par Novès, un leadership impressionnant pour ses 21 ans, un culot à toutes épreuves, Serin sera à coup sûr dans la liste des trente internationaux protégés que le sélectionneur communiquera prochainement.

En suivant, ils sont plusieurs à avoir séduit le staff et profité de l’absence de concurrence, Top 14 oblige. Julien Ledevedec, par son intelligence de jeu et sa capacité à jouer juste, et malgré son âge avancé, reviendra en Bleu. Dans le même registre, quand bien même sa dimension physique aurait pu être rédhibitoire, Rémi Bonfils pourrait bien se voir offrir un poste d’assistant de Guirado. Au centre, la performance de Rémi Lamerat a tranché avec celle de Jonathan Danty. Le futur Clermontois a semble-t-il désormais un temps d’avance. Quant à Kévin Gourdon, il s’est révélé bien plus prometteur que le staff ne l’imaginait. Enfin, sur un poste en souffrance, Xavier Mignot et Djibril Camara n’ont pas déçu. Ils n’ont pas brillé non plus. De toute évidence, à l’aile, il y a Vakatawa et les autres. Une place qui reste donc vacante.

Ils doivent mieux faire

Les premières de Julien Rey, en équipe de France, laisseront une impression ambiguë. Le Bordelo-Bèglais ne s’est pas économisé, c’est très clair, notamment dans le secteur défensif. Son apport est une vérité statistique (16 plaquages en 120 minutes de temps de jeu) mais aussi structurelle : promu capitaine de la défense pour le premier test, il est celui qui a beaucoup réorganisé le rideau défensif des Bleus, qui a commenté les montées défensives et annoncé les systèmes. Souvent avec succès, quand les Bleus n’ont encaissé aucun essai sur le deuxième test, et trois réalisations encaissées au premier match mais toutes dues à des errements individuels. Le problème ? C’est qu’il compte parmi des « errements », sur le premier test, quand il est battu sur son épaule intérieure par Manuel Montero. Autre aspect négatif, Rey semble manquer de vitesse pour peser offensivement dans ces rencontres internationales.

Autre joueur entrant dans cette catégorie, le demi de mêlée toulousain Sébastien Bezy peine à confirmer à l’international. Sans franchement décevoir, il n’apporte pas cette vitesse qu’il applique au jeu toulousain. Globalement, Bezy n’influe que peu sur les destinées de son équipe, ce qui pose problème. Dans ce secteur, il a clairement souffert de la concurrence avec son concurrent du moment, Baptiste Serin. Autre inquiétude : son petit gabarit lui permettra-t-il de rivaliser quand son paquet sera moins dominateur qu’il ne l’a été samedi ? Pour Bezy, il reste encore du chemin à parcourir.

Enfin, Hugo Bonneval peine à se faire aux exigences du très haut niveau. Titularisé en dernière minute à l’aile samedi, le Parisien a plutôt bien fait le travail, inscrivant un essai et muselant surtout la panthère Montero sur son bord de touche. C’est plutôt le premier test, lorsqu’il était placé à l’arrière, qui interpelle. Absent du troisième rideau sur deux essais, il a aussi rendu plusieurs ballons par du jeu au pied approximatif. Insuffisant pour espérer s’installer en Bleu.

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