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Guyot: «Deux années pénibles et finies de la pire des manières»

Par midi olympique
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    Guyot: «Deux années pénibles et finies de la pire des manières»
Publié le Mis à jour
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Neuf ans qu’il n’avait pas connu une intersaison au calme. Après deux années à La Rochelle et en l’absence d’opportunité concrète, Benoît Guyot a été contraint de raccrocher les crampons à tout juste 27 ans. Présenté dans l’ambitieux recrutement du Stade Rochelais après son accession, le troisième ligne au profil de gratteur n’a finalement débuté que 11 rencontres (pour 20 matchs disputés au total, dont 9 en Challenge européen). Un constat difficile à accepter.

Après deux ans à La Rochelle, vous voilà de retour à Paris, comment allez-vous, déjà?

Ça va bien, on va dire que je suis en vacances prolongées. Comme je n’avais pas d’opportunité concrète, le choix a été relativement facile à prendre, puisque justement, il n’y avait pas de choix. J’ai passé deux années à La Rochelle, un grand club, mais deux années pénibles qui, de mon point de vue, se sont terminées de la pire des manières, avec rien du tout à la fin. Un tas de sentiments sont mêlés, dont la déception. Le constat est dur à accepter. Mais au moins, j’ai eu la chance de faire des études et aujourd’hui, j’ai la possibilité de me projeter sur un nouveau projet qui me tient à cœur.

De quoi votre avenir sera-t-il fait?

Déjà, j’ai un été de libre pour la première fois depuis neuf ans et je vais un peu en profiter. Ensuite, j’ai commencé il y a quatre ans un doctorat sur l’intégration des outils connectés dans la prise de décision dans le rugby, à la faculté de Paris X, à Nanterre dans la continuité de mon master passé à Bayonne. J’ai effectué deux années peu efficaces sur ce plan à Biarritz mais à La Rochelle, elles ont été plus productives comme je jouais peu. J’ai notamment pu réaliser de très nombreux entretiens avec différents membres de staff des clubs de Top 14. Là, je suis rentré à Paris pour terminer ce travail. J’espère être en mesure de présenter mes travaux au printemps 2017.

Côté rugby, avez-vous le sentiment d’avoir été un peu enterré à La Rochelle?

Non, mais c’est toujours pareil, on ne peut rien prévoir dans le sport professionnel. Tu ne sais jamais quand ça te tombera dessus, même si jusque là j’avais tout fait pour éviter de vivre cette situation. J’imagine que Patrice Collazo aussi pensait me faire jouer à mon arrivée. Mais au final, je n’ai que très peu joué lors de ces deux années. Je n’ai pas de regret, puisque je me suis toujours investi pour ne pas en avoir. Mais une parenthèse se ferme et je regarderai maintenant le rugby d’un autre œil.

Dans ces moments difficiles, avez-vous eu des explications du Stade Rochelais?

J’ai longuement discuté avec Patrice Collazo, à plusieurs reprises. Le dialogue n’a jamais été rompu. Ce sont des choix entraîneurs, c’est comme ça. Il n’y aura jamais de bonne explication lorsque l’on ne joue pas. Mais il n’est pas question de s’étendre là-dessus, ce sont simplement des décisions d’entraîneurs. Après, je pense que le grand débat du rugby français autour des joueurs JIFF ou non JIFF, français ou étrangers, mérite plus que quelques lignes. Aujourd’hui, il n’y a toujours pas de réponse. Je me retrouve impacté par ce système-là, très ouvert, qui amène des joueurs de classe internationale mais menace des garçons comme moi. J’ai bien essayé de voir et d’étudier les projets qui s’offraient à moi, mais il m’a bien fallu être pragmatique, il n’y avait rien. Donc je m’oriente vers autre chose… Cela ne sert à rien de s’acharner. Les choses vont très vite, et ma priorité aujourd’hui est d’avancer.

En parlez-vous entre vous?

C’est compliqué. Parce que personnellement, j’ai toujours été proche des joueurs étrangers et il faut être conscient que cela peut vite vriller en débat puant. Il faut se poser les bonnes questions, définir ce qu’on veut faire ensemble. Le sport de haut niveau est avant tout une compétition dans laquelle chacun essaye de trouver sa place, et dans mon cas il est rageant de sortir du système. Ce sont les règles du jeu telles qu’elles sont imposées aujourd’hui. On ne peut que les accepter, à moins de proposer autre chose. Pierre Camou a rappelé récemment que le rugby français s’était construit avec les clubs, c’est une réalité. C’est un fonctionnement assumé. Je ne suis ni pour, ni contre, je suis juste un acteur qui se trouve aujourd’hui mis de côté. Après, la perspective de retourner jouer en amateur est assez séduisante, je pense retrouver un esprit qui est parfois difficile d’avoir en club.

Dans un futur plus lointain, vous voyez-vous néanmoins rester impliqué dans le rugby professionnel?

Il me semble d’abord important de souffler, prendre de la distance, pour ne pas garder une certaine rancœur. Ensuite, qui sait ce qui peut arriver? Je ne suis fermé à rien. Pour le reste, c’est encore en suspens, puisque rien n’a été confirmé, mais il est question d’un retour en Fédérale en région parisienne (à Suresnes, ndlr). J’ai 27 ans, je suis en pleine forme, je n’ai pas de douleur,et je ne me suis quasiment rien cassé. Certains arrêtent sur blessure ou dans un état assez mauvais. Au moins, je finis bien et je pourrai continuer avec mes potes. Je préfère considérer cette situation comme une chance.

Par Bruno Poussard

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