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Machenaud, « je suis en manque de rugby »

Par Arnaud Beurdeley
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    Machenaud, « je suis en manque de rugby »
Publié le Mis à jour
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Suspendu lors de la première journée en raison de son carton rouge en finale du Top 14, Maxime Machenaud a faim de rugby et de nouveaux titres. Il confirme ici qu’il va prochainement signer un nouveau contrat de trois ans et se projette dans le futur. Tant en bleu qu’en ciel et blanc.

Comment avez-vous vécu l’après-titre de champion de France ?

J’ai évidemment profité des deux ou trois jours de fête qui ont suivi la finale. Mais j’ai vite basculé sur les vacances pour me régénérer, me reposer et passer un peu de temps en famille. Pour moi, c’était important dans la perspective de la saison qui débute. Je ne vis pas dans le passé, c’est quelque chose qui est bien ancré dans ma nature. À peine digéré, je pensais déjà à la nouvelle saison. J’ai besoin de ça, de nouveaux challenges, de nouveaux objectifs.

Quitte à ne pas profiter de la fête ?

J’en ai bien profité, rassurez-vous. C’est quand même énorme ce que nous avons réussi et il fallait le fêter. Pour autant, j’avais au fond de moi un petit goût d’inachevé en raison de ce carton rouge reçu en finale. Cela aurait été certainement différent si j’avais joué les quatre-vingts minutes.

Blessé en 2015 lors du sacre du Stade français, Hugo Bonneval disait ne pas se sentir champion de France. Et vous ?

Ah non, je n’irai pas jusque-là. Je suis champion de France au même titre que ceux qui ont joué 80 minutes ou que ceux qui n’étaient pas dans le groupe pour la finale à Barcelone. J’ai pleinement le sentiment d’avoir fait partie de l’aventure.

Quelles images conservez-vous de cette expulsion ?

(Il souffle) Je me revois assis dans les tribunes après que certains de mes partenaires soient venus me chercher dans les vestiaires. J’étais malheureux pour l’équipe, pour ma famille. Ils savent combien j’attendais un tel moment et combien j’avais fait de sacrifices pour y parvenir. Je n’étais pas bien, vraiment pas bien… Pour moi, le match était plié, perdu, et c’était de ma faute. Je pensais avoir tout gâché. Et puis, sur le terrain, mes partenaires ont été héroïques. C’est incroyable ce qu’ils ont réussi à faire. Ça rend l’histoire est encore plus belle. Quand on dit que le rugby est le sport le plus collectif qui soit, ce soir-là, cette affirmation a pris tout son sens.

Est-ce que vous en avez fait des cauchemars de ce plaquage ?

Non, parce qu’on a gagné ! Dans le cas contraire, j’aurais probablement vécu l’enfer. Et puis, regardez ma faute : ce n’est pas un coup de poing, je n’ai tué personne. C’est un mauvais geste au sens du règlement, rien de plus. J’ai d’ailleurs toujours dit que j’assumais. La faute est bien réelle, le carton mérité.

Dans le même temps, le jeune Baptiste Serin a réalisé de très belles performances avec l’équipe de France lors de la tournée en Argentine. Comment l’avez-vous vécu ?

C’est bien, c’est un Bordelais (rires). Plus sérieusement, j’étais surtout heureux pour l’équipe de France. On voit qu’il y a quelque chose qui prend forme, se met en place. Voilà le plus important. Quant à la concurrence, j’y suis habitué. C’est toujours bien de voir qu’il y a du talent en France, c’est bon pour le XV de France.

Les absents ont-ils toujours torts ?

J’ai loupé une tournée en raison d’un calendrier complexe, je n’avais pas le choix. Et puis, je pense que beaucoup auraient aimé être à notre place, au Camp Nou de Barcelone, à jouer la finale du Top 14. Maintenant, c’est vrai, j’ai raté deux occasions de jouer pour l’équipe de France. C’est dommage car il n’y a rien de plus beau que de représenter son pays. Mon cœur était déchiré mais ça s’est bien fini avec un titre et une victoire des Bleus en Argentine.

Étiez-vous soulagé de tout de même figurer dans la liste « élite » communiquée par le sélectionneur Guy Novès ?

J’ai appris à me méfier des listes (rires).

Que voulez-vous dire ?

J’étais dans celle de Saint-André (liste limitant à 30 le nombre de match par joueurs dans la saison) et ça ne s’est pas bien terminé pour moi… Ceci dit, je suis quand même ravi d’avoir été retenu pour cette nouvelle liste même si cela n’offre aucun passe-droit. Si d’autres joueurs sont meilleurs que moi ou que nous, je pense que le sélectionneur ne se privera pas de les retenir. À moi d’être performant.

Comment avez-vous accueilli la nouvelle convention entre la FFR et la LNR à propos du XV de France ?

C’est forcément de bon augure. Aujourd’hui, les choses sont claires. Quand on sera en équipe de France, on ne sera focalisé que sur les objectifs de celle-ci. C’en est donc fini des interminables allers-retours entre le CNR de Linas-Marcoussis et les clubs. Et ça, c’est franchement bien. Même chose avec les quinze jours de préparation avant la tournée de novembre ou avant le Tournoi des 6 Nations ; c’est plus de confort. J’espère que nous saurons en tirer profit. Plus on se côtoie, plus on s’entraîne ensemble, meilleurs seront les automatismes. Jusque-là, le XV de France a presque toujours souffert d’un manque de vécu commun, d’un manque d’homogénéité. C’est important pour un groupe de partager du temps ensemble.

Ne craigniez-vous pas que le confort qu’apporte cette convention soit synonyme d’une plus grande pression ?

En équipe de France, la pression est toujours maximale. Ça ne changera rien. Quand on porte le maillot bleu, on se doit d’être le meilleur possible et de toujours gagner. Il faut arrêter de se chercher des excuses et ça n’a pas toujours été la faute du Top 14 si l’équipe de France n’était pas performante dans le passé.

On a dit que vous alliez prolonger votre contrat prochainement avec le Racing 92. Vous confirmez ?

Oui, je vais prolonger pour trois ans. Je serai donc Racingman jusqu’en 2020.

Qu’est-ce qui vous a poussé à faire ce choix ?

Parce que je suis bien dans ce club. J’ai envie de m’inscrire dans la durée, de connaître l’Arena 92, de continuer à m’investir et à prendre des responsabilités. En fait, pour moi, c’est un choix naturel. Tout est mis en œuvre, ici, pour la performance et le travail. Le club grandit, j’ai envie de grandir avec lui. Je veux gagner encore des titres.

Le plus difficile est-il de gagner un bouclier de Brennus ou de le conserver ?

De le conserver, sans hésitation. Ce qu’a réalisé Toulon en Coupe d’Europe, c’est assez exceptionnel.

Craigniez-vous de manquer d’appétit ?

Ça, c’est impossible. Ou alors, il faut arrêter le rugby tout de suite. Personnellement, j’ai trop envie de revivre de belles émotions. Je ne sais pas si les gens se rendent compte de ce que ça peut procurer. Nous jouons pour ça ! Cette finale à Barcelone, au Camp Nou, l’entrée dans le stade en blazer, le bruit des supporters, le scénario de cette finale… C’était un truc de dingue et c’est peut-être le plus grand moment de ma carrière. Cette finale, c’est un ascenseur émotionnel.

Pensez-vous être à l’abri de ce qu’a connu le Stade français l’année après son titre de champion de France 2015 ?

(il sourit) J’espère ! C’est aussi pour cette raison que nous avons besoin de vite basculer et de nous fixer de nouveau objectifs élevés. Le titre est derrière nous, il faut bien en avoir conscience. C’est de l’histoire ancienne maintenant.

Vous avez récemment déclaré n’avoir jamais connu une préparation estivale si courte. Craigniez-vous de le payer durant la saison ?

J’ai la chance, grâce à ma suspension, d’avoir eu une semaine de travail supplémentaire (sourire). Mes partenaires me chambrent d’ailleurs assez avec ça. Plus sérieusement, c’est effectivement très court mais c’est un choix des coachs. Je leur fais confiance, ils savent ce qu’ils font.

Comment avez-vous vécu la défaite à Bordeaux lors de la première journée ?

C’est dur de ne pas jouer et de voir son équipe perdre ! On est passé à côté dans l’engagement physique, d’où la nécessité de vite basculer et d’évacuer le passé.

À titre personnel, pensez-vous être prêt pour la réception de Lyon ?

Je n’ai pas joué depuis deux mois, je n’ai participé à aucun match amical. Je ne sais donc pas trop où j’en suis. J’espère vite retrouver le rythme mais j’ai le sentiment d’avoir bien travaillé techniquement et d’être prêt physiquement.

Pressé de rejouer ?

Je n’en peux plus ! Bien sûr que je suis pressé de rejouer. Il me tarde vraiment le coup d’envoi du match de samedi. À la maison je deviens insupportable quand je suis en manque de rugby. Deux mois c’est déjà beaucoup trop long.

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