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Laïrle, jeune premier

Par Nicolas Augot
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    Laïrle, jeune premier
Publié le Mis à jour
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Avec à sa tête le plus jeune manager du rugby professionnel, le SA XV a réussi un début de saison surprenant qui permet au promu d’occuper la deuxième place du classement. Rencontre avec un manager de 31 ans, prêt à se faire un prénom.

Soyaux-Angoulême en Pro D2, c’était déjà une nouveauté. Un manager de 31 ans dans le monde du rugby professionnel, c’est tout simplement une révolution. Julien Laïrle est le patron du SA XV, avec sous ses ordres des joueurs plus âgés que lui. Une situation assez rare au très haut niveau, où les postes d’entraîneurs et de managers sont généralement réservés à d’anciens joueurs au CV bien fourni. Mais l’histoire de Julien Laïrle, fils de Serge, n’a rien d’ordinaire. Sa carrière de rugbyman s’est arrêtée brusquement à 19 ans alors qu’il évolue au poste de talonneur avec les Reichel du Stade toulousain. Après une série d’introductions en mêlée à Béziers, il s’effondre sur la pelouse. « Je me suis fracturé les cervicales et pour une histoire de millimètres, j’ai évité le fauteuil roulant. » Il doit alors se reconstruire. « Après un gros pépin, soit on s’effondre, soit on devient plus dur, explique son père qui était entraîneur du Stade toulousain au moment de l’accident. Il a su rebondir et se construire dans la difficulté. » Son rêve s’effondre : « Quand des joueurs comme Maxime Médard, Maxime Mermoz ou Julien Ledevedec avec qui j’avais été champion de France Crabos ont joué leur premier match avec les professionnels, j’ai eu un pincement au cœur. Maintenant avec le recul et un peu plus de sagesse, je me dis que je n’aurais certainement pas fait une grande carrière. »

Malgré la blessure, la passion est toujours là. Logique pour son père : « Quand vous avez 10 ans, que vous suivez l’équipe de votre papa qui monte quatre fois d’affilée au Parc des Princes, vous êtes forcément mordus à vie. » Julien Laïrle décide alors de s’intéresser à l’analyse vidéo, travaille avec Michel Marfaing au centre de formation mais aussi avec son père auprès de l’équipe première du Stade toulousain avant de partir à Colomiers avec Philippe Ducousso. Ce dernier se souvient : « Un garçon pugnace, curieux, bourré de compétences et d’une grande maturité pour son âge. Dès que je lui donnais un travail, une mission, il rendait un travail propre, avec un esprit de synthèse très intéressant. Sa réussite comme jeune manager ne me surprend pas. Déjà à l’époque, il savait faire passer des messages. Il a son caractère bien à lui, même si ce n’est pas quelqu’un d’obtus. Il est sur l’innovation, l’initiative. Ce n’est pas un mouton. » Impressionné par ses compétences, Philippe Ducousso suggère son nom à Philippe Boher alors entraîneur de l’équipe de France des moins de 20 ans. Il participe aux Coupes du monde 2010 et 2011 « en tant qu’analyste de la performance, précise Boher. Son travail allait plus loin que la simple analyse vidéo. C’était un gros bosseur, intelligent et avec un bon socle de connaissances. Je me suis toujours dit que si je devais remonter un staff, il en ferait partie. »

« Sur la pointe des pieds »

Tout en développant ses compétences derrière un ordinateur, il prend goût au travail sur le terrain : entraîneur d’une équipe universitaire à Toulouse, puis au centre de formation à Colomiers, et ensuite à Périgueux. Mais sans une grande carrière de joueur derrière lui, le monde professionnel paraît alors intouchable. « Aujourd’hui, les présidents sont plus concernés par l’image que par les compétences, regrette Serge. Mais il a eu la chance de tomber sur des personnes qui ont su lui faire confiance tout au long de son parcours. » « J’ai eu la chance d’arriver au SA XV, un club ambitieux alors en Fédérale 2 qui m’a donné une chance exceptionnelle. » Trois ans après, le voici en Pro D2 : « Je commence à me faire un prénom. Je savoure mais je sais que tout est éphémère dans ce métier, même quand vous avez quatre titres européens et six de champion de France. J’ai pu m’en rendre compte avec mon père. J’arrive en Pro D2 sur la pointe des pieds. Je n’ai pas été joueur professionnel et quand il y a des réunions avec tous les entraîneurs, je me sens encore un peu seul (rires). » Cela pourrait vite changer si le SA XV confirme son très bon début de saison.

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