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Goze : « Couper court à toute spéculation »

Par Pierre-Laurent Gou
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    Goze : « Couper court à toute spéculation »
Publié le Mis à jour
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Le président de la Ligue nationale de Rugby s’est livré avant l’élection de ce mardi.

Comment abordez-vous l’élection de ce mardi ?

(Après quelques instants de réflexion, NDLR). Avec une relative sérénité. Je pense que majoritairement les présidents de Top 14 et Pro D2 sont satisfaits du mandat qui vient de s’écouler. Que le projet que je leur ai présenté pour la prochaine mandature, fortement basé sur le plan stratégique présenté au printemps dernier, obtient l’adhésion quasiment de tous. Mais bon, je suis aussi légèrement méfiant et il convient d’avoir ce sentiment, lorsque l’on aborde un scrutin à bulletin secret.

 

Mourad Boudjellal est votre seul opposant déclaré, qui n’hésite pas à attaquer votre gestion de la Ligue dans les médias…

… Franchement, je me suis fixé comme ligne de conduite en tant que président de la LNR, de ne pas répondre à l’ensemble des attaques personnelles d’où qu’elles viennent. Ces attaques ont été relativement constantes de la part des mêmes personnes. Je veux bien aborder mon projet ou mon programme, en discuter avec quiconque, mais les petites querelles et bons mots, invectives ou anathèmes ne m’intéressent pas.

 

Le président toulonnais accuse la LNR, la DNACG et le cabinet Deloitte de harcèlement sur le sujet du Salary Cap. Que répondez-vous à cela ?

La problématique est très simple. Dans le dispositif sur le Salary Cap applicables jusqu’en 2014-2015, les primes de finale n’étaient comprises dans le calcul de celui-ci. Mais devant les abus de certains dans leur utilisation, sur des sommes complètement extravagantes qui ne correspondaient pas à un montant de primes, il a été décidé par l’ensemble des clubs, qu’il fallait les plafonner à 10% du salaire annuel du joueur et qu’au-delà, c’était intégré au Salary Cap. Ce n’est pas dirigé contre le RCT, cela s’applique à tous les clubs.

 

Le RCT est-il un club plus contrôlé qu’un autre ?

Non, le cabinet Deloitte fait simplement son travail dans tous les clubs. C’est faux de dire qu’il y a un harcèlement de leur part vis à vis de Toulon. Et ce n’est pas en le répétant , ou le en criant, que cela deviendra vrai.

 

Avez-vous vous et vos collègues de l’actuel comité directeur de la LNR, la volonté de l’exclure du rugby ?

En aucun cas ! De ma part, il n’y a aucune volonté de lui porter préjudice. Au contraire, je l’ai intégré à la commission qui s’est occupé des droits TV, il a également animé la commission marketing-partenariat du plan stratégique. Il est convié à toutes les réunions organisées par la Ligue. S’il choisit de ne pas venir, ce n’est pas de ma faute ! Il a été impliqué à plusieurs chantiers majeurs. C’est facile d’affirmer des choses infondées, mais je préfère les faits.

 

Comment expliquez-vous alors, son attitude. Relève-t-elle d’une forme de paranoïa ?

Je ne peux pas vous répondre. Ces derniers temps, c’est peut-être parce qu’il est candidat contre moi, mais en règle générale je ne comprends pas ses attaques.

 

L’élection de mardi, devrait marquer l’arrivée au comité directeur des « nouveaux présidents », ceux issus non pas du sérail mais du monde de l’entreprise. Est-ce une bonne chose ?

Il a été reproché peut-être à juste titre, le manque durant ce mandat au comité directeur des présidents-propriétaires et je suis satisfait que plusieurs d’entre eux soient candidats cette fois-ci pour qu’ils y rentrent. Il est important que le comité directeur soit représentatif de toutes les sensibilités.

 

Mais ce sont ces présidents-là, outre Mourad Boudjellal, qui sont accusés par les autres de contourner le Salary Cap et de faire monter les enchères des salaires des joueurs…

… stop ! Le contrôle du Salary Cap est quelque chose de sérieux. On ne peut pas juger sur des bruits. Les gens peuvent dire ce qu’ils veulent, il faut des preuves. Si vous êtes attrapé à 150 km/h sur l’autoroute, adopter comme ligne de défense pour se dédouaner le fait que d’autres roulent à 200... Cela ne change pas, ni n’atténue votre faute. Si ce qui se dit ça et là, et que j’entends comme vous, était avéré, il y aurait des sanctions. Vous ne pouvez pas vous contenter des allégations de certains ! Ce serait trop facile.

 

Les présidents sont très présents dans les médias, plus même que les joueurs. Approuvez-vous cette tendance, qui fait que ce ne sont plus les acteurs qui parlent de rugby et du jeu, mais des chefs d’entreprise qui parfois n’ont jamais touché un ballon de leur vie ?

Chacun réagit par rapport aux médias à sa manière. Peut-être que certains présidents ont envie de communiquer avec la presse quotidiennement. J’aimerais surtout que les journalistes s’intéressent plus aux joueurs et moins aux petites phrases des présidents.

 

Le président du MHR, Mohed Altrad a annoncé cette semaine l’arrivée de Vern Cotter pour remplacer Jake White De plus en plus de managers de clubs sont étrangers. Au moment où les Jiffs commencent à porter leurs fruits, ne faut-il pas réglementer aussi les bancs de touche ?

C’est une réflexion qui peut être ouverte durant le prochain mandat. Concernant les Jiffs, oui cela commence à porter ses fruits et le dispositif mis en place l’année prochaine est beaucoup plus contraignant (seulement 16 joueurs non-Jiffs sous contrats autorisés par club pros et espoirs compris, NDLR) . On devrait voir encore plus de jeunes éclorent et postuler pour le XV de France. Je profite de l’occasion pour dire que le système des Jiffs me paraît tout à fait adapté alors qu’à l’inverse, celui des joueurs sélectionnables me semble contre-productif. Parce que tout joueur qui joue en France depuis trois ans et qui n’a pas été sélectionné en équipe nationale est un joueur sélectionnable quelque soit sa provenance et son parcours. Cette idée ne permet pas d’atteindre l’objectif du dispositif Jiff. L’analyse de Mourad Boudjellal sur ce plan-là n’est pas juste.

 

Les amendements signés au début de l’été sur la nouvelle convention FFR/LNR ont fait couler beaucoup d’encre et suscitent encore des critiques de la part de présidents qui vous accusent d’avoir dévalué le Top 14 au profit de l’équipe de France, notamment avec un peu plus de doublons encore. Que répondez-vous ?

Je tiens d’abord à couper court à toute spéculation électorale. Au niveau du comité directeur, la FFR représente seulement deux voix sur 20 et, à l’AG, trois voix sur 73. Ce n’était pas un problème électoral. Le dire, c’est affirmer une contre-vérité. Simplement, après les mauvais résultats de la Coupe du monde qui ont constitué un traumatisme pour le rugby français, tout le monde a pris conscience qu’il fallait permettre au sélectionneur de pouvoir travailler dans des conditions similaires à ses confrères des 6 nations et de se rapprocher des Nations du Sud. Une cellule technique a été mise en place et a fait des propositions. Sur cette base, il nous est apparu opportun de construire une convention pour les quatre prochaines années. En la signant cette année, elle s’appliquera pendant trois saisons jusqu’à la prochaine Coupe du Monde. On ne pouvait pas tergiverser !

 

Pourquoi faire ce geste ?

Parce que l’équipe de France est primordiale pour l’ensemble du rugby français. Toute personne qui le nie, se trompe fondamentalement. Le rugby a besoin d’une équipe de France forte, qui obtient des résultats. Les clubs l’ont bien compris, puisqu’à 94%, ils ont voté la convention. Ce n’est pas Goze qui a imposé sa vision. Les présidents des clubs pros ont pris conscience qu’il fallait que la Ligue fasse un geste. On peut toujours discuter, polémiquer et critiquer mais, avec un tel résultat lors du vote, il faut savoir raison garder.

 

L’un de vos chantiers n’est-il pas d’arriver à supprimer ces fameux doublons qui rendent le Top 14 beaucoup moins lisibles pour le grand public ?

Certains ressassent cela à souhait à des fins politiques, mais à partir du moment où vous avez un certain nombre de matchs à jouer dans une année, le nombre de week-ends n’est pas extensible ! Il y a donc une obligation d’avoir quelques doublons. La seule véritable solution contre les doublons, c’est de diminuer le nombre de clubs dans l’élite. Passer d’un Top 14 à un Top 12. Je suis opposé à cette éventualité. Après, notre championnat comporte des phases finales, le premier de la phase régulière n’est pas le champion. Dites-moi quelle est l’année où les équipes dites affaiblies par les doublons ne sont pas arrivées à se qualifier pour les phases finales ? A la fin de la saison, on retrouve toujours les mêmes ! Sauf le Stade français la saison dernière, qui a été très impacté par la Coupe du Monde. Donc pour moi, il n’y a pas de réel problème tant que l’on limite les doublons à 4 à 5 par saison. On pourrait envisager à l’avenir, pour en supprimer deux ou trois, de jouer en semaine, mais pour le moment, ce n’est pas d’actualité.

 

Le président de Toulouse, René Bouscatel, et celui de Toulon, Mourad Boudjellal, sont très inquiets pour l’avenir du Top 14 qu’ils voient décliner. Et vous ?

J’écoute leurs arguments, j’entends dire que la Ligue est en péril, mais je ne peux pas être d’accord avec eux. Je rappelle que nous sommes passés d’un budget de 74 millions de budget en 2012 à 140 millions en 2016. Si doubler ses revenus en quatre ans, c’est être en péril, alors cela me va. Le rugby français des clubs, bien qu’il subisse, comme tous les autres sports, les effets de la crise et des événements tragiques dont a été victime la France, se porte assez bien, pour ne pas dire plus.

 

Si vous gagnez mardi, est-ce que ce sera votre dernier mandat ?

Absolument. Comme le stipulent les statuts de la LNR, on ne peut faire que deux mandats. Donc, si je l’emporte, ce sera mon dernier.

Vous êtes hors-jeu !

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