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Toulon, califes en jeu

Par Vincent Bissonnet
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    Toulon, califes en jeu
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Les Varois reçoivent le champion d’Europe et d’Angleterre dont le RCT était le bourreau y a quelques années. Les trajectoires se sont inversées.Jusqu’à ce samedi ? Le choc promet.

La coïncidence aurait prêté à sourire. Ou à grincer des dents pour Mourad Boudjellal. à l’heure où le RCT s’apprête à voir débarquer Andries Ferreira, deuxième ligne méconnu des Lions, comme joker médical, les Saracens ont été à deux doigts d’obtenir l’engagement par intérim du Bok Eben Etzebeth, référence mondiale du poste et fantasme lancinant du président toulonnais. Le rêve de l’un était proche de devenir réalité pour les autres... L’affaire, si elle s’était conclue, aurait renforcé l’impression de passation de pouvoir entre les deux derniers champions d’Europe.Le club dirigé par Nigel Wray est devenu calife à la place du calife. Économiquement et sportivement. Sur le terrain, les statistiques cinglent : deux titres à zéro pour les Anglais cette année et une seule défaite sur les six derniers mois côté londonien contre sept pour le camp varois. Depuis la finale du printemps 2014, les trajectoires se sont croisées: entre-temps, Toulon a perdu Botha ou Williams, de son appétit et de son aura quand les Saracens ont vu émerger Itoje, Kruis et une force collective remarquable. « Notre prestation en finale de Coupe d’Europe a montré à quel point notre progression était évidente depuis deux ans, témoignait Mark McCall après le triomphe de Lyon, en avril dernier. Cette défaite a été très enrichissante.L’équipe n’était pas prête à l’époque. Elle l’est désormais.C’est une fierté. » Eddie Jones, sélectionneur de l’Angleterre, accessoirement élu homme le plus influent de la planète ovale, n’en finit plus de tarir d’éloges au sujet des doubles champions d’Angleterre en titre: « Face au Racing, ils ont été supérieurs dans tous les domaines. Les internationaux anglais tout particulièrement, Farrell, Vunipola, Kruis, Itoje, sont devenus des tops joueurs mondiaux », confiait-il au printemps, n’hésitant pas à prédire aux Sarries un destin similaire aux Crusaders des années 2000. Début octobre, après la démonstration réalisée au détriment des Wasps, l’éminence grise du XV de la Rose ajoutait, en spectateur privilégié : «Au niveau de la discipline et de l’organisation, ils sont vraiment au-dessus du lot.C’est ce qui les rend si forts. »

 

Dominguez, étape 2

Intouchables ? Sûrement pas.Les Harlequins l’ont démontré sur leur pelouse fin septembre en infligeant à Itoje sa première défaite en un an et demi. Si le RCT n’affiche plus - ou pas encore - la maîtrise et la constance des années dorées sur la durée, il possède les armes pour rivaliser avec n’importe quelle équipe de club sur quatre-vingts minutes. Chacune de ses individualités peut regarder son concurrent direct les yeux dans les yeux.Sans peur ni honte. Que Guilhem Guirado peut-il envier à Jamie George ? En quoi Leigh Halfpenny est-il inférieur à Goode ou Maitland? François Trinh-Duc ne possède-t-il pas le talent suffisant pour rivaliser avec Owen Farrell? Toutes ces prédispositions s’avéreront en revanche insuffisantes si le paquet d’avants, par ailleurs impressionnant dans le jeu courant, reproduit la prestation de La Rochelle sur phases statiques : quatre mêlées perdues sur sept et cinq lancers égarés sur treize ne pardonneront pas, cette fois. En ce début de saison tourmenté et épineux, les Rouge et Noir ont somme toute rassuré leurs supporters sur leur compétitivité au niveau national : oui, ils participeront aux phases finales du Top14 et postuleront véritablement au Bouclier de Brennus ; mais la configuration de la Coupe d’Europe et la composition de cette poule suggèrent un impératif de résultat immédiat. En ça, et en la qualité de l’adversaire du jour, le défi à relever ce samedi s’impose comme un test grandeur mature. Sans recours : ça passe ou ça casse.Diego Dominguez a beau écarter la pression du bras, une élimination au premier tour, scénario à craindre en cas de revers lors de cette première journée, constituerait un vrai désaveu pour le triple champion continental : transition ou pas. « Toulon n’est pas du tout favori de cette compétition cette saison, tranche le manager italo-argentin. Il y a de l’expérience avec les joueurs qui ont gagné trois titres, certes, mais aussi des nouveaux qui ne l’ont pas remporté. Ce groupe a en tout cas le potentiel pour revenir sur le haut du tableau de cette Champions Cup. » Au moins. Ce rendez-vous revêt une importance toute particulière pour le manager, homme de toutes les attentions et tensions depuis l’été.Jusqu’à présent, Diego Dominguez est parvenu à survivre à la pression de tous les diables imposée par son président et à conquérir un vestiaire convaincu par son authenticité et de son acharnement au travail. Le siège éjectable n’est pas encore devenu un trône mais l’homme de Córdoba a su s’imposer comme le patron de l’encadrement, avec son modus vivendi, ses convictions… Une première étape, considérable, de franchie.Une victoire de prestige, samedi, face au champion d’Europe renforcerait considérablement sa position. Bernard Laporte n’a-t-il pas en grande partie forgé sa gloire toulonnaise sur la scène continentale ?

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