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Kayser: « J’ai la dalle »

Par Léo Faure
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    Kayser: « J’ai la dalle »
Publié le Mis à jour
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Blessé en début de saison, l’international sera au cœur du combat, dimanche, face aux mastodontes d’Exeter.

Comment repart-on de l’avant après le cauchemar du week-end dernier en mêlée ?

Déjà, on repart de l’avant parce que le match est gagné. La sensation de honte et d’humiliation, si nous avions perdu à cause de notre conquête, aurait été multipliée par mille. C’est une grosse sonnette d’alarme et ça fait mal à l’ego, bien sûr. D’autant que, quand nous avons su un peu rectifier le tir en seconde période, nous avions fait tellement mauvaise impression sur l’arbitrage que c’était irréversible. Qu’importe, si elle ne doit pas occulter tout notre bon début de saison dans ce secteur, la grosse contre-performance en conquête est réelle. On s’en remet donc en se disant que le match est gagné et que, si on veut ouvrir cette campagne européenne de la meilleure des manières, on a la chance d’affronter une référence anglaise dans le secteur de la conquête. Exeter, c’est une mêlée très solide, sûr d’elle et sur laquelle ils s’appuient beaucoup pour lancer leur jeu. On se prépare en conséquence. Nous avons vécu un dimanche horrible. Tâchons de ne pas en vivre deux.

Les première ligne mettent beaucoup d’honneur sur l’exercice de la mêlée. Le travail de la semaine a été technique ou plutôt psychologique ?

Un peu des deux. Il faut être analytique et précis pour corriger les erreurs techniques. Mais il y a aussi eu beaucoup d’évacuations à faire. Des choses à dire au staff, d’autres que le staff avait à nous dire mais surtout beaucoup de discussions entre joueurs. Quand on est arrivé lundi à l’entraînement, la tête basse, on avait des comptes à régler entre nous. Même si les Toulousains ont été très costauds, ce n’est pas normal de passer au travers et d’être dominé de la sorte.

Cela nécessite beaucoup de temps passé entre première ligne ?

Pas plus que d’habitude. Du temps ensemble, on en passe déjà beaucoup et on n’a pas changé la programmation de la semaine pour autant. Mais on s’est expliqué. Puis on s’est remis au boulot.

La mêlée d’Exeter ressemble-t-elle à celle de Toulouse ?

C’est différent. Dans le championnat anglais, c’est plus propre. Il y a moins de vice. C’est donc ce qu’on va essayer de leur proposer. Mais on se méfie. Il ne faut surtout pas les laisser travailler dans leur confort. Exeter a une mêlée très patiente, capable de maintenir l’effort et d’imposer un bras de fer très long sans se mettre à la faute. L’an dernier, je me souviens que la première mêlée contre eux à Marcel-Michelin doit durer près de vingt secondes. Ça ne paraît peut-être rien, mais c‘est infini quand on est dedans ! On se prépare à ce type de défi.

Comment analysez-vous le mauvais début d’Exeter (2 victoires en 6 matchs) ?

Il faut faire gaffe à cette analyse. Oui, ils ont perdu contre les Saracens mais les Sarries « dépoutraillent » tout le monde depuis deux ans. Ils passent à deux doigts de gagner à Northampton. Contre Gloucester, dernièrement, j’ai vu le match et je peux vous assurer que Gloucester a été monstrueux. N’importe qui aurait eu du mal. Quand on analyse les performances d’Exeter dans le détail, on se rend compte qu’ils sont plus complets. Et il y a toujours cette puissance.

Cette puissance vous avez fait beaucoup de mal l’an dernier au Sandy Park…

Le match aller, je n’y étais pas. Mais c’est une équipe qui impose sa masse via des groupé-pénétrants phénoménaux. C’est le défi qui nous attend. Ils sont aussi capables de tenir des séquences de plus trois minutes à cinq, six ou sept reprises dans le match. Ce sont des choses dont peu d’équipes sont capables. Ils y arrivent parce qu’ils sont très précis dans tout ce qu’ils entreprennent.

À votre poste, après la blessure d’Ulugia vous êtes le seul ancien du club. Comment l’appréhendez-vous ?

Même quand John est là, j’essaie de me comporter de la même manière. Une chose est sûre, j’avais faim de temps de jeu après ma saison dernière polluée par les blessures. J’aurais préféré que ce soit en alternance avec John, malheureusement pour lui il s’est « cogné ». Du coup, j’enchaîne et tant mieux à la limite. Ça me donne du rythme et j’en suis ravi.

À 32 ans, vous figurez désormais parmi les anciens…

J’en ai plus derrière que devant, c’est sûr. J’apprécie les semaines d’autant plus. J’ai trois ans de contrat. J’espère qu’il y en aura encore un peu plus mais rien n’est sûr. En attendant, je profite de tout pour me régaler. J’ai des objectifs personnels à atteindre et j’ai trois ans pour le faire.

Quels sont ces objectifs ?

Des titres, forcément. Et m’épanouir, retrouver des niveaux de performance dont je serais fier. Aujourd’hui, j’ai la dalle, beaucoup plus que l’envie de me reposer.

Avec le recul, expliquez-vous l’échec de la dernière campagne européenne ?

Au début, je ne m’étais pas rendu compte à quel point on s’était démembré, match après match. Sur des détails qui se sont accumulés. Les Ospreys ont pris deux points chez nous à la dernière minute. À Exeter, dans les derniers instants, nous avions perdu le bonus défensif et ils avaient pris l’offensif. À Bordeaux, à 15 contre 13, nous avons été incapables de prendre le bonus offensif. Et, enfin, face à Bordeaux, chez nous alors que nous menions 3 essais à 0 après vingt minutes, nous avons fini par perdre sans prendre aucun point. Sur le coup, c’était cruel mais avec le recul, je me suis rendu compte que c’était justifié. Nous nous sommes désintégrés avec cette accumulation d’erreurs.

Sans en prendre conscience ?

Nous étions dans le positif, tout le temps. On se disait : « ce n’est pas grave ce point de bonus lâché, ce n’est pas grave ci, ce n’est pas grave ça… ». Le nez dans le guidon, tant que tout était jouable, nous n’avons pas eu le recul pour nous dire que le pire nous pendait au nez. Cette remise à plat, on l’a faite en février. C’est ce qui nous a permis de redresser la barre. Avec 2-3 voyages et 2-3 bringues, en équipe, les choses sont reparties de l’avant. Mais nous ne voulons pas nous planter une deuxième fois.

Il y a une semaine, à la télévision, vous disiez que le rugby est devenu un sport de débile…

(Il coupe) Je voulais dire que le rythme imposé et la violence pour les corps deviennent débiles, oui. C’est tellement homogène et cadencé que ça devient fou ! Quand j’ai débuté, il y avait déjà de gros chocs contre Toulouse, Clermont ou Biarritz mais ce n’était pas aussi homogène. Les matchs durs n’étaient jamais consécutifs. Aujourd’hui, toutes les équipes sont dures physiquement. Sur l’ensemble d’une saison, cette répétition est traumatisante. C’est ultra-intense, presque trop pour les corps.

Demain, votre enfant vous dit qu’il veut faire une carrière de rugbyman. Le laissez-vous faire ?

Évidemment ! Je n’ai pas encore de fils mais si j’en ai un demain et qu’il veut faire une carrière de rugbyman, je lui dirai que c’est le plus beau métier du monde. Le Top 14 a un rythme de débile mais les stades sont pleins tous les week-ends. Cela dégage aussi une manne économique intéressante. Nous sommes des privilégiés. Mais je pousserai mon fils pour qu’il prenne le plus grand soin de son corps.

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