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[ Dossier ] Le coût du rugby : Tour d’horizon en Top 14

Par Marc Duzan
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Certains clubs sont en difficultés, contraints à la prudence, quand certains présidents réfléchissent à vendre leurs parts. Exemples.

Stade Français: Savare temporise

Il y a un peu plus d’un an, lorsque l’on évoquait la possible vente du Stade français, Thomas Savare levait les yeux au ciel et balayait les rumeurs d’un revers de la main. Une poignée de temps plus tard, les choses ont indéniablement évolué. L’été dernier, alors que les soldats roses sortaient d’une saison délicate, le président du Stade français fut, selon un membre du club, approché par une holding asiatique. Voici deux mois et comme il nous le confirmait mercredi dernier, le P.-D.G. d’Oberthür (un des leaders mondiaux de la fabrication de billets de banque et de carte à puces) révélait avoir mandaté une banque (Rotschield) afin de « vérifier la crédibilité des capitaux » d’un nouvel investisseur, dont la nationalité demeura cette fois-ci mystérieuse. « Cela prouve que le Stade français reste attractif, souriait Thomas Savare, avant d’ajouter au sujet d’une possible vente : Je prendrai la décision qui me paraîtra la mieux appropriée pour défendre les intérêts du club. » Comprenez par là que le jeune président n’est aujourd’hui fermé à rien ; dans l’éventualité où un investisseur aux reins aussi solides que la 56e fortune française venait à émettre une proposition concrète, il la considérerait avec attention.

Allégement de la masse salariale

S’il était le seul décideur, Thomas Savare (49ans) ne vendrait pas le Stade français. Piqué de rugby, il a dernièrement fait partie de la cellule technique appelée au chevet du XV de France après le Mondial anglais et vient d’être élu au comité directeur de la Ligue. Pourtant, le conseil d’administration d’Oberthür Fiduciaire est plus divisé quant à l’engagement financier de la firme hexagonale au Stade français. Pourquoi ? Le club parisien coûte cher. Très cher. « Je ne vous cache pas que nous avons beaucoup investi dans le club depuis 2011 et avons du mal à trouver un modèle économique viable, poursuivait Thomas Savare lors de cette même interview. Mais ce n’est pas une situation spécifique au Stade français Paris. » Depuis qu’il est à la tête du club parisien, le P.-D.G. d’Oberthür a ainsi investi près de 21 millions d’euros. Pour faire du Stade français un navire autonome, les affluences enregistrées aujourd’hui (11 000 spectateurs en moyenne) ne constituent pas une manne financière suffisante. Un cas isolé ? Pas vraiment. Dans la capitale, où les spectacles sont soumis à rude concurrence, le Paris Hand-Ball-champion de France en titre- culmine par exemple à 3 000 spectateurs en moyenne. Où est la clé, alors ? Avec les départs de Geoffrey Doumayrou, Raphaël Lakafia et Rabah Slimani, Thomas Savare perd certes de très bons joueurs mais il allège aussi une masse salariale devenue, au fil du temps, un rien encombrante au moment de présenter les bilans financiers du club au conseil d’administration d’Oberthür. « L’amalgame qui est fait entre la situation et le sentiment que l’on laisse délibérément partir les joueurs me dérange énormément, concluait Savare la semaine dernière. Nous avons fait des offres à chacun des joueurs ayant choisi de nous quitter (Raphaël Lakafia, Geoffrey Doumayrou, Rabah Slimani, N.D.L.R.) ! Simplement, nous ne jouons pas la surenchère ! » Il se murmure pourtant qu’au sujet de Rabah Slimani, le Stade français n’a pas encore baissé les bras. Et si les dirigeants parisiens trouvaient rapidement un investisseur susceptible de régler la clause de dédit (400 000 euros) existant dans le précontrat qui lie le pilier international à l’ASMCA, la situation pourrait connaître un rebond inattendu…

 

Toulouse : Le modèle est-il en péril ?

Ce n’est un secret pour personne : le Stade toulousain connaît de récurrentes difficultés économiques. En effet, le club le plus titré de France a terminé ses trois précédents exercices en présentant des déficits. Le dernier en date atteignant 1,1 million d’euros. Jusque-là, ces retards financiers ont toujours été comblés par les fonds propres mais la situation devient de plus en plus problématique. Pourquoi ? Parce que, selon nos informations, Toulouse accuse déjà un retard de 1,5 million d’euros sur son budget actualisé au 30 octobre pour l’exercice en cours. Les raisons, qu’elles viennent du sponsoring en baisse ou des affluences en chute, sont multiples. Toujours est-il que les fonds de réserve commenceraient à sérieusement s’amenuiser et les dirigeants vont être dans l’obligation de trouver une autre solution pour ramener les comptes à l’équilibre. Celle-ci pourrait toutefois amener une évolution dans le fameux modèle économique stadiste. En effet, ce dernier a longtemps fait référence et école. Pas de généreux mécènes ou d’entreprises qui tiennent le club par leur chéquier. Non, à Toulouse, 51 % du capital appartient à l’association du Stade toulousain, 25 % à l’association « Les Amis du Stade » (propriétaire du stade Ernest-Wallon), 10 % à l’actionnaire privé Fiducial et le reste se partage entre plusieurs petits porteurs. Voilà qui présente l’avantage de l’indépendance économique mais, à ce jour, le système est mis à mal face aux autres locomotives du rugby français, lesquelles s’appuient sur les fortunes de ses financeurs.

Recapitalisation à venir ?

Ainsi, le Stade toulousain a toujours été tributaire de ses résultats sportifs et de ses recettes guichet. Or, sans titre depuis 2012, le club est en quête de nouvelles entrées d’argent. Voilà pourquoi on voit mal comment il pourra éviter une recapitalisation dans les semaines ou mois à venir s’il veut continuer à concurrencer les plus grosses écuries du Top 14. Un candidat revient souvent dans l’entourage toulousain, à savoir Fiducial, lequel était entré dans le capital à hauteur de 10 % en 2014. Il se dit que ce partenaire serait prêt à augmenter sa participation. C’est d’ailleurs ce que l’actuel président René Bouscatel aurait proposé en interne, comme révélé dans nos colonnes il y a deux semaines. Mais, que ce soit Fiducial ou pas, une éventuelle recapitalisation aura forcément des répercussions sur les rapports de force à la tête du club. Ce serait en tout cas une page qui se tournerait dans son histoire. Surtout en cette année présidentielle puisque le mandat de Bouscatel arrive à son terme en juin et que, malgré son envie affichée de rester deux années supplémentaires, il a des chances de ne pas être reconduit. En attendant, la situation, si elle a pu ralentir quelques dossiers, n’a pas trop de conséquences néfastes pour le recrutement de la saison à venir. Ceci parce que Toulouse va se séparer de certains de ses plus gros contrats en fin de saison (Johnston, Albacete, McAlister et sûrement Dusautoir), ce qui va alléger sa masse salariale et lui donne donc une marge de manœuvre. Laquelle va se réduire si des liquidités ne sont pas vite trouvées.

 

La Rochelle : Léa Nature, du sponsoring passion à la direction ?

Charles Kloboukoff, toulousain de naissance, est tombé dans le rugby enfant. Lorsque sa société Léa Nature (groupe spécialisé dans l’agroalimentaire et la cosmétique écologique employant plus de 1 000 personnes), s’installe sur La Rochelle, c’est presque naturellement qu’il devient partenaire de l’ASR. Aujourd’hui, sponsor à hauteur de 300 000 euros par an-« On s’est réengagé pour trois ans »-il en est également l’un des administrateurs et sa société Léa Nature a intégré le capital de la SASP. « Il est l’un des trois gros donneurs d’ordre du club », nous affirmait ce week-end, un politique de la communauté d’agglomération rochelaise. Très proche du président Vincent Merling, il est même pressenti pour prendre sa succession, le jour où le dirigeant historique aura décidé de passer la main. « Je suis déjà impliqué au sein du conseil d’administration. Après, je suis chef d’entreprise et j’ai aussi une vie de famille. Alors plus d’engagement personnel ? On verra à l’avenir mais ce n’est pas à l’ordre du jour », témoignait l’entrepreneur ce dimanche. Pour quel retour économique pour sa société ? « Si le rugby professionnel coûte de plus en plus cher, c’est d’ailleurs notre ligne budgétaire la plus élevée, nous sommes très contents des retours médiatiques et de l’image véhiculée par le Stade rochelais qui est devenu le porte-fanion du rugby du Grand Ouest. C’est fédérateur. Le salary cap est une sécurité financière qui nous va bien même si les budgets continuent d’augmenter », concluait Charles Kloboukoff.

 

Par Marc Duzan, Jérémy Fadat et Pierre-Laurent Gou

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