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[ France - Australie ] Ledesma : « On ne peut pas lutter »

Par Marc Duzan
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    [ France - Australie ] Ledesma : « On ne peut pas lutter »
Publié le
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L’ancien talonneur des Pumas et de l’ASMCA, aujourd’hui entraîneur des avants australiens, dresse un comparatif entre contextes français et australien. Ca décoiffe…  

Vos Wallabies sortent de deux victoires à Cardiff (32-8) et Edimbourg (23-22). Dans quel état de forme sont-ils ?

Par rapport au dernier Four Nation, nous sommes en nette progression et c’est encourageant. La saison internationale a commencé, pour nous, avec un turn-over important. Une nouvelle génération est apparue. Un nouveau groupe de leaders, aussi. Je ne compte pas moins de treize débutants, cette année.  

 

Ce renouvellement générationel est-il la seule explication à un Four Nation décevant ?

Il explique beaucoup de choses, en effet. Quand nous avons attaqué le Rugby Championship, les franchises australiennes sortaient aussi d’une saison très difficile. Ce n’était pas un bon point de départ. Samedi soir, au Stade de France, nous nous attendons donc à un match très difficile à négocier, face à une équipe de France en plein renouveau, bien plus forte qu’elle ne le fut l’an passé.  

 

Concrètement, qu’avez-vous pensé des Bleus ?

Tout leur a réussi, face aux Samoa : la conquête directe, la vitesse des libérations, l’intégration des jeunes… Au milieu du terrain, j’ai aussi assisté à l’éclosion d’une superbe paire de centres. Rémi Lamerat et Wesley Fofana jouent ensemble à Clermont, ont des repères et ça commence à se voir...  

 

La performance française doit-elle être relativisée, eu égard au niveau actuel des Samoans ?

Ce n’est pas l’équipe des Samoa d’il y a quelques années mais ça reste une équipe professionnelle, préparée et expérimentée. Je vais vous dire : même contre une équipe présumée plus faible, la performance, il faut la faire ; il faut les marquer, les cinquante points ! Les Français n’ont pas joué les Blacks mais ils font plaisir à voir.  

 

On dit généralement que l’automne est le moment où Wallabies, Boks et All Blacks sont le plus prenables. Pourquoi ?

Il y a de la fatigue, chez nous. Certains Wallabies ont disputé plus de trente matchs à un niveau très élevé. Il ne faut pas non plus oublier les voyages, les différents fuseaux horaires. Tout cela use les organismes et cette semaine, nous avons du revoir les charges de travail. Cette tournée d’automne est très exigeante. Fin novembre, nous aurons affronté toutes les grandes nations du Nord (Galles, Ecosse, France, Barbarians, Irlande, Angleterre, N.DL.R.) et les Barbarians  ! C’est du sport…  

 

Il n’y a pas si longtemps, il suffisait à l’équipe de France de cibler l’Australie en mêlée pour la mettre en difficulté. Qu’avez-vous fait pour rendre les Wallabies meilleurs dans ce secteur de jeu ?

Je les ai fait travailler, c’est tout. Ils ne passaient pas assez de temps sur la mêlée, avant. Lorsque Michaël Cheïka est arrivé à la tête de l’équipe nationale (2014, N.D.L.R.), il s’est aussitôt penché là-dessus, comme il l’avait fait aux Waratahs. L’Australie sortait de deux saisons très compliquées à ce niveau-là. Elle avait encaissé des essais de pénalité au pays de Galles, en Angleterre… A mon arrivée, les joueurs ont été très réceptifs. Tout le monde s’est mis au boulot.  

 

À quelle stratégie doit-on s’attendre de votre part, à Saint-Denis ?

Michaël (Cheïka, N.D.L.R.) ne regarde pas l’équipe qu’il affronte. Il aligne les mecs en forme et se concentre sur son équipe.  

 

Un mot sur votre capitaine, Michaël Hooper...

Il abat un travail phénoménal. Il est toujours en mouvement, toujours à pleine vitesse. Par son activité, en leurre ou balle en mains, il nous permet de réaliser un nombre incalculable de breaks que personne ne voit. Il est infatigable. Il court tout le temps.  

 

Sekope Kepu est l’un des hommes clés de votre mêlée. Pourquoi a-t-il choisi de quitter Bordeaux et revenir en Australie avant la fin de son contrat ?

Pour Sekope, le problème était surtout situé au niveau familial. Laurent Marti (président de l’UBB, N.D.L.R.) a été super réglo avec lui. Il l’a libéré sans faire d’esclandre. C’est très classe de sa part. Quoi qu’il en soit, il n’y a pas mieux pour un joueur de première ligne que de passer quelques mois en Europe, qui plus en France où les mêlées sont très disputées. De plus en plus de jeunes joueurs australiens rejoignent d’aillerus le Top 14 pour y être joker médical. On ne peut pas lutter. Il n’y a pas beaucoup d’argent dans le rugby australien. Le 15 est le quatrième sport du pays…  

 

Est-ce si difficile de lutter avec les propositions européennes ou japonaises ?

Oui. Quand je vois les salaires, je me dis que j’ai arrêté ma carrière trop tôt… (rires) On retrouve des sommes équivalentes au football d’il y a une dizaine d’années. En Australie, quatre ou cinq joueurs gagnent très bien leur vie, qui plus est s’ils partent au Japon pour y effectuer une pige. Mais chez nous, le joueur moyen gagne un quart de ce que gagne le joueur moyen en Top 14, où l’histoire des Jiff a contribué à faire augmenter de façon considérable les salaires des joueurs français.  

 

Et ?

C’est une bonne chose. Il faudrait même qu’il y ait encore plus de Jiff ! […] Mais on ne peut pas comparer ce qui n’est pas comparable. En Australie, les moins de 20 ans n’ont rien. 1 % des mecs reçoit quelques sous. Et encore, juste de quoi se payer la bouffe et le train… J’ai connu, à Montpellier, des gamins de 18 ans qui gagnaient 2000 euros par mois. Sans compter le studio loué par le club et la bouffe ! En Australie, les gamins font de gros sacrifices, de gros efforts pour pouvoir jouer au rugby. Certains gosses font parfois trois heures de train pour aller s’entraîner avec les Waratahs.  

 

À titre personnel, quel est votre contrat ?

C’est un CDI.  

 

Poursuivrez-vous jusqu’au Mondial 2019 ?

Je ne sais pas. Je suis plus lié avec Michaël (Cheïka, N.D.L.R.) que je ne le suis avec la fédération australienne. On verra… ​

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