[Dossier France - Australie ] Que valent ces Australiens ?

Bob Dwyer l’avait prédit. Quoi ? La victoire des Wallabies acquise à Cardiff il y a deux semaines, pardi : « Si les deux équipes jouent leur meilleur rugby, l’Australie va gagner. Ils sont en train de progresser et seront compétitifs », avait promis le sélectionneur qui fut sacré champion du monde en 1991. Et pourtant… Sur le papier, les Wallabies n’avaient pas les faveurs des pronostics. à peine remis de leur série de six défaites consécutives depuis la finale du Mondial, les Australiens avaient enchaîné avec un Four-Nations quelconque (trois victoires, trois défaites). Un bilan tout juste honorable, au moment où les Sud-Africains et les Argentins sont en difficulté. Rentrés dans le rang, ils devenaient des proies faciles pour leurs rivaux All Blacks qui se gaussaient de leurs mésaventures tout en bombant le torse grâce à leur série de dix-huit victoires. Graham Henry les taxaient de « pires Wallabies de l’histoire », tandis que le New Zealand Herald se permettait de publier une caricature de Cheika en clown stupide et haineux. Mais n’auraient-ils pas enterré trop vite la troisième nation mondiale ? Samedi, les Australiens ont senti le vent du boulet face à une équipe d’Ecosse en progrès constant. Mais ils ont fini par s’imposer d’un point, comme au dernier Mondial...

Timani, Hodge: les nouvelles menaces

Comme nous le confiait en exclusivité la semaine dernière, Michael Cheika avait anticipé cette mauvaise passe : « Je sais que beaucoup juge notre bilan en fonction des matchs gagnés ou perdus. Mais je sais que je m’étais mis d’accord avec ma Fédération pour entamer un nouveau cycle avec un effectif renouvelé. » Ajoutez à cela un calendrier démentiel avec quinze rencontres contre les équipes du top 8 (dont six contre les deux premiers mondiaux Nouvelle-Zélande et Angleterre) et vous comprendrez mieux que les résultats ne reflètent pas forcément le vrai niveau de ces Wallabies new-look.

New-look car Cheika a largement renouvelé son effectif et surtout le pack. Il a notamment formé un nouvel attelage avec Rory Arnold et Adam Coleman, qui n’ont respectivement que

26 et 25 ans. Le premier culmine à 2,09 m, et est un élément central de sa franchise des Brumbies alors qu’il ne joue au rugby que depuis cinq ans (!). Le second, légèrement plus petit et plus lourd (2,04 m, 122 kg) est précieux dans le combat au près mais manquera certainement le rendez-vous de Saint-Denis en raison d’une blessure au genou survenue dans les première minutes du Test disputé le week-end dernier contre l’Ecosse. Dans le couloir, Cheika a trouvé l’héritier de Wycliff Palu en la personne de Lopeti Timani, frère cadet du Clermontois Sitaleki. âgé de 26 ans, le robuste tonguien (1,93 m, 124 kg) offre une précieuse force de pénétration et permet d’associer Michael Hooper et David Pocock sur les flancs. Face à de coriaces Ecossais, les trois hommes ont abattu un travail considérable, et ont tenu leur équipe à flot.

Derrière, les Bleus devront surveiller le talentueux Reece Hodge. Utilisé à tous les postes de la ligne d’attaque des Rebels, Cheika a décidé de lui confier le poste de premier centre, autrefois tenu par Matt Giteau. Et on le comprend : en onze matchs avec la franchise de Melbourne, Hodge a marqué neuf essais. Et en plus, il bute. Et très bien, même. à Wellington, il avait passé une pénalité de 55 mètres et peut ainsi prendre le relais de l’ouvreur Bernard Foley. Auteur d’un match sublime à Murrayfield, Hodge devra être surveillé comme le lait sur le feu. Vous l’aurez compris, les Bleus n’affronteront pas une bête blessée à Saint-Denis, mais bien une équipe en pleine reconstruction qui ne cesse de monter en puissance. Les voilà prévenus.

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