Abonnés

De Noé à Mauzac

Par Didier Navarre
  • De Noé à Mauzac
    De Noé à Mauzac
Publié le Mis à jour
Partager :

Stéphane Louis, un commerçant mauzacois, a repris la collection de maillots d’Alex Borret et lui redonne une nouvelle vie dans son établissement du Moulin des Roches.

Noé, une localité du Sud toulousain, traversée par la célèbre 117, au carrefour du Muretain, du Carbonnais, de la Lèze et du Volvestre, un patelin où le ballon ovale n’a jamais eu droit de cité. Les Noémiens ayant préféré la pratique du football. Et pourtant, ce village est une place forte de la culture rugbystique. Dans les années 1970 et au début du vingt et unième siècle, on faisait et refaisait les matchs dans une ambiance festive « chez Alex », le maître des lieux. Pour l’état civil, il était Alex Borret. Chaque dimanche soir, c’était la fête. On chantait, on buvait, on dansait. En un mot, c’était la vie, c’était la troisième mi-temps. Chez Alex, la hiérarchie était inexistante. Un club de Première Division côtoyait celui du dernier échelon régional.

Tard dans la nuit, le chauffeur de bus rappelait à l’ordre tous les « festayres ». Avant une ultime poignée de mains sincère et chaleureuse, un dirigeant, un joueur remettait à leur hôte, un maillot encore imprégné de sueur et de boue.

La résurrection

Au fil des années, « Alex » a capitalisé un joli pactole. Chaque tunique était ainsi placée sous verre dans l’établissement, avec le patronyme du généreux donateur. C’était un véritable musée de l’ovalie qui a comptabilisé plus de 1 000 tuniques. Or, en 2009, celui qui était l’ami de Philippe Dintrans, Serge Blanco, Claude Portolan, Franck Belot et « la taloche », un ancien deuxième ligne de Saint-Sulpice-sur-Lèze et Longages, un joueur au verbe haut et de devoir selon ses adversaires, s’en est allé, emporté par une vilaine maladie. Le célèbre établissement en perdit de sa superbe. Il appartenait désormais aux souvenirs.

Or, très souvent, dans les causes les plus désespérées, il y a toujours une main salvatrice. À quelques kilomètres de Noé, à Mauzac très exactement, Stéphane Louis, 48 ans, propriétaire de l’établissement, le Moulin des Roches, a souhaité redonner une nouvelle existence à ces mille tuniques chargées d’histoire. « Comme Alex, je suis footballeur, je n’ai jamais joué au rugby. Mais, j’ai une passion pour ce sport. Je ne vous cache pas que j’étais bouche bée devant sa collection de maillots. J’ai la chance de bien connaître ses filles, Françoise et Christine. Elles ont été pourtant sollicitées financièrement par de nombreux collectionneurs, mais elles souhaitaient que le musée de leur père reste dans la région. Elles m’ont confié l’héritage de leur père. Les tuniques sont désormais dans mon établissement sauf que la collection est passée de mille à neuf cents maillots. Certains n’ont pas résisté aux temps. »

Mercredi dernier en soirée, dans l’établissement mauzacois, Stéphane Louis et son équipe ont officiellement pris la crémaillère de ce nouveau musée dédié à l’ovalie. Mercredi dernier, les amis d’Alex étaient là. Comme à l’époque, on a en quelque sorte refait les matchs jusqu’à tard dans la nuit. Du haut de son nuage, Alex Borret a certainement apprécié.

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?