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[ELECTIONS FFR] Laporte : « Je connais par cœur le rugby amateur »

Par Pierre-Laurent Gou
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    [ELECTIONS FFR] Laporte : « Je connais par cœur le rugby amateur »
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Après plus de cent vingt réunions publiques, l’ancien manager de Toulon, Bernard Laporte, fait le point sur sa longue campagne électorale et rétablit quelques vérités : il est prêt à travailler avec Novès, sera un président 100% bénévole et tourné vers le rugby amateur.

Quel est votre état d’esprit à une semaine de l’élection ?

Pour le moment, il n’y a pas encore d’excitation, ni d’impatience. Ce scrutin est un aboutissement. On est tout près de la ligne d’arrivée, de près de vingt-quatre mois de campagne. J’ai vécu des moments formidables, j’ai découvert des gens extraordinaires. Au départ, à la première réunion, nous étions trois ou quatre dans mon équipe à travailler et nous finissons à trois cent. Ce fut une immense expérience. Difficile, je dois reconnaître, mais très enrichissante. Ce qui m’est proposé aujourd’hui, c’est le plus beau des combats

En quoi a-t-elle été difficile ?

Pendant neuf mois, j’ai dû assumer deux casquettes, celle de manager du RCT et celle de candidat. J’étais sur la route du lundi au dimanche. Physiquement, ce fut parfois rude mais je n’ai pas le droit de me plaindre car, en retour, vu les soutiens et l’accueil reçu partout, j’ai été comblé.

Vos détracteurs, et notamment le camp Camou, stigmatisent votre prétendue méconnaissance du monde amateur. Est-ce que vos multiples tours de France vous ont permis de mieux l’appréhender ?

D’abord, je suis, comme pratiquement 99 % des licenciés, issus du monde amateur. Jusqu’à 20 ans, j’étais joueur à Gaillac. Après, j’ai effectivement fait ma carrière de joueur puis d’entraîneur dans le monde professionnel. Mais c’est une force ! Durant ma campagne, j’ai découvert les nouvelles contraintes et difficultés du monde amateur. C’est d’ailleurs un des éléments qui m’a poussé à m’engager dans cette aventure. Les lendemains de match du RCT, quand j’allais voir des matchs autour de Toulon, où lors des entraînements délocalisés dans des petits clubs varois, j’entendais les dirigeants, bénévoles et même les éducateurs pestaient, hurlaient contre la Fédération. J’ai perçu une énorme colère. Cela ne correspondait pas avec ce que j’avais vécu à Gaillac où, à mon époque, tout le monde était heureux. Je me suis alors demandé pourquoi tant de haine envers l’institution ? En discutant, en écoutant, j’ai commencé à prendre conscience qu’elles étaient leurs contraintes. Et ma campagne m’a davantage ouvert les yeux sur leurs difficultés. Le monde amateur est devenu un laissé pour compte. Et, aujourd’hui, je connais par cœur leur quotidien.

Est-ce pour cela que sur votre liste, le monde amateur est très présent ?

Je l’ai dit dès le début de ma campagne : je veux remettre l’église au centre du village. Je voulais donc une liste avec des gens qui sont au fait des problématiques du monde amateur. Aujourd’hui, au comité directeur de la FFR, il y a beaucoup d’anciens internationaux. C’est bien, j’ai du respect pour ses grands joueurs mais ils n’ont jamais rien fait pour le rugby d’en bas ! Jamais ! Et ce sont eux qui doivent décider de ce que sera l’avenir du rugby français ? Je dis non !

On a beaucoup parlé d’un climat pesant sur la campagne. Avez-vous menacé des présidents de clubs s’ils ne votaient pas pour vous ?

Absolument pas. Mais je dois dire que certaines choses m’ont dérangé, notamment le fait que des présidents de comités territoriaux mettaient la pression aux clubs, qui les harcelaient de voter pour l’équipe dirigeante actuelle. Personnellement, je me suis engagé pour qu’il y ait un véritable débat démocratique et l’attitude de certains dirigeants historiques de notre sport m’a surpris. Mais je passe outre et je suis obnubilé par mon objectif : réussir les réformes dont le rugby français a besoin.

Craignez des chausse-trapes lors du scrutin du week-end prochain ?

Je ne crains rien et je crois en la démocratie. Cependant, nous avons essayé de prendre nos précautions au niveau des fameuses procurations pour les faire certifier. On a fait en sorte qu’elles soient authentiques, uniques et conformes parce que, à un moment donné de la campagne, nous avons été interpellés par ce qu’il se passait en haut avec les pouvoirs et procurations. Pour éviter tout trafic, on a mis nos avocats sur le coup. Il faut que le vote de samedi soit sincère !

Serez-vous un président salarié ?

Non, je serai un président bénévole et j’y tiens, non rétribué par la FFR ! J’ai 52 ans, donc je devrais continuer à avoir une activité professionnelle. Il faut que je travaille, comme tout le monde. Après, je préviens, s’il y a le moindre conflit d’intérêts, j’y renoncerai sur le champ. Par exemple, si je suis élu, j’arrêterai ma mission avec RMC pour être neutre vis-à-vis des médias.

Quelle sera votre première mesure ?

Elle est simple mais très importante : je veux replacer les clubs au centre de tout. Alors, le vote décentralisé sera la première mesure que nous mettrons en place : donner la parole aux clubs de manière simple. Je renégocierai aussi la convention FFR/LNR, notamment sur laredistribution des recettes, qui doit aller en faveur du monde amateur.

Et le projet du Grand Stade, poursuivrez-vous son étude ?

Il faut stopper les frais. Nous sommes opposés à sa construction et à son coût exorbitant. Ce que je peux dire c’est, qu’à l’heure actuelle, nous sommes déjà en négociation avec le consortium du Stade de France pour obtenir de meilleures conditions d’accueil. J’ai rencontré des dirigeants de Vinci qui doivent me transmettre une proposition écrite. Nous nous bougeons sur ce dossier. D’ailleurs, personnellement, je suis favorable à ce que le XV de France joue aussi une partie de ses rencontres en province. On a vu que le match face aux Samoa à Toulouse a été une réussite. Les matchs des Bleus à Marseille ont toujours été un grand succès. Pourquoi toujours Paris ? Les Bleus doivent aller à la rencontre de leurs supporters et jouer sur tout le territoire. Mesure facile à mettre en place si nous parvenons à augmenter de deux matchs son programme. Mais de tout cela, ce sont les clubs qui décideront ! Par vote.

Guy Novès sera-t-il toujours le sélectionneur des Bleus si vous gagnez ?

Avec Guy, nous avons été en compétition par équipe interposée de nombreuses années. Par moments, nous avons eu tous les deux de la haine l’un envers l’autre quand nous étions la tête dans le guidon. Mais j’ai - et je suis persuadé que c’est réciproque - un très grand respect pour l’homme mais aussi l’entraîneur qu’il a été et qu’il est. C’est un technicien qui a réussi, qui a un grand palmarès.

Pouvez-vous travailler avec lui ?

Bien sûr ! Je suis prêt à collaborer avec lui. Mais on ne pose jamais la question inverse. Pourtant, si je gagne, ce sera à lui de m’accepter et de vouloir travailler avec moi. Car dimanche, il se peut que je devienne son patron. Pour moi, il n’y a aucun souci là-dessus.

Qu’avez-vous appris de cette campagne ?

Après un peu plus de cent vingt réunions avec les clubs, je pense connaître par cœur le rugby amateur. Et j’ai une foi énorme et une grosse envie pour réformer l’institution et rendre le sourire, le dynamisme et l’enthousiasme au rugby amateur qu’il mérite.

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