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[ELECTIONS FFR] Doucet : « Il est temps de changer de système »

Par Jérôme Prévot
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    [ELECTIONS FFR] Doucet : « Il est temps de changer de système »
Publié le Mis à jour
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Alain Doucet s’est battu avec moins de moyens que les autres. Mais il a eu le sentiment de faire mouche avec ces thèmes de prédilection, notamment la question du vote décentralisé.

La campagne est en train de s’achever. Qu’en retenez-vous ?

J’ai redécouvert beaucoup de problèmes qu’on a du mal à voir depuis Marcoussis. Cela m’a conforté dans l’idée que depuis Paris, on ne peut pas gérer tous les problèmes des territoires d’une façon centralisée. Il faut donc donner beaucoup plus d’autonomie aux comités. Depuis Marcoussis, nous avons des certitudes mais quand on va au-devant des gens, on prend conscience de certaines réalités. On ne peut pas parler le même langage aux gens des Flandres et à ceux d’Armagnac-Bigorre. Je retiens aussi que ce fut une sacrée tranche de vie. Quatre mois de ma vie entre parenthèses. Ce fut une expérience unique. J’ai dialogué des gens que je n’aurais jamais rencontrés. J’ai aussi vu le phénomène de «pression-procuration».

Quelles questions vous a-t-on le plus souvent posées ?

On m’a beaucoup parlé de la revalorisation des bénévoles. Ils demandent à être soulagés dans leur quotidien. On m’a plus parlé de ça que des compétitions, par exemple. Les clubs de Fédérale demandent une protection contre l’inflation délirante des budgets ou des recrutements à tous crins. Les clubs de Séries territoriales demandent qu’on leur foute la paix, qu’on leur enlève toutes les contraintes qui les ennuient dans leur gestion au jour le jour. J’ai aussi senti des inquiétudes au sujet des équipes deux : à l’heure où notre société se tourne de plus en plus vers le sport loisir et le sport hors fédération, cette question est devenue sensible. Ne faut-il pas se montrer plus souple dans les obligations que la FFR impose ? Pareil pour la question des équipes de jeunes : est-il normal qu’elles influencent le devenir de l’équipe première de leur club ?

La fameuse question du stade a-t-elle été évoquée dans vos réunions publiques ?

Oui, j’ai senti une inquiétude à ce sujet. Les dirigeants font le parallèle entre cette dépense et le fait qu’eux doivent déplacer des équipes de jeunes et qu’on ne leur donne pas un centime pour ça. Beaucoup de gens sont venus me dire que les collectivités locales, notamment les communes, se désengagent de l’entretien des installations. Il y a des clubs qui paient des taxes à leur commune sur les panneaux publicitaires. Les gens ont pris leur partie. Pour eux, le nouveau stade, c’est non ! Je n’en ai pas trouvé un qui soutienne ce projet. Le seul avis favorable que j’ai rencontré, c’est celui des téléspectateurs de Canal +, qu’on m’a annoncé alors que je participais à une émission. 52 % d’entre eux soutenaient le projet. Je leur ai répondu : « Est-ce que vos abonnés sont prêts à donner dix centimes pour ce projet ? Je n’en suis pas persuadé. »

Vous parliez de « pression-procuration ». Que voulez-vous dire par là ?

Partout où je vais, je m’étonne que les présidents de comité se laissent aller à des menaces envers les présidents qui ne voteraient pas dans leur sens où qui ne leur donneraient pas leur pouvoir. Ils font planer un risque de rétorsion. Il est temps de changer ce système électoral. Je crois que ma demande de vote décentralisée m’a apporté beaucoup de sympathies. Ma démarche ressemblait peut-être à un baroud d’honneur mais elle a permis de crever l’abcès. Aujourd’hui, tout le monde peut dire ce qu’il veut. Mais il est clair que Pierre Camou a reçu une lettre le 9 juin et n’en a parlé à personne, dans le cadre officiel de la FFR en tout cas. Beaucoup de gens ont compris qu’il y a eu là une cachotterie et qu’elle n’était pas anodine.

Ces dernières semaines, la campagne s’est emballée. Il y a eu la révélation de certaines affaires, des noms d’oiseaux, qu’en pensez-vous ?

Depuis le début, je veux que nous ayons un débat projet contre projet. Ça ne me plaît pas de lancer des invectives. Je ne suis pas juge, je ne suis pas Dieu. Je ne traite pas les gens de « charlots » ou de « voyous ». Si des choses se doivent se régler devant la justice, je le ferai en temps et en heure. J’ai eu droit au qualificatif de « voyou » dernièrement. Moi je m’en fous, j’ai une carapace dure, mais certains de mes proches n’ont pas apprécié. Je me réserve le droit de compliquer la vie de la personne qui a dit ça. Moi je n’ai jamais balancé de propos orduriers.

Le scrutin peut-il se jouer sur des opérations logistiques ? Sur la capacité à faire monter vos soutiens à Paris ?

Oui, ça peut jouer là-dessus. J’ai des correspondants régionaux qui montent à Paris avec leurs copains. Trois voitures vont, par exemple, monter depuis l’Armagnac-Bigorre. Mais nous faisons ça de manière artisanale. Je ne cache pas que je finis ma campagne très péniblement sur le plan financier.

On a l’impression que vous étiez opposés à des adversaires qui avaient davantage de moyens que vous. Notamment Bernard Laporte, l’autre challenger…

Oui mais ce n’est pas un reproche. Si j’avais eu les mêmes moyens, j’en aurais aussi usé. On ne m’a offert aucun billet de train, aucune nuit d’hôtel. Je n’ai jamais pris l’avion parce que c’est trop cher. J’ai même fait du covoiturage pour me déplacer.

Vous concourrez pour gagner, c’est évident. Mais si vous étiez devancé, siégeriez-vous dans l’opposition ?

Évidemment. De toute façon, nous sommes sûrs de sortir du monolithisme qui prévalait jusqu’alors. Nous sortons d’un système issu d’une liste unique, ce qui signifie que le débat était assez pauvre. J’espère bien qu’il y aura une opposition intelligente qui posera des questions sur la politique générale de la FFR. Jusqu’à présent, il y avait une sorte de devoir de réserve qui empêchait les élus de contester puisqu’ils venaient tous de la même équipe. Si je me retrouve dans l’opposition, je ne resterai pas au fond de la salle sans rien dire.

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