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[ Dossier FFR ] Bernard Laporte : « Je ne veux pas perdre le fil avec le terrain »

Par Pierre-Laurent Gou
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    [ Dossier FFR ] Bernard Laporte : « Je ne veux pas perdre le fil avec le terrain »
Publié le Mis à jour
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Le nouvel homme fort du rugby français aborde les sujets brûlants de son début de mandat. Il ne fera pas de concessions et veut appliquer à la lettre le programme pour lequel il a été élu.

Avec un peu de recul, qu’est-ce qui a fait, selon vous, la différence dans votre victoire ?

Le terrain mais aussi le binôme que je forme avec Serge Simon. Même si j’avais beaucoup de force en moi, il m’a d’abord fallu le convaincre de se joindre à moi dans ce combat. Je voulais à tout prix qu’il soit de ce combat. J’ai partagé avec Serge des choses sur un terrain qui nous ont marqués à vie. J’ai toujours dit à mes joueurs, avant les finales jouées notamment avec Toulon, que dans un club on joue avec beaucoup de joueurs, mais on gagne avec peu. Et avec ceux-là, il reste un truc à vie. Des souvenirs qui te marquent à jamais. C’est comme ça. Tu peux te fâcher, tenter de les oublier, ton histoire commune revient toujours sur la table, tel un boomerang. Une de mes grandes fiertés de ce week-end, cela a été de recevoir des messages de félicitations Bakkies Botha, Ali Williams et Matt Giteau. Bakkies, il est à des milliers de kilomètres et il a pensé à moi samedi. Preuve que ce que nous avons vécu, gagné, cela va rester pour toujours. Nos vies sont liées à jamais. Avec Serge, c’est pareil, on s’est engueulé, fâché très fort, mais notre histoire d’amour, perdure. Alors si je suis parti à la conquête de la Fédération, c’est parce qu’il a été le premier à dire oui.

Tout de même, comment expliquez-vous avoir réussi à récolter plus de 52 % des voix avec votre liste ?

Mais on ne pouvait pas perdre. Notre succès, c’est celui du rugby d’en bas. On s’est beaucoup gaussé de mon appartenance au rugby professionnel. Mais ceux qui m’ont fait gagner, ce sont les 1 500 petits clubs. Ce sont eux qui m’ont offert ce mandat. Ce n’est pas le Racing ou Massy, ils ont voté contre nous. Ce n’est pas Toulouse, non plus. Ils étaient contre nous. Non, c’est le rugby d’en bas. Cela fait deux ans que je les rencontre chaque semaine, que je les écoute aussi, que je les intègre à mon équipe, à mon programme. Petit à petit, nous avons tissé un réseau avec les gens qui font le rugby au quotidien. Alors c’est pour cela que je ne veux pas perdre le fil qui s’est créé entre nous depuis près de deux ans.

Comment cela ?

Dans mes réunions, presque à toutes, les présidents dirigeants et bénévoles s’étonnaient que je puisse venir les voir, discuter avec eux. Alors, si je veux mettre en place très rapidement le vote décentralisé pour leur donner véritablement la parole, je souhaite aussi continuer à aller à leur rencontre. Un jour par semaine, je m’engage à aller sur le terrain, continuer à les écouter. Je suis même prêt à mettre, dans le coffre, mon survêtement pour, s’ils le souhaitent, participer à une séance d’entraînement avec l’école de rugby ou même les seniors. Je ne veux pas perdre le fil avec le terrain.

Quelles vont être vos premières décisions pour le XV de France ?

Outre le fait d’essayer d’avoir les joueurs pendant six mois sous contrat, il faut que l’on parle de nouveau des joueurs. Qu’on les entende, qu’ils communiquent avec leurs supporters. Il faut que l’équipe de France suscite du rêve. Il faut pour cela gagner et communiquer. Aujourd’hui on parle encore de Chabal, Dominici ou Michalak, mais pas de la génération actuelle ! Ce n’est pas normal. Pourtant elle a de grands talents cette équipe ! Mais on ne les voit pas, on ne les entend pas. Dans mes émissions à RMC, c’était presque plus facile de recevoir un champion olympique avec qui un simple SMS suffisait pour l’inviter, qu’un joueur du XV de France. Les choses vont devoir changer. Certes, peut-être pas durant les périodes de compétition mais il faut les mettre en avant. Plus qu’aujourd’hui en tout cas. Le chantier prioritaire de l’équipe de France est donc ce double enjeu : communiquer et bien sûr gagner ! C’est bien de pratiquer un beau rugby mais dans le sport, il te faut remporter tes matchs.

Quid de Guy Novès ?

(Agacé) Dans les 44 engagements de mon programme, il n’y avait pas écrit que j’allais changer d’entraîneur de l’équipe de France. Les clubs ont voté pour ces 44 engagements. Point !

Êtes-vous prêt à monter au front pour renégocier la convention FFR/LNR ?

Clairement, je vais m’atteler à la renégocier. Je ne vais pas travailler contre la LNR, mais avec eux. Après, ce n’est pas moi qui l’aie signée cette convention. Alors que la précédente courait jusqu’en juin 2017, on a précipité les discussions pour parvenir à signer un bout de papier rapidement. Il y a des bonnes choses mais tout ne me convient pas, notamment l’absence de mutualisation des moyens et les reversions quasi nulles vers le secteur amateur. Un contrat doit être respecté, certes, mais on doit aussi respecter le résultat d’un scrutin. J’ai promis une certaine politique et il faudra donc renégocier. Je suis là pour défendre les clubs qui ont mis un bulletin en ma faveur dans l’urne. Il faut savoir écouter. Une autre aberration c’est l’instauration du match télévisé à 16 h 15 le dimanche. On vide les stades amateurs qui n’ont souvent comme recettes que la buvette du match dominical. Cette décision a été cruelle pour les clubs amateurs, il faut y revenir.

Et le projet de Grand Stade est-il mort et enterré ?

C’est terminé ! On a déjà assez dépensé d’argent sur ce dossier. On va voir comment sortir des engagements pris, notamment pour les montants astronomiques mis en jeu, on me parle de 750 millions d’euros. La FFR a changé de gouvernance et le projet va être stoppé dans les prochains jours. J’ai d’ailleurs débuté les négociations avec le consortium du Stade de France et je souhaite que ces discussions aboutissent assez rapidement mais je répète aussi que je suis favorable à un panachage des matchs en province. Alors pas forcément ceux du Tournoi des 6 Nations, mais je veux que l’équipe de France joue dans tous les territoires et ne pas évoluer constamment à Paris.

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