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[ Technique ] Blitz defense, le plan anti-relance

Par midi olympique
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Publié le Mis à jour
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Pensée pour surprendre l’attaque et faciliter le travail du gratteur, la « blitz défense », qui consiste en une croisée défensive nous vient tout droit du rugby à XIII. Décryptage d’un système défensif pas comme les autres...

Qu’il s’agisse du rugby moderne ou de celui de nos grands-pères, l’enjeu fondamental de notre jeu n’a pas bougé d’un iota et réside en un mot : avancer. Les techniciens n’ont donc eu de cesse d’imaginer des moyens pour le faire comme ils ont, à l’inverse, cherché des stratégies pour empêcher l’adversaire de le faire. L’une des plus novatrices d’entre elles se nomme la « blitz défense », néologisme anglo-germanique que l’on traduirait par « défense éclair ». Une technique venue du rugby à XIII, où chacun sait l’importance du moindre décimètre gagné.

Pour schématiser, on pourrait résumer celle-ci par une croisée défensive, dans laquelle le défenseur situé à l’extérieur monte en diagonale vers l’intérieur sur le porteur du ballon afin de prendre ce dernier sur le côté pour mieux le surprendre pendant que son coéquipier, initialement situé en face du porteur, passe dans son dos pour couvrir l’extérieur. Adepte de ce système, le spécialiste de la défense du Stade toulousain Pierre-Henry Broncan l’explique : « On peut le mettre en place à différents endroits du terrain, plus ou moins près ou loin des rucks, comme au niveau du 10 ou des centres. Mais l’endroit idéal se trouve à mon sens aux abords du ruck sur les phases où l’adversaire cherche à redynamiser le ballon avec un groupe de trois avants pour deux raisons : tout d’abord parce qu’ils n’ont que peu de profondeur et parce qu’en général les avants sont plus faciles à surprendre car ils se focalisent sur le ballon et sur ce qui se trouve en face, pas sur le côté. »

Qui « blitze », et quand ?

Pour se représenter correctement ce système, il faut imaginer un ruck avec un alignement de quatre défenseurs placés d’un côté : les deux premiers sont proches du ruck, tandis que les deux suivants sont légèrement plus loin. Celui qui va « blitzer », sera le quatrième. Il quittera sa ligne de défense et montera rapidement de l’extérieur vers l’intérieur pour « cueillir » le porteur sur le côté, tandis que le troisième passera dans son dos pour garder l’extérieur : « Le défenseur numéro 2 sera lui chargé d’aller au contest le plus rapidement possible, pour gagner le ballon ou pousser le porteur à la faute. » Logiquement friands de cette tactique de par leur forte influence treiziste, les Australiens avaient usé de cette technique face au XV de France pour le deuxième test de novembre. Conscient que les Bleus manquaient de joueurs disposant de profils de gratteurs, Michael Cheika avait ainsi demandé à son quatrième défenseur de se précipiter sur le porteur de ballon français pour permettre à David Pocock, systématiquement placé en position de second défenseur d’aller au contest. Le résultat ? Vous le connaissez. Même avec une équipe remaniée, les Wallabies ont remporté la bataille au sol et le match.

Manœuvre à risque

Pour autant, n’allez pas croire que cette technique soit infaillible : « Déjà, elle n’est pas naturelle car les joueurs n’ont pas l’habitude de défendre en croisée », note Broncan, « c’est pour cela qu’elle demande un long travail de répétition sur des cibles fixes, tels que des sacs de plaquage avant de passer en situation réelle, avec des joueurs. » Mais surtout, elle est risquée. D’abord parce que le plaqueur « blitzeur » doit identifier très rapidement le joueur qui va défier la défense, pour déclencher sa course à temps et le « cueillir » avant qu’il arrive sur la ligne de défense. Ensuite parce que le plaqueur n’a pas le droit à l’erreur : s’il manque son plaquage sur le porteur de balle, ses adversaires pourront profiter de l’intervalle qu’il a laissé en quittant sa ligne de défense. Même chose si l’attaquant a le temps d’ajuster une passe dans le dos de ses partenaires pour servir son demi de mêlée ou l’ouvreur : ces derniers ne tarderont pas à s’engouffrer dans la brèche.

Pour parer à ce type d’éventualité, la communication s’impose. Tant sur le terrain qu’en dehors : « Ce type de stratégie doit être décidé dans la semaine précédant le match, selon le profil de l’adversaire et ses façons de redynamiser le jeu. Toutes les équipes de Top 14 ne font pas la même chose », prolonge Broncan. Sur le terrain, c’est le quatrième défenseur qui doit prendre cette décision et l’annoncer à ses partenaires. Il incombera à ces derniers de faire preuve d’une réactivité à toute épreuve pour éviter que le piège ne se retourne contre eux…

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