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Technique : touches à quatre, option offensive ?

Par Nicolas Zanardi
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    Technique : touches à quatre, option offensive ?
Publié le Mis à jour
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Généralement dédiés aux touches défensives, les alignements à quatre joueurs sont de plus en plus utilisés pour lancer le jeu, malgré des premiers rideaux renforcés. Pourquoi ? éléments de réponse...

Le principe est vieux comme le rugby : les probabilités de remporter un ballon sur son propre lancer en touche sont d’autant plus fortes que le nombre de participants à l’alignement est faible. Pourquoi ? Parce que, si le nombre de participants à l’alignement est illimité en nombre (si l’équipe qui bénéficie du lancer doit aligner au minimum deux joueurs, elle peut très bien en placer treize si elle le désire), l’espace pour disputer la touche est quant à lui immuable, qui se situe entre la ligne des cinq et celle des quinze mètres. Autrement dit ? À deux, à quatre, à cinq ou à alignement complet, chaque équipe n’a « que » dix mètres de longueur pour organiser sa touche. Autrement dit ? En réduisant le nombre de participants à l’alignement, ces derniers ont d’autant plus d’espaces pour se démarquer hors de portée des sauteurs adverses. Fatalement un atout, lorsqu’on bénéficie de l’avantage du lancer, et donc d’annoncer la combinaison qui va bien...

Touche défensive

La conséquence ? C’est que, petit à petit, les touches à quatre sont devenues le nec plus ultra au moment d’assurer le gain d’un ballon. En effet, à quatre, le lancer bénéficier potentiellement de deux options de saut (voire trois, si le relayeur est un avant). Soit assez de pistes susceptibles de leurrer l’adversaire et d’éviter le contre, qui disposent en outre d’assez d’espace pour bouger et se démarquer. Voilà pourquoi, sur les touches dites « défensives » (c’est-à-dire proches de sa propre ligne d’en-but) on ne retrouve désormais presque plus que des touches à quatre. Lesquelles sont généralement déviées pour le demi de mêlée qui prend alors le jeu au pied à son compte, ou décale un bloc d’avants au niveau des quinze mètres pour ouvrir l’angle du dégagement à son demi d’ouverture. Sans oublier l’option (généralement sur les touches situées à moins de dix mètres de l’en-but) où le ballon est directement envoyé à un avant situé au-delà des quinze mètres, profitant que la défense (placée elle à dix mètres) n’a pas le temps d’intervenir.

Assurer la prise

Mais alors, puisqu’elles sont si sûres, pourquoi les touches à quatre ne sont-elles pas utilisées pour lancer le jeu ? Tout simplement parce qu’en procédant de la sorte, l’attaque se retrouve immanquablement face à un mur de dix joueurs. Rédhibitoire pour trouver des espaces, vous dites ? On l’a longtemps cru. Sauf que, depuis quelques mois, la donne a changé, qui veut que certaines formations n’hésitent plus à lancer leur jeu par des touches à quatre. « Le principe, c’est que dans le rugby moderne, mieux vaut posséder le ballon que défendre, nous soufflait à ce sujet Mario Ledesma en marge du dernier France-Australie. Comme chaque ballon vaut de l’or, on préfère assurer son gain plutôt que de prendre des risques. Offensivement, sur le premier temps de jeu, c’est vrai qu’on tape dans un mur. Et alors ? Les essais en première main sont rares, surtout sur des offensives lancées au milieu du terrain. De plus, tout le mnde dispose maintenant d’individualités capables de défier un rideau même très dense sans perdre le ballon. Ce qui est intéressant, c’est ce qui se passe après. Si on est bien organisé, après la prise du milieu de terrain, l’attaque peut très vite retrouver ses schémas de répartition offensive, avec des avants sur toute la largeur du terrain. Le but, c’est cela : assurer la prise, et miser sur son système de jeu plutôt que prendre des risques sur la touche et parier sur un lancement de jeu. » Ce qui nécessite évidemment une certaine confiance en son jeu, mais vaut peut-être le coup d’être tenté, qui plus est dans un «jour sans» en conquête comme toutes les équipes du monde en connaissent.

Touches défensives : à deux, c’est encore mieux ?

Les touches à quatre sont-elles la meilleure solution pour remporter à peu de frais un ballon ? Partant du principe que les probabilités de remporter un ballon sur son propre lancer sont d’autant plus forts que le nombre de participants à l’alignement est faible, on a longtemps cru que oui. En effet, réduire une touche à trois ne présente que peu d’intérêt puisqu’avec un seul bloc saut identifiable, le travail de la défense semble facilité. Sauf que, depuis quelques mois, une nouvelle mode arrive en Europe. Laquelle consiste à jouer les touches sur ses cinq mètres... avec seulement deux joueurs, comme cela était le cas avant la légalisation du lift ! Un retour en arrière parfaitement illustré par l’exemple ci-dessus, livré par les Wasps contre Sale. Car si les Wasps ne présentent que deux joueurs dans l’alignement, c’est pour mieux placer un deuxième ligne (le numéro 5 blanc) en position de relayeur, pendant que son vis-à-vis (le 6 bleu) surveille un éventuel lancer trop long. Cela dans le but de faire entrer celui-ci au tout dernier moment dans l’alignement pour lifter son partenaire, les Wasps bénéficiant de fait d’un bloc saut complet, tandis que le sauteur adverse n’a d’autre choix que sauter par ses propres moyens ! De fait, à la seule condition de réaliser un lancer assez haut pour lober le sauteur adverse, on gagne ainsi le ballon à peu de frais, avec une certitude proche des 100 %. Simple, mais il fallait y penser...

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