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[ DOSSIER FIDJI ] : Papa Simon !

Par Arnaud Beurdeley
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Publié le Mis à jour
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L’entraîneur des avants du Stade français Simon Raiwalui est une figure tutélaire de la communauté fidjienne en France. Avec son épouse Mélanie, il n’hésite pas à accueillir durant plusieurs mois certains de ces joueurs en difficulté ou seulement de passage.

Simon Raiwalui a le physique de l’emploi. Du haut de ses deux mètres et presque 150 kg, l’homme-montagne est le « papa » de la communauté fidjienne en France. Celui vers qui l’on se tourne justement quand ça ne tourne pas très rond. Celui que l’on sollicite lorsqu’on débarque à l’aéroport de Roissy avec, en poche, juste une paire de crampons et le numéro de téléphone d’un dirigeant de club. Chez les Raiwalui, il y a toujours une assiette pour un compatriote de passage, qu’il joue en Top 14 ou en Fédérale 3. Et quand on l’interroge sur les raisons qui le poussent à agir ainsi, ce gros nounours hausse ses larges épaules et lâche de sa douce voix : « Les Fidjiens, c’est une famille. »

Simon Raiwalui n’est pourtant pas un Fidjien comme les autres. Né en Nouvelle-Zélande il y a quarante-deux ans, parti faire ses gammes en Australie, où il y a rencontré son épouse Mélanie avec qui il a eu trois enfants, puis en Angleterre, le deuxième ligne aux 39 sélections est pourtant sensible à ce que peuvent vivre ses frères lorsqu’ils débarquent en Europe. « La situation des joueurs fidjiens est fragile, dit-il sobrement. C’est un choc culturel, la découverte d’un autre monde. Les joueurs n’ont pas l’habitude d’avoir à gérer autant d’argent. Et puis, quand un Fidjien signe en Fédérale, il pense qu’il touche beaucoup d’argent seulement, il ne se rend pas compte qu’il faut payer l’appartement, la voiture, la nourriture, tout ça quoi. Et ça coûte aussi beaucoup plus cher que chez nous. La famille, elle, met beaucoup de pression pour que les mecs envoient de l’argent au pays. Ce n’est franchement pas facile. »

Au début de l’été dernier, il a hébergé chez lui l’ailier Alipate Ratini, viré de Grenoble à force de frasques alcoolisées… Avant lui, il y avait eu Virimi Vakatawa et tant d’autres. L’ancien capitaine de la sélection fidjienne peine à dresser la liste de ses compatriotes passés par sa maison d’Anthony : « Une dizaine peut-être, dit-il. Certains ne sont restés qu’une nuit ou deux, mais d’autres sont restés deux ou trois mois et plus. » Ratini, lui, a fini par recevoir un carton rouge. « Ma femme était vraiment en colère car il n’a pas respecté les règles. À la maison, ils doivent obéir aux mêmes règles que nos enfants. Alipate, je lui ai tendu deux fois la main. Il était comme notre quatrième enfant. Malheureusement, parfois, ça ne fonctionne pas. Cette histoire est pour moi très difficile à vivre. Mais, c’est encore plus dur pour ma femme qui ne comprend pas. »

« Ils arrivent trop jeunes »

La situation de ses compatriotes, il la comprend, Simon Raiwalui. Parfois, il s’en désole mais il assène aussi : « Il ne faut venir jouer en France que lorsqu’on le mérite. Évidemment, je suis content dès qu’un joueur fidjien vient en France mais je sais que pour certains ce sera plus difficile que pour d’autres. Certains ne sont absolument pas prêts. Je trouve d’ailleurs qu’il y en a trop dans notre championnat, ils arrivent trop jeunes, sans aucune idée de ce qui les attend. Les Fidji, c’est minuscule, ils viennent pour la plupart de villages d’une centaine de personnes où ils vivent avec un salaire de 300 euros ou 400 euros par mois. Le contraste est trop brutal. » Il n’en veut pas au système ni à certains agents peu scrupuleux. Encore moins aux clubs français. « Ce n’est pas de l’exploitation, juge-t-il. Les clubs ne sont pas responsables de ce tout ce qui se passe dans notre société. Et puis, c’est quand même une chance pour les Fidjiens de pouvoir venir jouer en France. Quand je suis arrivé en Angleterre, j’ai été beaucoup aidé par mon agent anglais. Là-bas, les agents ne s’occupent pas seulement de faire signer un contrat. Le mien m’a accompagné durant mes deux premières années dans toutes mes démarches. En France, les agents doivent comprendre qu’un garçon qui arrive des Fidjis a besoin d’être accompagné. » C’est pourquoi la porte de Mélanie et Simon reste toujours ouverte.

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