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[DOSSIER HAND/RUGBY] : hand-rugby, faux frères et vrais rivaux

Par Jérôme Prévot
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    [DOSSIER HAND/RUGBY] : hand-rugby, faux frères et vrais rivaux
Publié le Mis à jour
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Ressemblances : aucun sport ne se rapproche du rugby comme le handball. L’engagement dans le jeu n’y est pas pour rien. Mais c’est dans l’esprit que les handballeurs évoquent le plus les rugbymen d’autrefois. Concurrence : le hand, fort de son mondial et des résultats extrêmement flatteurs de son équipe nationale, peut-il, à terme, concurrencer sérieusement le rugby ? L’enjeu n’est pas neutre vis-à-vis des partenaires et des télévisions. En france, le hand a la cote. Sa progression, en dix ans, en atteste.

Le rugby et le hand ont toujours développé des cousinages aussi bien sur le fond que sur la forme. Sur un plan tactique et technique les deux sports cultivent le contact assumé mais aussi la recherche des intervalles, des décalages et même du franchissement de la ligne d’avantage.

Sur un plan humain, les deux sports cultivent une certaine tradition de la bringue, des excès d’après-match, sans compter la proximité. La présence du Toulousain Claude Onesta (ex-rugbyman universitaire) à la tête des Bleus entre 2001 et 2016 et celle de Philippe Bernat-Salles à la tête de la LNH ont même incarné physiquement cette proximité culturelle.

L’exposition du Mondial de Hand-Ball a de quoi mettre une petite pression sur notre rugby français, parfois si content de lui. L’Arc-de-Triomphe illuminé en bleu-blanc-rouge, une campagne médiatique et publicitaire sans précédent, l’arrivée de partenaires majeurs comme Renault ; et pour finir des ambiances de feu pour les premiers matchs des Bleus à Bercy et à Nantes. L’entame de la compétition fut une réussite quasi parfaite, à se demander si ce sport de salle né en Allemagne n’est pas en train de menacer en popularité le ballon ovale comme deuxième sport collectif français derrière l’indétrônable football. Sur le pan du palmarès, il n’y a pas photo puisque les handballeurs ont été sacrés cinq fois champions du monde, trois fois championne d’Europe et deux fois championne olympique*. Mais le rugby garde encore une marge d’avance. Si l’on en croit un sondage BVA Presse Régionale de novembre 2016 il se classe en deuxième position des sports favoris des Français. Il est même premier chez les hommes tandis que le Hand-Ball est cinquième mais quatrième chez les moins de 35 ans. En termes de licenciés, en revanche, la FFH est passée devant la FFR, elle compte désormais plus de 500 000 pratiquant(e)s. Les audiences des équipes nationales sont encore dominées par le rugby qui réunit entre 5 et 10 millions de personnes sur France Télévisions pour le Tournoi des Six Nations, et 15 millions pour une finale de Coupe du Monde. Mais attention, le match d’ouverture France-Brésil (un adversaire modeste) a fait 600 000 spectateurs sur BeIn Sports, un bon score sur une chaîne payante. Et les finales mondiales et olympiques ont fait des pics à 10 millions sur des chaînes gratuites. Sur les grands événements, les handballeurs ont vraiment franchi un cap.

Mais les rugbymen restent largement devant au niveau des compétitions domestiques. Le poids du Top 14 est incomparable par rapport à celui du championnat de hand, en termes de budgets, de droits télévisés et d’affluences et de couverture médatique. Pourtant, la Lidl Starligue est en plein essor, elle ressemble au Top 14 car non seulement elle a rapatrié les meilleurs Français, mais elle a réussi à atttirer plusieurs très grandes vedettes étrangères (Hansen et Gensheimer, meilleurs joueurs du monde avec Karabatic). L’argent du Qatar et du PSG y est pour beaucoup, c’est vrai, mais Montpellier et Nantes ont depuis longtemps dépassé le stade des « gymnases polyvalents » longtemps la marque de fabrique d’un sport d’essence scolaire.

La courbe du handball français est donc en pleine ascension, pourra-t-elle se croiser un jour avec celle du rugby ? Il est encore trop tôt pour le dire. Mais quelques indicateurs tombent bien pour stimuler notre rugby. La FFHB a été capable d’investir 24 millions pour ses championnats du monde (ceux de 2001 lui en avaient coûté « seulement » 12. Elle s’apprête aussi à en mettre 41 de plus sur la table (23 directement, 18 via des soutiens) pour créer à Créteil une « Maison du Hand-Ball » (sorte de Marcoussis ou de Clairefontaine). Si le championnat du monde atteint le cap des 500 000 personnes, la LNR et la FFR, frères ennemis du rugby français devront quand même se pencher sérieusement sur ce concurrent parti de très bas. Car en dix ans le hand-ball a progressé comme aucun autre sport ne l’a fait. Où sera-t-il dans les années 2010, s’il continue à ce ryhtme? n

* La comparaison est à nuancer car le hand-ball organise un championnat du Monde tous les deux ans.

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