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Pierre Berbizier : « Un manque de référentiel commun »

Par Arnaud Beurdeley
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    Pierre Berbizier : « Un manque de référentiel commun »
Publié le Mis à jour
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Pour l’ancien demi de mêlée international, Pierre Berbizier l’équipe de france a souffert dans la construction de son jeu en raison d’un manque d’alternance, mais aussi par une incapacité récurrente à bien lire les situations…

Pour vous, la domination de la mêlée française a-t-elle été déterminante dans cette rencontre ?

Le manque de puissance de l’Écosse a surtout été criant. Je n’avais que rarement vu une mêlée aussi faible à ce niveau. De la première mêlée jusqu’à la dernière, l’équipe de France a dominé dans ce secteur de jeu.

 

Seulement, cette domination n’a pourtant pas été vraiment exploitée…

Au-delà de la mêlée, c’est un problème d’ordre général dans la mise en place du jeu. L’équipe de France a manqué d’alternance. À l’exception de la mêlée, il y a eu très peu de jeu dans l’axe. Trop vite, le jeu s’est porté sur les extérieurs avec une grosse problématique de reconnaissance des situations au contact entre le porteur et les soutiens. Souvent, on a vu le porteur de balle hésiter entre la passe ou le passage par le sol. Conséquence : les soutiens n’ont pas pu intervenir comme il aurait fallu. Ils hésitaient entre soutien au ruck ou soutien au mouvement. Et cela a entraîné beaucoup de pertes de balles. Ces phases-là nous ont perturbés.

 

Est-ce ce qui explique aussi les libérations de balle retardées ?

Mais dans la mesure où les soutiens ne savaient véritablement pas à quoi s’en tenir, les Écossais ont souvent été présents avant nous dans la zone de « contest ». Et forcément, en suivant, après des ballons très lents, il faut tout reconstruire.

 

Comment expliquez-vous cette carence ?

Tout simplement parce qu’au départ, il n’y a pas eu ce souci de jouer dans l’axe profond. L’équipe de France a trop joué sur la latéralité. En seconde période, sur une touche volée, on a choisi d’envoyer le ballon très vite sur l’aile opposée pour finalement terminer l’action en touche. Et ça ressemble à une séquence de jeu aperçue à Twickenham où Nakaitaci fait une passe à Vakatawa en touche.

 

Les Bleus ont tenté beaucoup de passes après contact sans réelle efficacité…

(il coupe) C’est encore le problème de la reconnaissance des situations de jeu. Cette équipe n’a pas de référentiel commun sur ce type d’action. Cette zone de transmission a été déficiente, sauf avec des garçons comme Picamoles ou Gourdon qui savent lire les situations. Mais sinon, on a vu soit des pertes de balles directes, soit des « contest » écossais, très bien organisés, notamment en milieu de terrain où Dunbar et Jones ont réussi à couper de nombreux mouvements. Il était donc impossible de mettre de la continuité dans le jeu. C’est peut-être le plus flagrant sur cette rencontre. La seule fois où l’équipe de France a su mettre de la continuité, c’est sur l’essai de Gaël Fickou avec dix-huit temps de jeu.

 

Qu’avez-vous pensé des sorties de camp, secteur de jeu déjà en difficulté à Londres ?

Dès le début du match, l’équipe de France s’est mise en difficulté en voulant sortir par du jeu à la main. Un peu plus tard, il y a aussi cette pénalité concédée juste après l’essai de Gaël Fickou qui ramène les Écossais à 13 à 8. Puis, une autre pénalité. Et au final, à la mi-temps, le XV de France ne mène plus que de deux points et se crispe.

 

Justement, pourquoi s’obstiner à vouloir sortir de son camp à la main ?

C’est encore lié au manque d’alternance. Dans cette rencontre, l’équipe de France n’a quasiment jamais cherché à jouer dans l’axe profond. Le jeu au pied a très peu été utilisé également. À force, ça se voit. Nos adversaires se préparent à rester sur la ligne de front. Ils savent qu’ils ont tout intérêt à mettre de la pression sur ces situations. On se complique la tâche. Un garçon comme Scott Spedding, avec un jeu au pied long, doit permettre de sortir de son camp proprement, sans se mettre en danger.

 

L’équipe de France n’aurait-elle pas eu intérêt à exploiter un peu plus sa domination physique ?

Tout à fait. La supériorité dans le domaine de la puissance a été sous-exploitée. Une équipe comme l’Écosse, elle se bat en jouant près des zones de combat au sol. Surtout, jouer dans l’axe, c’est créer les conditions du jeu de mouvement. Seulement, cette équipe de France veut mettre en place un jeu de mouvement sans s’en créer les conditions. C’est forcément deux fois plus difficile.

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