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Six Nations: Schmidt, la bête noire

Par Nicolas Zanardi
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    Six Nations: Schmidt, la bête noire
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Grand exorciste des causes rugbystiques perdues, l’ancien adjoint de Vern Cotter à Clermont s’est mué depuis son départ en Irlande en véritable nemesis des formations françaises, contre lesquelles il ne compte que 25% de défaites. De là à en faire le principal danger pour le xv de france samedi à Dublin...

À votre idée, quels sont les points communs entre le Bouclier de Brennus remporté par Clermont en 2010, le Ranfurly Shield obtenu par Bay of Plenty en 2004, le titre de champion académique du Leinster gagné par la Wilson’s Hospital School de Multyfarnham en 1991, ou la victoire du XV du Trèfle face aux All Blacks à Chicago, en novembre ? Ils sont, à ce jour, les uniques succès remportés par lesdites équipes, et portent tous la marque du même homme… « Joe Schmidt, c’est ça ? » feint de s’interroger l’ancien arrière international de l’ASMCA, Anthony Floch. Gagné. Et cela ne méduse plus personne. « Lorsqu’il était adjoint de Vern, Elvis Vermeulen l’avait surnommé Claude François, se souvient l’ailier international Julien Malzieu. Mais si de l’extérieur, certains se sont étonnés de son succès en tant qu’entraîneur principal, cela n’a surpris personne à Clermont. On sentait qu’il avait un énorme potentiel, qui ne demandait qu’à s’exprimer pleinement. » « Au final, si nous l’avons bien connu en tant qu’entraîneur, ce fut moins le cas en tant qu’homme, regrette Floch. Mais j’en garde un superbe souvenir, celui d’un coach très précis, très méthodique. »

la métaphore de la pie

Sa méthode ? Schmidt lui-même aime l’imager d’une métaphore. « Un coach doit être comme une pie, rechercher tout ce qui brille un peu partout pour le ramener au nid. » En clair, tirer le meilleur de ses hommes, leur proposer le meilleur plan de jeu, en fonction des forces et faiblesses de l’adversaire. Cela peut paraître banal, bien sûr. Sauf qu’à haut niveau, la victoire va très souvent à l’équipe qui réalise à la perfection les choses simples. Ou à celle qui maîtrise les moindres détails, extra-sportifs y compris. « Des amis m’ont raconté que lorsqu’il a débarqué en Irlande pour jouer au petit club de Mullingar, en pleine Coupe du monde 1991, il a exigé que plus personne ne fume dans les vestiaires, s’amuse l’entraîneur du FC Grenoble, Bernard Jackman. Il a aussi essayé de persuader les mecs de ne plus sortir la veille des matchs, cela concernait l’équipe première, la 2, et même la 3! » Jusqu’à y parvenir ? «Pas tout à fait… Mais a priori, il avait mis mis en tel enthousiasme qu’il était finalement arrivé à négocier un juste milieu… » L’anecdote vaut son pesant d’or. Mais éclaire pourtant, mieux que tout, l’exigence prononcée du Supremo du XV du Trèfle, devenu en 2015 citoyen irlandais à part entière. « Ce qui me marque quand j’y repense, c’est sa précision sur les lancements de jeu, se rappelle Malzieu. C’est un travail de fourmi mais, lorsqu’on le maîtrise, c’est d’un confort absolu pour les joueurs. Au niveau international, où le temps de préparation est plus court, sa capacité de synthèse et d’analyse doit faire encore plus de ravages... En fonction de la composition adverse, Joe arrivait toujours à trouver le bon lancement. Je me souviens qu’à l’époque, nous avions une combinaison sur laquelle nous faisions se croiser les deux centres, et l’ailier arrivait dans leur dos. Un jour, contre Toulouse, Guy Novès avait aligné au dernier moment deux joueurs sans trop d’automatismes aux postes de 10 et 12. Joe nous avait demandé de ressortir cette combinaison, et Brent Russell avait marqué un essai tellement parfait que cela m’avait même surpris sur le terrain. »

scientifique des lancements de jeu

Il faut également se souvenir que l’historique finale 2010 de Clermont fut décroché à la grâce d’un lancement de jeu signé Schmidt, dont la précision avait permis à Aurélien Rougerie et Anthony Floch de se jouer de David Marty. « Nous avions observé que Marty avait tendance à se resserrer en défense, alors nous avions mis en place un lancement en fonction de lui, sourit Floch. J’avais pu percer, et Napo Nalaga avait marqué dans la continuité... Joe est sûrement un des meilleurs spécialistes de l’analyse vidéo. Il est très fort pour détecter des faiblesses chez l’adversaire et les exploiter. » Les Bleus de Saint-André, sèchement battus en Coupe du monde au Millenium Stadium en 2015 (24-9) peuvent en témoigner, dont la défense avait été martelée par des lancements de jeu au millimètre visant à exploiter le « channel » Michalak-Bastareaud, point faible désigné de la défense française. Un coup de Jarnac supplémentaire, dans la longue liste de ceux qui valent à Schmidt une réputation de bête noire du rugby hexagonal... En effet, outre ses 3 victoires en 4 tmatchs avec le XV du Trèfle, celui-ci ne compte que 25% de défaites face aux clubs tricolores (3 en douze rencontres), tous infligés par le Clermont de Cotter. De là à espérer que, comme pour l’épique victoire de l’an dernier (10-9, essai de Médard à la 70e), Guy Novès soutire quelques tuyaux à son ami Vern, vainqueur surprise de l’Irlande en ouverture du Tournoi ? On rêve, bien sûr...

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