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Racing 92 : Dix mois ferme

Par Marc Duzan
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Plombé par des affaires extrasportives, le Racing 92 traverse une saison peu ordinaire. En sortira-t-il indemne ?

« On aurait profané la tombe de Toutankhamon qu’il ne nous serait pas tombé autant de merde sur la tête », confiait un Racingman la semaine dernière, peu avant qu’Ali Williams ne soit pris la main dans le sac. L’histoire contemporaine du Racing, condensée sur ces dix derniers mois, vaudrait presque un roman. Pour le club des Hauts-de-Seine, les embrouilles ont débuté fin avril, au jour où Martin Castrogiovanni a séché la demi-finale européenne de Nottingham pour s’en payer une tranche à Las Vegas, aux côtés de Zlatan Ibrahimovic, Javier Pastore ou Marco Verratti, les stars du PSG. Pris en flag’par les paparazzi d’un tabloïd suédois, « Castro » posait alors torse poil entouré de naïades, mimant même ce que certains prirent comme une danse, d’autres comme un pastiche de pêche au gros. « L’histoire de Castrogiovanni ne m’a pas fait rire, confiait Jacky Lorenzetti à l’époque. Je ne peux concevoir qu’un joueur nous mente. Et sur les photos, je n’ai pas reconnu sa grand-mère en string à côté de lui… » L’épisode « Castro » rapidement enterré par l’immortalité d’une finale barcelonaise gagnée à quatorze contre quinze, la saison du champion débutait de façon assez ordinaire : le Racing s’inclinait à Bordeaux et Clermont, gagnait péniblement contre Lyon ou Toulouse, se préparait finalement à vivre la saison classique d’un détenteur du Brennus, troublé par un appétit qui s’amenuise, piégé aussi par ces embuscades, loin de la piaule, qui font le quotidien d’un tenant du titre…

Le gros temps a finalement rattrapé ce Racing ronronnant à l’automne : des traces de corticoïdes avaient été retrouvées dans les urines de Juan Imhoff, Joe Rokocoko et Dan Carter lors d’un contrôle réalisé par l’AFLD au soir de la finale barcelonaise. Lavés de tout soupçon par la commission fédérale, les trois hommes accusaient néanmoins le coup et, par ricochets, c’est tout un club qui se retrouvait au centre d’un raz-de-marée médiatico-populaire. « Malgré la disculpation, nous concédait Rokocoko, ces choses-là ne s’effaceront jamais. Je n’ai plus vingt ans et ce scandale sera une tache indélébile sur ma carrière. Viendra le jour où mes enfants feront des recherches sur internet pour savoir qui était leur père et ils tomberont là-dessus. ». Le 1er février dernier, sur l’un des chantiers de l’Arena, Lorenzetti nous confiait même que Carter, dévasté, avait, un temps, songé à briser son contrat au Racing pour rentrer en Nouvelle-Zélande…

« Goose », en rire ou en pleurer…

À l’issue de l’affaire des corticos, des partenaires financiers ont bien failli tourner le dos au club ciel et blanc. Lorenzetti, toujours en négociations sur le naming de l’Arena, les a un à un retenus par le col de la chemise, mettant en avant la bonne foi de ses joueurs et un protocole médical des plus réglementaires. Au fil des semaines, l’affaire s’est tassée, le monde du rugby a tourné la page et le Racing a placé toute son énergie dans la Champions Cup, l’objectif numéro 1 des deux Laurent. Pour les Racingmen, le début de campagne était importantissime. La suite, hautement plus tragique que les déboires sportifs d’un club de rugby, voyait pourtant Anthony Foley perdre la vie à Suresnes. Le match que les Franciliens préparaient depuis des semaines était reporté aux calendes grecques, rendant le pic de forme physique initialement prévu pour cette rencontre fort inutile…

C’est le moment que choisit Johan Goosen pour faire parler de lui. Manipulé par une main allogène, le Springbok était sûr de lui lorsqu’il exigea de son président la revalorisation salariale d’un contrat déjà juteux. Se heurtant à une fin de non-recevoir, « Goose » brisa alors son contrat dans les Hauts-de-Seine et, les avocats du Racing au cul, rejoint l’Afrique du Sud pour y vendre des selles d’équitation. « La ficelle est trop grosse, disait Lorenzetti à l’époque. Ce contrat est un faux grotesque et affligeant. Nous ne ferons aucun cadeau. » Alors qu’il venait de prolonger son contrat de cinq saisons, le meilleur joueur du Top 14 choisissait de mettre un terme à sa carrière à seulement 24 ans. Dans les Hauts-de-Seine, Jacky Lorenzetti refusait d’entrer en négociations tant que Goosen ne daignerait se pointer au Plessis-Robinson. à la frontière du Lesotho, le joueur s’enfermait quant à lui dans une solitude confinant à la dépression. De l’affaire Goosen, on ne sait d’ailleurs toujours pas si on doit rire ou pleurer…

Williams, le point final ?

Comme de bien entendu, l’annus horribilis du Racing suivait son cours et, mi-janvier, Midi Olympique annonçait que des traces d’higénamine avaient été retrouvées dans les urines de Yannick Nyanga et Brice Dulin. Le produit en question n’était pas interdit par l’Agence Mondiale Antidopage au moment où les deux joueurs l’avaient ingéré. Il n’était pas, non plus, répertorié sur le site internet de l’AFLD. Malgré tout, les deux joueurs devaient répondre de leurs actes face à la commission de lutte contre le dopage de la FFR. Lorenzetti, à ce sujet : « Ce produit, il en est fait de la publicité ! Par des joueurs du Top 14, qui plus est. Des centaines de joueurs l’utilisent ! Jusqu’à ce que l’information soit publiée, les Toulousains Yann David, Patricio Albacete et Gurthrö Steenkamp s’affichaient sur le site de cette société comme ambassadeurs du produit ! Il y avait même Johan Goosen, dessus ! » Chienne de vie. Foutu destin. On avait à peine tiré un trait sur l’higénamine que Carter, le chevalier blanc du rugby pro, était pris par la patrouille au volant de sa voiture sur les Champs-Elysées. De retour d’un dîner arrosé avec ce joyeux drille de Laulala, Lieutenant Dan présentait alors 0,98/g d’alcool par litre de sang. Les dix jours qui suivirent se résumèrent, pour lui, à une autoflagellation des plus touchantes, via les réseaux sociaux. C’est enfin à proximité des Champs, non loin de l’Arc de Triomphe, qu’Ali Williams s’est fait intercepter par la BAC dans la nuit de vendredi à samedi, au moment même où il prenait, semble-t-il, possession d’un sachet de poudre blanche. Ironie du sort, le club francilien lançait au même moment une campagne de pub afin de booster les ventes du prochain Racing — La Rochelle : l’affiche montrait Henry Chavancy et Brice Dulin, grimés en hippies, appeler au peace and love. Quand rien ne va… Mis à pied par son club, Ali Williams (35 ans, 77 sélections) en sera licencié dans la mesure où la justice le reconnaît coupable. Transparent depuis qu’il a décidé de reprendre sa carrière en juin dernier, Big Ali se dirigeait vers une carrière d’entraîneur paraissant aujourd’hui fort compromise. Henry Chavancy conclue ainsi : « Je ne veux pas participer au lynchage. Depuis dix mois, nous ne sommes pas gâtés par les affaires et on ne peut pas dire qu’on ne l’a pas cherché pour certaines d’entre elles. […] Un joueur qui rentre bourré après une soirée, ça arrive dans tous les clubs. Même si on ne peut pas le cautionner, je ne connais pas grand monde qui soit irréprochable à ce sujet. Au sujet du reste, c’est trop sérieux… Une fois de plus, nous essaierons de faire front et de rebondir, comme nous y sommes parvenus à chaque fois. Le Racing n’a pas dit son dernier mot. »

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